9/29/2008

IL Y A 25 ANS - 22 SEPTEMBRE 1983

Miracle Père Laval ? Elle y croit. L’Eglise et la médecine, non

Date chère au cœur de l’île Maurice que celle du 9 septembre, jour anniversaire, non de la naissance, comme le croient certains journalistes, mais de la mort de Jacques Désiré Laval. Les pèlerins accourent par milliers de partout, des quatre coins de Maurice mais aussi d’ailleurs. En septembre 1983, notre presse indépendante donne la parole à Mme Marthe du Mesgnil d’Engente, une Française, établie de longue date à Madagascar, parce que depuis 1973, sinon avant, elle revient régulièrement prier et rendre grâces à Dieu, à Sainte-Croix, à l’occasion de la commémoration nationale ou presque, et même politisée et récupérée depuis peu, de la mort de ce Bienheureux. Elle explique le pourquoi de cette fidélité toute lavalienne.

Au moment où notre île accède enfin à l’Indépendance politique, une méningite aiguë tient clouée au lit Mme Marthe du Mesgnil d’Engente, Paralysée même, sinon crucifiée car, alitée sur un lit d’hôpital à Antananarivo, elle ne peut remuer pas plus le petit doigt que le gros orteil. Ses médecins sont formels : elle ne retrouvera jamais l’usage de ses membres. Deux ans se passent et elle demeure toujours prostrée. Pas la moindre indication d’une possible amélioration de son état de santé. Une amie, en partance pour Maurice, promet d’aller se recueillir, à sa place, au tombeau de notre Père Laval et de lui rapporter une image de l’Apôtre de Maurice, ainsi qu’une prière réclamant son intercession. De retour dans la capitale malgache, elle rend compte de sa mission à Marthe du Mesgnil d’Engente. Celle-ci multiplie les neuvaines au Père Laval. Un beau jour, le miracle se produit mais progressivement. Elle commence par pouvoir remuer ses membres les uns après les autres, parvient à se redresser sur son séant. Elle recommence bientôt à marcher.

Elle croit, dur comme fer, qu’elle doit sa guérison au seul bon Père Laval. Ses médecins en sont moins convaincus. Ils parlent, à juste titre, de traitement, faisant son effet plus tardivement que prévu, des... miracles de l’infrarouge. L’Eglise partage l’avis de la Faculté. Elle ne croit au miracle qu’en cas de guérison complète, absolument spontanée, et totalement inexplicable par la science médicale. Exemple : la guérison de l’anglican Edgar Beaubois, le 17 juillet 1923, au caveau du Père Laval. L’Eglise ne reconnaît officiellement qu’une soixantaine de miracles à... Massabielle. C’est le cas de le dire : en matière de miracle, elle a la main plutôt lourde. Elle a cent fois raison.

Il en faut davantage pour refroidir Marthe du Mesgnil d’Engente. Reconnaissante, elle revient, chaque 9 septembre, remercier son Bon Père Laval, de lui avoir rendu bras et jambes et surtout la possibilité de reprendre assidûment ses œuvres caritatives. Si elle est française, elle vit à Madagascar depuis son enfance et parle le malgache mieux que les autochtones. Elle aide, en 1983, son mari à gérer un hôtel-restaurant. Elle remplit ses heures de loisirs, en s’activant auprès des lépreux, des malades, des handicapés, des prisonniers. Elle diffuse, à des centaines de milliers d’exemplaires, des images et des prières au Père Laval. Des frères spiritains malgaches et mauriciens animent un foyer Père-Laval. Elle les aide de toutes ses forces féminines. Soutenue par les autorités épiscopales malgaches, elle travaille à l’achèvement de la construction d’une église qui sera dédiée à l’Apôtre de Maurice. En 1983, il ne reste que les bancs et les vitraux à mettre en place.

Elle voulait ardemment se faire religieuse. La mort d’un frère et la maladie de sa mère en décident autrement. Elle renonce à sa vocation religieuse pour s’occuper de sa mère. Plus tard, elle se mariera et prouvera à tous, comme à elle-même, qu’une femme mariée, gérante d’hôtel et de restaurant, peut se dévouer aux autres et surtout aux pauvres, autant que le plus actif et le plus dévoué des meilleurs religieux. Pour elle, tout cela est d’une simplicité enfantine. En cas de doute, elle se met à genoux et prie : qu’aurait fait le bon Père Laval à ma place ? Qui d’entre nous aura le courage de suivre son exemple ? Mais pourquoi exiger autant d’héroïsme de notre part ?

Article publié le Lundi 22 septembre 2008, dans l'EXPRESS

9/16/2008

Pèlerinage au caveau du Bienheureux Père Laval

Mgr Piat : Anou konfie Per Laval sa misyon anver bann paran

Cette année encore, les rues de Ste-Croix ont été envahies de personnes venues de toute l’île, rendre hommage au Père Laval et se recueillir à son caveau. Non seulement un moment fort du calendrier liturgique, mais aussi un rendez-vous important pour bon nombre de Mauriciens, au-delà des confessions religieuses et des appartenances ethniques.

C’est une marée humaine impressionnante qui a déferlé pendant la majeure partie de la nuit du 8 au 9 septembre dans les rues de Ste-Croix. Des personnes qui, comme un seul homme, se sont mises en marche, certaines depuis très tôt et venant de loin, en direction du caveau du Père Laval. En main, bougies et bouquets de fleurs.

Deux lieux, deux ambiances

Si les abords de la rue principale avaient un petit quelque chose de ‘Food fair’, reste à saluer le sens du partage et de la solidarité de tous ceux qui avaient choisi, pour l’occasion, d’offrir farata, roti, gateaux et jus aux pèlerins.

Tel l’élan d’unité et de solidarité ressenti lors des prestations sportives de Stéphane Buckland, Eric Milazar et tout récemment Bruno Julie, ce fut la nation mauricienne qui était présente à Ste-Croix. Tant du côté de ceux qui ravitaillaient les pèlerins que de ceux venus se recueillir.

La forte présence policière a aussi aidé à rendre l’atmosphère plus sécurisante, donnant ainsi un ton de fête familiale à la soirée du 8. Il était en effet pas rare de croiser des enfants campés sur les épaules de leurs papas. Et nombreux étaient ceux qui avaient fait le déplacement en famille.

L’allée Père Laval offrait une ambiance tout à fait différente de la route principale, l’accès ayant été interdit aux marchands ambulants et autres. Ainsi régnait en ces lieux un certain calme et recueillement, en partie aidés par la présence de haut-parleurs diffusant des cantiques et des prières.

Eucharistie, un grand moment

S’appuyant sur le thème du pèlerinage, «Mersi Per Laval, tonn transmet nou to lafwa», Mgr Piat a longuement cité le père Laval en exemple : celui qui a révélé aux Mauriciens l’amour de Dieu pour tous, celui qui a cru en la capacité de ce peuple de transmettre la flamme de l’amour de Dieu, celui qui n’a pas fait de distinction de race et de couleur,… Une flamme qui malheureusement aujourd’hui s’ébranle. «Legliz santi ki laflam ki nou finn resevoir li an danze akoz tou kalite koudvan ; lamod, sexialite, lalkol, ladrog, zougader,…Mo kone zordi boukou pe vinn ici pou dir Per Laval ed zot sanz zot lavi.»

Mgr Piat a aussi profité de l’occasion pour dire combien il partage les tracas et les peines des parents. Ces adultes, responsables de conduire leurs enfants sur la route de la vie, mais qui sont de plus en plus démunis face à l’adversité de la société d’aujourd’hui.

Il invite donc le peuple chrétien à s’appuyer sur la manière de faire du Père Laval pour être également apte à transmettre la flamme. Ainsi, a-t-il rappelé que «Per Laval finn kontan bann paran (…) finn kompran zot, pran zot kont, (…) li finn abandonn boukou kitsoz pou vinn Moris, (…) li finn viv seki li prese», et enfin, «li ti ena enn gran konfians dan seki Zezi dir li».

Ainsi, l’évêque a invité les fidèles à «kontan paran, ekout zot e pa kritik zot». Aux parents, ils les encouragent à mettre leurs pas dans ceux du Père Laval, à accepter d’abandonner certaines choses, à se sacrifier. «Ena enn gran fri ki sort ladan.»

Il a aussi encouragé les fidèles à marcher avec le Père Laval. «Zordi si nou le transmet nou lafwa, nou bizin kapav dir ; vini zot va trouve», et à convaincre en étant convaincus car, pour le père Laval, «sitan li konvaincu, boukou dimoun finn suiv-li».

Mgr Piat devait conclure en invitant l’assemblée à «konfie Per Laval sa gran misyon anver bann paran. Sa gran travay ki Zezi finn konfie nou.» Et garder la flamme vivante, transmettre l’amour de Jésus, c’est «leritaz a transmet a nou zeness, nou zanfan».

Recueillement prolongé

La messe terminée, la foule a continué à se masser à l’intérieur du caveau. Une attente qui pour certains a duré plusieurs dizaines de minutes tellement il y avait de fidèles. Ce recueillement s’est poursuivi durant toute la nuit. Alors que d’autres, fatigués par une longue marche, étendus ici et là dans la cour de l’église, se sont laissé aller à une petite somme sous les étoiles.

Martine Théodore-Lajoie, La Vie Catholique

Du bon …

Le pèlerinage au tombeau du Père Laval ce 8 septembre 2008 s’est déroulé dans une meilleure ambiance de prière et de recueillement que les années précédentes. Il faut s’en réjouir et féliciter les organisateurs d’avoir pris des décisions qui auront favorisé cette ambiance propice à un pèlerinage qui est un chemin de méditation sur le témoignage du saint.

J’ai trouvé moins de marchands dits ambulants, moins d’éclats de voix. Les trois messes à 18h, 20 h et 22h 30 et l’abolition de celle de minuit fait partie d’un ensemble qui permet aux pèlerins de prier à des heures raisonnables pour être mieux en forme pour le travail du lendemain. Il faut ajouter une certaine baisse dans la fréquentation de la marche, probablement à cause de l’insécurité. Ce n’est pas mauvais : seuls les plus convaincus prennent la route et on évite la tendance triomphaliste que prennent certains pèlerinages.

Je voudrais aussi exprimer une gêne que j’éprouve en tant que pèlerin devant le reportage de Radio One sur sa distribution de bouteilles d’eau. Je m’interroge sur les vrais motifs de cette proximité affichée avec les fêtes religieuses. J’ai entendu une personne interviewée en trois occasions, louer la radio en question pour les bouteilles d’eau, comme quoi ça lui donne du courage pour marcher. A aucun moment le journaliste ne s’intéresse à la démarche religieuse. De sorte qu’avec l’impact que la radio peut avoir, l’auditeur ne perçoit du pèlerinage que la campagne de distribution d’eau. J’ai ressenti la même gêne pendant le dernier pèlerinage de Maha Shivaratree.

Jean-Maurice Labour, La Vie Catholique

9/10/2008

PÈRE LAVAL - Messe à Sainte-Croix hier

L'évêque invite les parents à accorder du temps à leur famille

Mersi Per Laval, tonn transmet nou to la foi. Conformément au thème choisi cette année pour le pèlerinage en hommage au Père Laval, l'évêque de Port-Louis, Mgr Maurice Piat, s'est appesanti sur l'importance pour les parents d'abandonner un peu leurs distractions et de prendre le temps d'être à l'écoute de leur famille. La "flamme", symbole de foi et de valeurs telles que transmises par le Père Laval, est " en danger ", dit-il. C'était lors d'une messe hier soir, à l'occasion de l'anniversaire de la mort de l'apôtre des pauvres.

Comme pour ne pas déroger à la coutume du 8 septembre, soit la veille de l'anniversaire de la mort de celui dont on fêtera l'an prochain les trente ans de béatification, les pèlerins mauriciens sont venus nombreux une fois de plus se recueillir à son tombeau, déposant fleurs et bougies sur le caveau. Nombreux étaient ceux, par ailleurs, qui ont assisté à la messe présidée par l'évêque de Port-Louis à l'extérieur de l'église.

Certains avaient marché, d'autres étaient venus en bus et d'autres encore en voiture. Mais, tous étaient venus prier celui qui comme l'a décrit l'évêque, " ti enn papa ki ti ena bokou lafeksion me osi ki ti kapav dir nou fran ki nou pese ".

Pourquoi les Mauriciens aiment-ils tant se rendre au tombeau du Père Laval, se rassembler et se rappeler ce qu'il a réalisé pour les Mauriciens ? C'est par cette question qu'il dit se poser à lui-même chaque année que l'évêque a débuté son homélie. " Je crois que nous, Mauriciens, nous aimons le Père Laval parce qu'il nous a montré, à travers sa parole et son exemple que Dieu aime ses enfants à Maurice, même les plus rejetés, les plus dan pins. Le Père Laval nous a montré que nous avons nous aussi la capacité de transmettre la flamme ". Le Père Laval, poursuit-il, a choisi, à son époque, des Mauriciens et Mauriciennes simples mais avec un grand cœur. " Il leur a fait confiance, les a formés, leur a confié des responsabilités, les a catéchisés et les a encouragés à l'entraide sociale. Ils ont pu construire des chapelles partout à travers Maurice. Il leur a donné des missions comme s'occuper des malades ". L'évêque devait citer plusieurs noms dont Emilien Pierre, Jean-Marie Prosper, Edouard Labelle etc. C'est grâce à ces personnes, dit-il, qui ont cru dans le Père Laval, que la flamme de la foi a pu se transmettre de génération en génération.

Aujourd'hui, toutefois, devait-il souligner, " nous sentons que cette flamme que nous avons reçue depuis l'époque du Père Laval à travers nos prêtres, nos parents et familles, est en danger. Il y a toutes sortes de coups de vent - manières de vivre - qui sont en train de détruire notre vie, voulant éteindre la flamme, par exemple la drogue, la pornographie, les relations sexuelles bonavini, lavi zougader, l'infidélité ".

L'évêque a dit rencontrer nombre de parents inquiets, qui ne savent plus comment s'y prendre pour transmettre à leurs enfants les valeurs qu'ils ont eux-mêmes reçues. " Le Père Laval a aimé les parents. Aimons les parents ". Mgr Piat a raconté avoir une fois rencontré un père de famille, qui après son travail, aimait aller " anba la boutik boir enn tigit, zoue domino e dam e rant lakaz tar ". Un jour, poursuit l'évêque, alors qu'il regardait un sketch sur l'abandon des enfants par leurs parents, le père de famille en fut si touché qu'il n'eut plus envie de jouer aux dominos et de rentrer tard chez lui. Il décida de s'occuper de son enfant. " L'autre jour, je l'ai rencontré et il m'a dit que non seulement, son enfant a réussi à son HSC mais a décroché un diplôme de France. Cela montre que quand un parent accorde de l'attention à son enfant, il y a de grands fruits qui en sortent ". Il devait citer un autre exemple d'une mère de famille dont les enfants faisaient chacun une activité séparément. Un jour, elle décida qu'au moins une fois par semaine, toute la famille devait dîner ensemble. " Il y a une grande valeur dans le partage. Le partage de notre vie, nos joies, nos peines."

Pour Mgr Piat, " la flamme ne se transmettra pas automatiquement. Il faut prendre le temps d'écouter, d'abandonner un peu ses distractions et accorder de l'attention à votre famille ".

Le Mauricien

9/09/2008

Le Père Laval, l'apôtre de tous les pauvres

Qu'est-ce qui pousse les catholiques, et les Mauriciens en général, à converger vers le tombeau du Père Jacques Désiré Laval, à Sainte-Croix, tout le long de l'année, et plus particulièrement le 9 septembre ? La pertinence de l'apôtre des pauvres, de tous les pauvres faut-il désormais dire, puisque comme il est dit dans notre savoureux créole, "dan so kafe pati ena triaz", est en effet plus que jamais de mise.

Venu à Maurice en 1841, ce médecin d'Evreux, petite bourgade de la campagne française, ne retournera pas sur le sol natal, ayant donné son corps et son âme à ce Christ qui l'avait guidé sur le chemin de la Vérité. Il avait pourtant connu la vie mondaine, le père Laval. Mais il délaissera le confort de son pays pour venir évangéliser ses "chers Noirs", comme il est écrit dans une biographie qui lui est consacrée dans les archives du Vatican. "Devenu prêtre, je pourrai faire plus de bien", disait-il à son frère.

Il entra au séminaire de l'église Sainte-Sulpice, dans le sixième arrondissement, à Paris, et devint curé de la paroisse de Pinterville. «Il partageait tout son avoir avec les indigents. Mais en apprenant la misère des Noirs d'Afrique et l'urgence de les amener au Christ, il obtint de partir à l'île Maurice, avec le vicaire apostolique, Mgr Collier. Durant 23 ans, jusqu'à sa mort, il consacra tout son temps, usa toutes ses forces, donna tout son c?ur à l'évangélisation des autochtones: sans jamais se lasser il sut les écouter, les catéchiser, leur faire découvrir leur vocation chrétienne. Souvent aussi il intervint pour améliorer leur condition sanitaire et sociale.»

Le Père Laval fait aujourd'hui partie du patrimoine religieux catholique et mauricien. Béatifié par le Vatican, il attend d'être sacré saint. Mais ici, dans ce pays spécial, où tant de gens «spéciaux» ont posé les pieds, de Mohandas Karamchand Gandhi à Mark Twain, en passant par Charles Darwin, V. S. Naipaul et Charles Baudelaire, pour ne citer que quelques-uns d'entre eux, l'itinéraire de Jacques Désiré Laval a de quoi interpeller.Homme du monde, il osa quitter l'étroitesse (dans tous les sens du mot) de son monde pour s'ouvrir aux autres. Mais bizarrement, quand on évoque les liens indéfectibles entre la France et l'île Maurice, on citera Surcouf, Mahé de Labourdonnais et tant d'autres. Mais le nom de Jacques Désiré Laval ne sera jamais cité en premier. Comme s'il fallait à tout prix escamoter l'aura d'un homme, dont la seule «faute» aura été de faire des Noirs, longtemps considérés comme «biens meubles», ses frères.

«Le fait est que notre missionnaire a laissé derrière lui d'innombrables convertis, à la foi et à la piété solides», lit-on dans sa biographie. Des gens de toutes communautés se pressent en effet aux pieds de son tombeau. Le tomba-liste Vel, de foi tamoule, aux Salines, érigea un autre monument au saint homme, à côté du cimetière de l'Ouest, le Père Laval ayant rendu la parole à sa fille muette. Ses miracles ne se comptent plus, et personne ne s'aviserait de nier ses qualités d'homme de Dieu. Serge Lebrasse, notre «tcholo» national, lui consacra d'ailleurs un séga. Une de ces odes qui traversent le temps. Et qui, «à l'exemple du Père Laval, encourage tous ceux qui, sur le continent africain et ailleurs, s'efforcent de bâtir un monde fraternel, exempt de préjugés raciaux !»Les gouvernements qui se sont succédé à l'hôtel du gouvernement ont compris cela, les décideurs et les lords-maires de la capitale, ayant tout fait pour que le pèlerinage du Père Laval reste un rendez-vous, un point de rencontre de la foi et du c?ur, pour tous les Mauriciens. En cela, ils prolongent tous, politiciens d'hier et du jour, le sacerdoce de Jacques Désiré Laval pour l'avènement d'un monde où tous les hommes seraient frères !

Le matinal

9/08/2008

Pinterville 2008



Des pèlerins au tombeau du Père Laval


Ils seront nombreux cette année encore à effectuer le pèlerinage au tombeau du bienheureux Père Laval à Sainte Croix. Ce traditionnel pèlerinage qui se déroule dans la nuit du 8 au 9 septembre aura pour thème cette année : ' Mersi Père Laval tonn transmet nou to la foi'. Outre les Mauriciens de toutes communautés confondues venus des quatre coins du pays, on doit s'attendre à la participation des Mauriciens établis à l'étranger et des étrangers venant plus particulièrement de l'île de la Réunion.

Considéré comme l'apôtre des Noirs, le Père Laval deviendra au fil des années le symbole de l'unité intercommunautaire de Maurice. D'abord médecin puis curé de campagne en Normandie, le Père Jacques Désiré Laval fut, pendant les vingt-trois dernières années de sa vie, missionnaire à l'île Maurice, auprès des esclaves affranchis. Il fut béatifié par le Pape Jean-Paul II le dimanche 29 avril 1979, en la Basilique de Saint-Pierre de Rome.

PÈRE LAVAL : messe ce soir à Sainte-Croix

" Mersi Père Laval, tonn transmet nou to lafoi. " Ce thème, qui a trait à la transmission des valeurs telle que développée dans la lettre de carême de l'évêque de Port-Louis, a été cette année choisi pour la célébration de la messe à l'occasion de l'anniversaire de la mort du Père Laval.

En avril prochain, l'Église de Maurice célébrera les trente ans de béatification du Père Laval. " Par sa vie, autant que par ses paroles, il a montré à tous les hommes qu'ils ont de la valeur aux yeux de Dieu. Aujourd'hui, c'est à notre tour de faire savoir aux hommes et aux femmes de notre temps leur valeur aux yeux de Dieu ", selon la cure de Sainte-Croix.

La messe de ce soir, à Sainte-Croix, sera célébrée à 20 h 30 par l'évêque de Port-Louis, Mgr Maurice Piat. Demain, mardi, 9 septembre, une autre messe sera célébrée au même lieu, à 10 h, par le père Jocelyn Grégoire.

Les pèlerins pourront assister à d'autres célébrations à Sainte-Croix du 8 au 28 septembre.
Ci-dessous, le programme :

- Lundi 8 septembre : 18 h (intérieur de l'église) : Philippe Goupille ;
: 20 h 30 : Messe par l'évêque de Port-Louis
: 22 h 30 (intérieur de l'église) : père Renniers
: 19 h-02 h : animation par le Renouveau charismatique sur la place de l'Église.

- Mardi 9 septembre : messes à 6 h ; 8 h ; 10 h (père Grégoire) ; 12 h (père Laurent Rivet) ; 14 h (père Sunassee) ; 16 h et 18 h (père Richard).

- Jeudi 11 septembre : messe à 9h.

- Samedi 13 septembre : 9 h à 15 h - pèlerinage des handicapés.

- Dimanche 14 septembre : messes à 11 h (père Mongelard) ; 13 h ; 15 h ; 17 h (père Zimmerman).

- Dimanche 21 septembre : messes à 11 h (père Nalletamby) ; 13 h et 15h.

- Dimanche 28 septembre : messes à 11 h (père Hym) et à 14 h (père Dorai Raj)

Le prêtre toujours adulé


Si la religion les sépare parfois, chrétiens, musulmans et hindous se retrouvent autour d'un événement : le pèlerinage du Père Laval. Il se déroule demain dimanche à Pinterville et doit rassembler, comme chaque année, plusieurs centaines de personnes, dont de très nombreux Mauriciens. Une messe en plein air est célébrée à 11 heures par l'évêque d'Evreux, Christian Nourrichard. Un pique-nique est ensuite ouvert à tous.

La célébrité de Jacques-Désiré Laval tient de son parcours. Né le 18 septembre 1803 à Croth, dans la vallée de l'Eure, il est le quatrième enfant d'une famille de fermiers, qui vit dans une foi profonde. Sa mère, qu'il perd à l'âge de 7 ans, marquera profondément sa vie. Il parle d'elle comme d'une femme « si bonne envers les pauvres ».« Faisons ce que nous pouvons, Dieu fera le reste »

Pourtant, la foi et les faibles n'entrent pas tout de suite dans sa vie. Jacques-Désiré Laval suit des études classiques à Paris, devient médecin en août 1830, exerce à Saint-André-de-l'Eure et Ivry-la-Bataille. La vie lui sourit et il délaisse la pratique religieuse.

C'est l'approche des pauvres n'ayant pas les moyens de se soigner qui le fait basculer dans une autre vie.Le médecin entre au séminaire de Saint-Sulpice à Paris et est ordonné prêtre le 22 décembre 1838. Il arrive à Pinterville l'année suivante, pour y rester deux ans. Deux ans seulement qui vont profondément marquer la commune.Mais déjà, le Père Laval se sent appeler pour une autre mission : partir loin. Il devient donc missionnaire dans la Congrégation du Saint-Esprit et c'est l'île Maurice qui l'accueille en septembre 1841. L'esclavage vient d'y être aboli, les nouvelles libertés des ex-esclaves les désorientent et le prêtre va les traiter comme ses frères, leur rendant leur dignité d'hommes. Il apprend aussi leur langue, rédige un catéchisme en créole, les soigne, les regroupe en communauté chrétienne. L'humble missionnaire devenu l'apôtre des Mauriciens meurt le 9 septembre 1864. Parce qu'il n'a jamais fait de différence entre les races et les religions, si nombreuses à l'île Maurice, il reste encore aujourd'hui vénéré par tous. Il a été déclaré Bienheureux par le pape Jean-Paul II en avril 1979.

TEMOIGNAGE - Sans foi ni loi

Si, parmi les vieilles nations catholiques qu'étaient la France, l'Espagne et le Portugal, le dévouement du Père Laval n'était pas un cas unique, certains ecclésiastiques, en revanche, n'étaient pas taraudés par le scrupule en ce qui concerne l'évangélisation, comme nous le démontre l'exemple suivant. En effet, l'on peut citer le témoignage, parmi certains documents de l'époque où l'Angola était sous l'occupation portugaise, le cas d'un certain vicaire général qui baptisait tous les esclaves, sans la moindre instruction préparatoire ni examen préalable de leurs dispositions : il en était d'ailleurs incapable puisqu'il ignorait la langue du terroir, le kikongo. La raison de ce zèle ? Le vicaire en question était rémunéré pour chaque baptême qu'il donnait. Et l'évêque Emmanuel Baptiste, qui signala cet abus à Rome, estima néanmoins qu'il fallait le tolérer, puisque cette activité était la principale si non l'unique ressource du curé.

Le Mauricien

APOSTOLAT - Les pères fondateurs de la Congrégation du Saint-Esprit

L'on considère généralement que la Congrégation du Saint-Esprit, à laquelle a appartenu le Père Laval, a eu deux fondateurs, à 140 ans de distance. En effet, elle fut fondée en 1703 puis revivifiée en 1848, par la fusion avec la Société du Saint-Cœur de Marie.

En 1703, Claude Poullart des Places, (1679-1709) jeune aristocrate breton, ordonné prêtre après avoir renoncé à une carrière au Parlement de Rennes, regroupe des étudiants pauvres désireux d'être prêtres et de servir dans des paroisses pauvres. Ainsi naissent la Société et le séminaire du Saint-Esprit, qui sera, dès1816, chargé de fournir le clergé de toutes les colonies françaises. En 1841 François Libermann, né dans une famille juive, fils du rabbin de Saverne, converti au catholicisme, fonde la Société du Saint-Cœur de Marie. Son but est l'apostolat auprès des Noirs d'Afrique et auprès des Esclaves devenus libres dans les Îles de Saint-Domingue (Haïti) et de Bourbon (La Réunion).

En 1848, la Société fondée par Libermann regorge de vocations mais n'a pas de statut juridique précis. Celle de Poullart des Places existe officiellement mais est à bout de souffle. Or, les buts des deux Congrégations sont très voisins. Les membres de la Société du Saint-Cœur de Marie entrent dans la Congrégation du Saint-Esprit qui devient ainsi l'héritière d'une double tradition, riche des intuitions communes de ses deux fondateurs. Aujourd'hui, particulièrement développée en Afrique, la congrégation missionnaire du Saint Esprit compte plus de 3 000 spiritains, dont 745 Français, 550 Irlandais, 270 Hollandais, 310 Nigérians, 180 Portugais dans 55 pays.

Notons que les évêques de Port-Louis et des Seychelles, les Mauriciens Maurice Piat et Denis Wiehe, sont, tous deux, spiritains.

LE TEMPS D'UN PÈLERINAGE

Du Père Laval et de l'évangélisation des affranchis à Maurice et Bourbon

Le 9 septembre prochain, plusieurs milliers de Mauriciens prendront la route de Sainte-Croix, pour le pèlerinage au tombeau du Père Laval, dont ce sera le 144ème anniversaire de la disparition. Cette popularité posthume du Bienheureux Laval - qui pourrait être canonisé dans quelques années - est due, on le sait, à son œuvre évangélisatrice, à Maurice, surtout parmi la population des anciens esclaves, qui avaient été affranchis deux ans auparavant par les autorités britanniques.

C'est en 1841 que débarque à Port-Louis, sans bagages, après plus de trois mois de traversée, et dans l'anonymat le plus total, un prêtre du nom de Jacques Désiré Laval, en provenance de Normandie. Sans expérience, et premier missionnaire de la Congrégation du Saint Esprit fondée il y a peu, il est néanmoins chargé de la Mission des Noirs. Il vit retiré dans un petit pavillon de bois, dans la cour du presbytère où il reçoit les affranchis, ébahis de s'entendre appelés " Monsieur " ou " Madame ", et à l'intention desquels il dit, le dimanche, une messe qui leur est spécialement destinée. Portant une soutane élimée et voyageant à dos d'âne, il rend visite aux membres de la communauté des Noirs, dans leurs huttes, à l'hôpital et à la prison, en s'adressant à eux dans leur créole qu'il s'est mis à apprendre. Bientôt, il fait construire de petites écoles de brousse et des centres de prière à travers le pays, et au bon fonctionnement desquels il veille, sans relâche.

D'abord seul, puis secondé par d'autres missionnaires, le Père Laval, également médecin avant d'être prêtre, va guérir et remettre debout, physiquement et moralement, tout un peuple que les nantis considèrent comme marginal. Plus les succès augmentent, plus l'opposition de ces derniers croît. La haine des plus riches vaut au curé de Ste-Croix le surnom de " la grosse bête noire ", alors qu'il devra assurer ses instructions du soir sous la protection de deux policiers. Cependant, au fur et à mesure, l'attitude des Blancs va évoluer vers la confiance et même, pour certains, vers un profond sentiment d'admiration. Mieux, à la longue, sa patience et son abnégation verront la réconciliation et la conversion des oppresseurs par les opprimés, soit celles des maîtres par leurs anciens esclaves.

En 1852, après onze années d'évangélisation et de "travail social" avant la lettre, le Père Laval est nommé supérieur provincial des missions de Bourbon et de Maurice. N'ayant pas fait de noviciat, connaissant mal les règles de la vie religieuse et, de plus, répugnant à rédiger des rapports, il vivra mal cette nomination. Néanmoins, lors des épidémies de choléra et de variole, en 1854 et 1856 respectivement, il se dévouera à l'extrême pour les malades et les mourants. Après sa mort, à la suite de plusieurs attaques d'apoplexie, en septembre 1864, quelque 40 000 personnes escorteront son cercueil jusqu'à sa dernière demeure, au pied du calvaire, devant l'église de Ste-Croix.

Code noir

Si, à Maurice, la mission du Père Laval fut un exemple sacerdotal, ailleurs, en haut lieu, et hors du clergé, loin même de contenir ne serait-ce qu'une once de spiritualité, les motivations des politiques en faveur de l'évangélisation, souvent, ne manquaient pas de cynisme. En effet, élément essentiel dans les sociétés coloniales françaises du XIXe siècle, la traite était considérée comme une " chance " pour les asservis de pouvoir entendre l'évangile, l'évangélisation devenant l'élément justificateur de l'esclavage. Le Code Noir de 1723 est très clair à ce sujet et demande, dès le premier article, de faire instruire dans la religion catholique, apostolique et romaine et de faire baptiser tous les esclaves, qui étaient donc, ainsi, tenus d'assister à tous les offices religieux. Mais en réalité, dans la pratique, cet article du Code Noir n'était pas vraiment observé par les maîtres qui, non seulement, faisaient souvent travailler les esclaves le dimanche, ces derniers ne pouvant donc se rendre à l'office dominical, alors que ces mêmes maîtres, parfois, ne faisaient pas baptiser leurs esclaves. Et quand ils le faisaient, leur observation du Code Noir se limitait, en tout et pour tout, à quelques rites pour toute une vie, tels que la première communion et les funérailles. Par ailleurs, après l'Abolition, les anciens esclaves apprentis souhaitant se faire quelques sous, n'ayant que le dimanche pour s'y consacrer, il était difficile, voire impossible de les convaincre de renoncer à ces travaux dominicaux, pour se rendre à la messe.

A l'île Bourbon

Outre le cas de la messe dominicale, l'évangélisation n'allait pas dans le sens des intérêts des maîtres qui, dès lors que leurs esclaves étaient baptisés, ne pouvaient plus vendre séparément les conjoints ou ne voulaient pas permettre à une esclave de quitter l'habitation pour suivre son mari. Ainsi les maîtres condamnaient-ils souvent leurs esclaves à vivre en concubinage - et par la même dans le "péché" - et à l'impossibilité d'être baptisés. Par ailleurs, la plupart des documents écrits datant de l'époque de l'esclavage témoignent de l'état de corruption indéniable du climat de la moralité parmi les colons mauriciens et réunionnais, ce qui ne jouait pas en faveur de l'évangélisation. Néanmoins, à La Réunion, selon un témoignage de l'évêque, Mgr Solages, les Noirs voyaient les ecclésiastiques comme étant les "docteurs" des Blancs et, d'autre part, comme chefs de la religion dominante dans le monde. Et Mgr Solages, partant du schéma selon lequel les maîtres, d'habitude, servent de modèles et d'initiateurs, souhaitait que le comportement des Blancs démontre la " suprématie " du catholicisme. Or, comme nous l'avons vu plus haut, le comportement en question était loin d'être conforme à son souhait.

Malgré le marasme religieux dans lequel était plongée l'île, certains ecclésiastiques se sont véritablement préoccupés de la situation et de l'évangélisation des esclaves. Et loin d'être les complices naïfs ou hypocrites d'un catholicisme fort de son monopole, la congrégation des Lazaristes, par exemple, ayant perçu le lien complexe liant catholicisme et religion des maîtres blancs, s'interrogea sérieusement sur la signification des conversions opérées parmi les esclaves. En 1840, l'arrivée à La Réunion du Père Monnet, qui coïncide avec un lent processus d'émancipation, résulte en une nouvelle approche d'évangélisation et de christianisation. Le nouvel arrivé s'attache à l'instruction des esclaves et fait de la Rivière-des-Pluies le centre de sa mission itinérante.

Le rapide succès qu'obtient le Père Monnet à La Réunion permet de vérifier son hypothèse selon laquelle l'adhésion au catholicisme transforme les esclaves. Les maîtres le félicitent et lui témoignent leur reconnaissance, parce que leurs esclaves qui fréquentent le catéchisme " ne sont plus voleurs et travaillent bien ", dit-il. Ce curé que l'on surnomme " tambour-major des prêtres de la colonie " est convaincu de ce que la moralisation ne peut aboutir sans un passage par l'émancipation, pensant aussi que les Noirs sont tout à fait capables de devenir d'excellents sujets. L'Histoire lui donnera d'ailleurs raison puisque l'Abolition de l'esclavage n'entraînera aucune révolution motivée par la vengeance envers les anciens maîtres.

Fête du Bienheureux Père Laval - Pèlerinage 2008 autour du thème de la transmission de la foi

"Mersi Per Laval Tonn Transmet Nou to Lafoi": tel est le thème du pèlerinage 2008 au tombeau du Bienheureux Père laval qui démarre officiellement dans la nuit de demain, lundi 8 septembre, à Sainte Croix. Un thème qui fait écho à celui de la dernière Lettre pastorale de carême de l'évêque de Port-Louis axé autour de la transmission.

Une vingtaine de célébrations sont prévues à Sainte Croix pour ce pèlerinage qui s'étendra jusqu'au dimanche 28 septembre dont dix messes entre demain, lundi et le début de soirée de mardi, jour à proprement parler, de la Fête du Père Laval. Parmi ces célébrations figurent celle que présidera Mgr Maurice Piat, demain soir à 20h30, et qui sera retransmise en direct à la télévision ainsi que la messe de 10h00, mardi, célébrée par le père Jocelyn Grégoire qui sera radio-diffusée en direct sur les ondes de Radio Maurice. Entre autres célébrations prévues, figure le traditionnel pèlerinage des handicapés qui aura lieu le samedi 13 septembre entre 9h00 et 15h00.

Surnommé Apôtre de l'Unité mauricienne, les origines du procès en béatification du père Jacques Désiré Laval (1803-1864) remontent à l'année 1926 pour faire suite à la guérison instantanée d'un certain M. Beaubois, le 17 juillet 1923. Ce dernier, raconte les témoignages de l'époque, fut guéri d'une grande plaie suppurantes qui couvrait son front, sa tête et sa nuque. Des témoins de cette guérison furent, donc, entendus du 9 juin au 29 septembre 1926 sur ordre du Vatican. En 1964, 38 ans plus tard, commence l'examen minutieux du dossier avec plusieurs échanges d'objections qui s'étendra sur 13 ans.

Finalement, le 7 juillet 1977, le Pape Paul VI signe le décret reconnaissant la surprenante guérison de M. Beaubois comme étant "un véritable miracle". La béatification du père Laval est, alors, fixée au 22 octobre 1978. Toutefois, suite aux décès successifs des Papes Paul VI et Jean-Paul I, c'est le 29 avril 1979 qu'a lieu à à Rome la cérémonie de béatification présidée par le nouveau Pape Jean-Paul II dont ce fut, d'ailleurs, l'une des toutes premières béatifications.

Les reliques du missionnaire français sont bien encore, aujourd'hui, gardées dans le sarcophage en pierre qui se trouve au tombeau de Sainte Croix. Ce sarcophage date de 1870 et a été conservé au moment de la construction du nouveau caveau, oeuvre de l'architecte Max Boullé en 1965. L'actuelle église de Sainte Croix date, elle, de 1968, année de l'indépendance et fut rebâtie sur l'ancienne église construite en 1853. L'ancien lieu de culte devait subir, en deux fois, de sérieux dégats: d'abord lors du cyclone de 1892 puis lors du passage du cyclone Carol.

PELERINAGE A PERE LAVAL

La «Falcon Citizen League» accueille les pèlerins.

La Falcon Citizen League de Bois-Pignolet-Terre-Rouge sera de nouveau présente à Ste-Croix ce soir pour recevoir les pèlerins qui se rendent au tombeau du Père-Laval.

C’est pour la sixième année consécutive que les membres de ce club sportif et socioculturel de Terre-Rouge se mobiliseront pour accueillir des pèlerins. Outre des repas chauds (Ti pouri et curry), des biscuits et du thé, la Falcon Citizen League mettra deux lignes téléphoniques à la disposition des pèlerins, grâce à la compagnie MTML. «Ceux qui auront un appel urgent à faire pourront s’en servir», explique Manoj Seebrun, président du club.

Le président dit que chaque année, le club accueille quelque 100 000 pèlerins. Cette année, des volontaires de JR School seront présents pour servir les repas. La tente de la Falcon Citizen League sera à côté de la pépinière du ministère de l’Agro-industrie. Plus d’une centaine de volontaires, dont de nombreuses femmes pour préparer les repas, seront mobilisés. Manoj Seebrun souligne que son club bénéficie du soutien de Council of Hindu Youth et de la Hindu Educational Social and Cultural Organisation pour ce travail volontaire.

Il remercie certaines institutions, notamment les hôtels Maritim et Victoria pour avoir mis des boissons à la disposition du club et la municipalité de Port-Louis.

Manoj Seebrun explique qu’un des objectifs de la Falcon Citizen League est de permettre aux jeunes de s’intéresser au travail social et volontaire et surtout de maintenir l’unité parmi tous les citoyens.

L'Express

Sur les pas du père Laval


Dès demain et jusqu’à mardi, près de 25 000 personnes emprunteront les routes pour se diriger vers le caveau du père Laval. 36 heures de pèlerinage qui nécessitent préparation pour fidèles et organisateurs.

Comme chaque année, les 8 et 9 septembre, dates anniversaires de la mort du père Jacques Désiré Laval, sont l’occasion pour des milliers de personnes de sillonner les routes de l’île. Si les estimations sont quelque peu incertaines, les organisateurs annoncent que près de 25 000 personnes participeront au pèlerinage.

Sécurité et bien-être du pèlerin sont donc les maîtres mots du côté des autorités. Ainsi, la Road Safety Unit annonce une forte mobilisation policière le long des routes et recommande la plus grande vigilance pour les pèlerins. Différentes précautions sont à prendre. « Les personnes doivent marcher du côté gauche de la route. S’habiller avec des vêtements clairs et s’équiper de torches. Elles ne devront pas laisser les enfants sans surveillance et devront utiliser les structures appropriées pour traverser les routes », recommande l’inspecteur Ashok Matar de la Road Safety Unit.

De son côté, le père Bernard Hym, rappelle l’importance de circuler à plusieurs la nuit, tout en mettant l’accent sur le côté spirituel du pèlerinage. « Il ne faut pas marcher seul. Il faut aussi une tenue vestimentaire de circonstance, le pèlerinage n’est pas l’occasion de faire un défilé. C’est un moment de prière et de recueillement. » Outre la sécurité, les fidèles pourront se restaurer au bord des routes. Des groupes socioculturels offriront boissons et nourritures aux fidèles. « Ils seront postés à Coromandel, mais essentiellement sur les routes Nicolay et Pamplemousses, précise le père Bernard Hym. La nourriture sera distribuée et je conseille aux pèlerins d’éviter les marchands qui vendront de la nourriture, car nous la distribuerons. »

A l’arrivée, l’accueil des pèlerins sera assuré. Des barrières ont été installées afin de canaliser la foule vers le caveau ou l’Eglise. « Hier je suis allé faire une visite du site avec le père Bernard, pour faire un état des lieux et passer en revue les dernières retouches. Tout est en place, nous voulons que tout se passe dans une atmosphère sereine », déclare Xavier-Luc Duval, ministre du Tourisme et des Loisirs.

Les premiers pèlerins sont attendus dès demain. S’il est peu probable que ces derniers passent la nuit au caveau, les organisateurs s’attendent à beaucoup de passages jusqu’à mardi soir.

L'Express

Questions à… Bernard Hym, directeur du pèlerinage

● Est-ce que l’affluence augmente pour le pèlerinage au tombeau du Père Laval ?

Je pense que pour la nuit du 8 au 9 septembre, c’est en train de diminuer. On parlait de 150 000 personnes, mais c’est un chiffre qui est peut-être exagéré. L’année dernière, nous avons essayé de compter ceux qui passaient dans le tombeau, par groupe de 100. On a compté jusqu’à 25 000 personnes, ce qui est évidemment en dessous des estimations précédentes. Cette année, on va faire le comptage sur 36 heures, pour voir quel est le chiffre réel et pouvoir vérifier s’il y a un changement. Ce qui m’a paru étrange, c’est qu’autour de 2 heures à 3 heures du matin, il y avait une foule de gens dans la plaine et pas dans le tombeau. L’année dernière, l’ambiance est tombée durant le week-end.

● Qui étaient ces gens ?

C’était des jeunes qui espéraient que quelque chose allait se passer. Ils n’étaient sûrement pas là pour la prière. C’est une heure où les gens raisonnables sont rentrés chez eux.

● La composition de la foule a-t-elle changé ?

Il y a 20 ans, c’était les familles qui venaient. Là, dans la nuit du 8 au 9, c’est plutôt les jeunes qui viennent. Quand les gens venaient en famille, ce qui était important, c’était le fait de venir ensemble. La tradition se perd. Nous essayons de la remettre en valeur en confiant l’animation des messes à différentes chorales de plusieurs paroisses, pour reconstruire la relation entre des groupes, qui d’habitude ne travaillent pas ensemble. C’est le message du Père Laval, reconstruire l’unité.

● Et la présence des non-catholiques à ce pèlerinage ?

Des gens de toutes les communautés font le déplacement chaque année. A longueur d’année, il y a des gens différents qui viennent, pas juste pour le pèlerinage. C’est une constante.

Aline GROËME-HARMON

Père Laval : quand le pèlerinage prend une dimension nationale


On peut à la fois vénérer Sai Baba et rendre visite au tombeau du Père Laval. Pour Anerood, Satish, Vicky et Kuvin, ce n’est nullement incompatible.

«Distribuer des boissons aux pèlerins marchant vers le Grand-Bassin ou aux fidèles cheminant vers le tombeau du Père Laval, pour moi, c’est pareil. Dans les deux cas, l’important c’est d’être au service des autres». Pour Kuvin Jeewood, responsable des relations publiques au sein du Nicolay Kalimata Mandir, c’est une conviction profonde.

Pourtant, ce jeune homme à la parole facile, revient de loin. Adolescent, il chantait à la chorale du collège anglican de Saint-Andrews. Mais cela ne l’empêchait pas d’être athée. «Mo komplike sa mem mo pa gagn tifi pou marie». Aujourd’hui, il ne ménage pas son temps au service du temple. Organisation de débats, leçons gratuites en mathématiques, «parce que je suis ingénieur», distribution de verres de jus le soir du pèlerinage en mémoire du Père Laval.

Un bienheureux qu’il découvre grâce à une tante établie en Angleterre. En vacances à Maurice, elle l’emmène au tombeau et lui achète un livre sur la vie du Bienheureux. «Mon premier livre», soupire-t-il. Tout démarre avec le pèlerinage à Grand-Bassin. «J’ai d’abord marché pour le fun, mais j’ai découvert les difficultés des gens. Leurs sacrifices. Je crois qu’il y a un message commun à toutes les religions. C’est le service».

Vicky Parianen sera lui aussi aux abords des rues, durant la nuit du 8 au 9 septembre. Cet auditeur des comptes âgé de 28 ans, aurait pu rester tranquillement chez lui, à préparer son anniversaire, qui coïncide avec la commémoration de la mort du Père Laval. A la place, avec ses amis du Nicolay Kalimata Mandir, association du temple situé à la route Nicolay à Port-Louis, le trésorier distribuera des verres de «paanakkon», boisson à base de jus de tamarin et de limon, habituellement distribuée lors des cérémonies tamoules, aux pèlerins.

Dans sa famille, aller au tombeau ce jour là, «est une tradition». Un passage obligé d’où il revient, «avec le sentiment du devoir accompli». Son premier souvenir du pèlerinage date de ses huit ans. A l’époque, il est un enfant « de santé fragile», que ses parents amènent au tombeau.

« Il est guéri maintenant », intervient l’énergique secrétaire de l’association, Satish Gungaram. A 50 ans, cet Office Attendant au Sugar Planters’ Mechanical Pool n’a rien oublié de ses tracas d’enfance : les examens. Sa dévotion pour le Père Laval remonte à cette période-là. « Quand j’étais à l’école et que c’était la période des examens, on allait chercher la bénédiction du Père Laval, même si on n’avait rien appris pendant une année», se souvient-il avec une douce ironie. Pour Satish Gungaram, le Père Laval est un symbole de paix. Un ciment entre les gens de toutes confessions. « Je ne connais pas sa vie, mais j’ai entendu dire que c’est l’apôtre des pauvres», sourit-il derrière sa barbe blanche. «Vous savez, c’est comme le slogan de l’ICAC, l’ICAC pa get figir. La pauvreté c’est pareil. Li pa get figir».

Il laisse la parole à Aneerood Basant, aussitôt interrompu par une sirène de police. C’est la sonnerie du téléphone portable de ce chef de la sécurité chez IBL. Comme pour ses amis de l’association, son lien avec le Père Laval remonte à l’enfance. L’époque où il vivait avec ses huit frères et sœurs sur la propriété sucrière de The Mount. Une ombre passe sur son visage. C’est le souvenir de sa mère, «une femme très croyante», qui, face à un problème familial, venait prier à Sainte-Croix en emmenant avec elle tous les enfants. «En grandissant, c’est resté. Maintenant, quand j’ai un problème et que je vais au tombeau, je me sens plus léger après».

Pour Anerood, Jacques-Désiré Laval était plus un guérisseur qu’un prêtre. Il ramènera donc chez lui le bouquet qui aura effleurer le tombeau pour le placer à côté de l’effigie de Jésus et des divinités hindoues, qui trônent dans sa salle de prière.

Il troque volontiers sa casquette de président du Roche Bois Sai Devotional Group, avec contre celle du dévot de Père Laval. « La mission de Sai Baba et celle du Père Laval correspondent. D’ailleurs, quand je suis allé en Inde à Puttarpati là où vit le Sai Baba, j’ai vu plein de non-dévôts qui sont sortis de là transformés. Pourquoi pas nous ? »

L'EXPRESS

9/05/2008

Père-Laval 2008

Sur les traces de son ancêtre, le Père Jacques-Désiré Laval

Père Vincent Jauffrieau : «A Maurice, j’ai découvert le Père Laval, une personne, sa mission»

«Je ne regrette rien. Le parcours fut différent de celui que j’avais imaginé, affirme le père Vincent Jauffrieau, petit neveu à la 6e génération du Père Laval, au sujet des onze mois passés à Maurice. Un départ, c’est toujours triste, mais il y aussi l’impatience, la joie de renouer d’autres relations».

L’histoire du Père Laval est bien entretenue dans sa famille Jauffrieau ; c’est surtout la grand-mère du père Vincent qui s’en charge. «Nous avions dans la famille un grand tableau du Père Laval montrant la croix du Christ, ainsi qu’un vieux livre en cuir relatant sa vie et sa mission. Nous savions qu’un jour il serait béatifié ; d’ailleurs, la famille priait pour».

La béatification du Père Laval, en avril 1979, va être un moment fort pour la famille. C’est l’occasion de «retrouver tout plein de cousins qu’on ne connaissait pas». L’occasion pour le papa de Vincent d’offrir à chacun de ses dix enfants le livre, dédicacé, du Père Joseph Michel sur le Père Laval. Le jeune Vincent est alors âgé de 16 ans. «J’avais simplement conscience que c’était une personnalité dans la famille. Quelqu’un qui est prié pour les grandes joies comme pour les grandes tristesses familiales».

Le jeune adolescent lit le livre, puis «passe à autre chose». De temps à autre, avec sa famille, il participe au pèlerinage qu’organise Etienne Gaullier avec les descendants du Père Laval. «C’était l’occasion de partager des souvenirs, de resserrer les liens».

Mais ce n’est que lorsqu’il entre au séminaire que le déclic commence à se faire. Sa passion de l’histoire et des personnages historiques le rapproche un peu plus de son ancêtre. L’envie de connaitre davantage ce saint tant aimé par les Mauriciens le titille.

Et c’est symboliquement que le nom du Bx Jacques-Désiré Laval se glisse pour la litanie des saints, lors de son ordination presbytérale. «On avait un saint dans la famille, il fallait le mettre». Mais après son ordination, les choses sont plus claires pour notre interlocuteur. «Il fallait que je vienne à Maurice, que je commence mon ministère sous le regard du Père Laval».

Premier plongeon à Maurice

Ce sera chose faite en 1996, lors d’un séjour d’une semaine ici. «Je n’avais jamais été aussi loin, ni n’avais connu aucun pays exotique. J’ai été impressionné par le pèlerinage au tombeau du Père-Laval ; par le monde qui s’y bousculait, fait de chrétiens et de non-chretiens. J’ai découvert les tabagies Père-Laval, les rues Père-Laval… Les choses prenaient sens. J’ai rencontré des Spiritains qui m’ont davantage fait connaître cet ancêtre…»

De retour en France, occupé à ses charges pastorales, le père Jouffrieau prend ses distances de Maurice. «Je ne suivais plus l’actualité du Père-Laval ni celle de Maurice» avoue-t-il. Même si au plus profond de lui se niche le désir de faire un séjour plus long, plus profond. «J’en avais parlé aux pères Hym et Zimmermann, puis à l’évêque de Troyes. Ce dernier – qui favorise au maximum l’épanouissement et la réalisation de ses prêtres – m’avait confié : ‘qu’on verra plus tard.’» Un plus tard qu’il avait renvoyé à un avenir lointain lorsque, lors de la semaine sainte 2007, son évêque vient «déprogrammer mon programme et me proposer de partir».

Une année sabbatique enracinée

L’année sabbatique après dix années de vie sacerdotale, il la passera donc à Maurice, comme ‘fidei donum’ au sein du diocèse de Port-Louis. «Je n’avais pas trop envisagé les choses. J’avais tout simplement envie de vivre loin de mes habitudes, le désir de vivre autrement ce temps de prêtrise tout en n’étant pas en position de responsabilité».

Attaché comme «vicaire de passage» à Sacré-Cœur, Beau-Bassin, il avoue que cette fonction a eu des atouts : «J’étais attaché à un endroit, avec des personnes pour vivre ce temps de découverte. J’avais des racines qui me permettaient de découvrir de l’intérieur».

Et d’octobre 2007 à septembre 2008, ce fut un temps riche. «Le Père Laval, je l’avais lu dans les livres. A Maurice, j’ai découvert une personne, sa mission…J’ai découvert ce que c’était que d’être un descendant du Père Laval et ce que cela représentait comme poids. comme héritage et comme attente. J’ai découvert à quel point le Père Laval reste très actuel. Et bien des choses dans le quotidien de mon ministère de vicaire m’ont ramené à lui : la formation de collaborateurs pastoraux m’a ramené à la place qu’il accordait aux auxiliaires laïcs. Les visites aux prisons, à La Passerelle m’ont renvoyé à son souci des plus défavorisés. Les chapelles que j’ai vu construire ici – alors qu’en France, on démolit les églises – me ramène à cette aptitude du Père Laval à faire foisonner ici et là des lieux de culte»

De plus, une fois par mois, le jeudi, le père Jouffrieau prend le temps pour dévorer, à Sainte-Croix, les livres sur le Père Laval et causer avec les Spiritains. «Ce que je lisais prenait chair… Les lettres du Père Laval m’ont aussi amené à comprendre à quel point certains débats sont encore d’actualité : l’élitisme du système éducatif, les dépenses autour de la Première communion…»

Et s’il n’a pas bousculé les choses dans sa fonction de vicaire paroissial à Maurice, se contentant de «suggérer, proposer, marcher avec», le père Jouffrieau emporte néanmoins de «belles chose reçues ici». Entre autres, la «rencontre de l’île Maurice à travers des gens, des événements locaux, des événements mondiaux vécus ici», la mise sur pied d’une Equipe 3 Ans, la découverte de la permanence paroissiale, la bénédiction des maisons, la confirmation à des enfants de 10 ans, le «suivi des histoires de famille à travers le mariage, le baptême onze mois plus tard et aussi le deuil»…

L’île Maurice, le père Jouffrieau l’a vue à travers Beau-Bassin. Et les Mauriciens au travers des paroissiens. «Ce fut une année charnière faite de temps de rencontres, de réflexions et d’accompagnement. Maintenant, il faut ‘digérer’ tout ce vécu. Digérer le Père Laval. Et se mettre dans la disposition suivante : Va ou le Seigneur t’envoie. C’est-à-dire, prendre la responsabilité d’une paroisse urbaine (mi-rurale mi-urbaine) où je serai le seul prêtre résident (…) Je ne regrette rien : la boucle est bouclée.»

La Vie Catholique, Danièle Babooram

Merci père Laval pour tes bienfaits

Club 3e âge Ste-Famille

«Mersi per Laval, tonn transmet nou to lafwa» est le thème du pèlerinage au tombeau du Bx Jacques Désiré Laval. Pour eux, c’est aussi leurs parents et leurs grands-parents qu’il faut remercier pour avoir su leur inculquer cette ferveur envers celui qu’ils considèrent comme un père ; quelqu’un en qui ils ont une grande confiance et qui exauce les prières. Membres du club 3e âge Ste-Famille, ils déplorent cependant le fait qu’il n’y ait pas la même ferveur et piété de nos jours pour celui a été parmi les premiers à évangéliser les Noirs, les anciens esclaves du pays : le Père Laval.

La transmission de la foi se fait en étant soi-même un modèle. Ici les membres du Club Ste-Famille en prière dans la chapelle des religieuses Franciscaines Missionnaires de Marie.
«Comme il a suivi le Christ, tous, nous sommes appelés à l’imiter en plaçant le Christ au centre de notre vie», fait comprendre Harry Gaspard. «Le père Laval a beaucoup fait pour mes enfants et moi», affirme Thérèse Cousinery. «J’ai une grande ferveur pour le père Laval, car, grâce à lui, j’ai été guérie», dit Sybille Janson. «Ce que nous demandons, nous recevons», déclare Paul Nagloo. «Il s’est bien dévoué pour la cause des pauvres», soutient Afroze Damree. «J’ai une grande admiration pour le travail que le père Laval a fait auprès des anciens esclaves et des démunis» dit Sylvain Bhoyroo…
Ce sont là autant de témoignages que les membres de ce club ont à partager. Des membres qui considèrent le Bx Père Laval comme un grand personnage, un grand saint dont il faut suivre l’exemple.

Confiance

Eux qui ont connu maintes difficultés dans leur enfance ou adolescence, reconnaissent aujourd’hui encore les bienfaits que le Père Laval a faits pour tous qui ont placé leur confiance en lui. Ainsi, avec leurs parents et les proches, ils se faisaient un devoir de faire le pèlerinage jusqu’au caveau du Père Laval pour lui confier leurs peines, leurs souffrances. Et malgré leur âge avancé, aujourd’hui encore, le pèlerinage continue par autobus tout aussi régulièrement. Certains y vont même chaque mois participer à une des messes à Ste-Croix pour remercier le Père Laval et Dieu pour les grâces obtenues.
Cette ferveur que leur a léguée leurs parents, ils l’ont transmise à leurs enfants, mais regrettent toutefois qu’avec l’évolution, le pèlerinage au tombeau du Père Laval soit devenu plus une démarche religieuse qu’une démarche de foi pour de nombreuses personnes. Ils déplorent également qu’il n’y ait plus la même piété, le même recueillement sur la route menant au tombeau dans la nuit du 8 au 9 septembre comme au temps de leur grands-parents, parents, de leur…enfance ou adolescence.

Méconnaissance

Nos aînés expliquent cette attitude par une méconnaissance de la vie de celui qui a quitté sa Normandie natale pour se mettre au service des anciens esclaves de Maurice. Pour les soignant, cheminer avec ceux que l’on n’osait pas toucher, ceux porteurs de maladies contagieuses. Et leur donner la possibilité d’être membres de l’Eglise, privilège jusque-là réservé qu’aux Blancs.
De génération en génération et malgré les faibles moyens de communications, la foi du père Laval est arrivée jusqu’à eux. Grâce aux auxiliaires du Père Laval qui ont vite fait de poursuivre et de propager sa mission à travers le pays. Mais pour les membres du club Ste-Famille, ce sont surtout leurs parents ou grands-parents qui leur ont transmis cette foi dans le Père Laval. Une foi qui aujourd’hui encore est intarissable. Car ils ont vu leur prières être exaucées ou ont senti un certain soulagement en lui confiant leur peines et souffrances.
Mis à part les démarches personnelles pour aller prier au tombeau du Père Laval, le Club Ste-Famille y convie ses membres chaque année pour un temps de recueillement et de remerciement. Cette dévotion envers le Père Laval a de tout temps existé, tout comme la prière qui fait partie intégrante du groupe ; d’ailleurs, chacune de leur rencontre débute par un temps de recueillement.
La Vie Catholique, Jean-Marie St Cyr

Emilien Pierre «véritable apôtre de son pays»


Emilien Pierre est peut-être le plus connu des auxiliaires laïcs du Père Laval. Le père Joseph Michel a, à son égard, des mots élogieux : «fervent catéchumène», «persévérant exemplaire» dans la foi», «véritable apôtre de son pays»… Le «Emilien, suis Dieu et suis-moi» que lui a lancé un jour le Père Laval l’a mené, tantôt seul tantôt aux cotés de ce dernier, aux confins de Port-Louis et bien au-delà - à Flacq, Grand-Port et dans «presque tout le pays» - dans sa mission d’évangélisation. Portait d’Emilien Pierre retrace avec une plume empreinte d’émotion.

Se trouver des auxiliaires parmi ses enfants eux-mêmes est, en 1843, la grande préoccupation de Laval, une hantise qui ne le quitte pas. Un soir, à l’heure de son catéchisme à l’église, il voit entrer un homme portant une grosse corde à la ceinture et qui manifeste les plus grands sentiments de pénitence. Il se dit d’intuition : «Voilà un homme qui pourra me rendre de grands services». Ce pénitent a pour nom Emilien Pierre. Né esclave, il a été baptisé dans sa petite enfance. Il n’est marié ni devant Dieu ni devant les hommes, mais il vit avec Estelle Lasage, ancienne esclave aussi, qui a vu le jour à Madagascar.

Emilien et Estelle ne sont plus tout jeunes. Ils ont plusieurs enfants : Clémentine, 17 ans au moins; Héloïse 14 ans ; Marie-Hersilie 3 ans et Louis, né tout récemment, qui n’est pas encore baptisé.

Instruit dans la foi de l’Eglise

Ils habitent route Nicolay, à proximité du port et du Trou-Fanfaron. Emilien sait lire et écrire ; il possède même une certaine instruction. C’est un tailleur d’habits dont les amis sont surtout des pêcheurs et des ouvriers du port ; il a fait siennes les amitiés que sa femme entretient avec des foyers malgaches ou créoles-malgaches. Depuis quelque temps, le foyer qui compte le plus pour Emilien et pour Estelle est celui que forment le maçon créole Marcellin Prêt-à-Boire et la blanchisseuse malgache Clémentine Jeanne. Il y a un an, Clémentine n’était pas encore baptisée ; le Père Laval l’a reçue dans l’Église, il a béni son union avec Marcellin et il les compte maintenant parmi ses auxiliaires les plus zélés.

Quand ils se décident à venir à l’église, Emilien et Estelle ont été catéchisés déjà à la maison par leurs amis ; ils ont acquis une connaissance du Christ suffisante pour faire jaillir en eux ces sentiments de pénitence qu’Emilien extériorise avec une telle absence de respect humain.

Apparemment, Laval traite Emilien et Estelle de la même façon que les autres catéchumènes qui vivent ensemble : il les mariera au plus tôt mais leur conseille de faire baptiser immédiatement leur dernier enfant. Louis-Emilien, fils de Delle Estelle, est baptisé par l’abbé Corr, prêtre de semaine, le dimanche 23 avril ; son parrain n’est autre que Marcellin Prêt-à-Boire. Six semaines plus tard, le 6 juin, Laval bénit le mariage de ses parents.

Une âme façonnée

Au cours de la préparation à l’Eucharistie, qui dure plusieurs mois, il donne à Emilien «des soins particuliers», soins qu’il continue de lui prodiguer après son admission à la communion. En quoi consistent ces soins particuliers ? Le Père Laval, qui racontera sa conversion à ses confrères, ne le précisera pas, mais nous savons qu’il le choisit comme compagnon dans les tournées qu’il fait chaque jeudi dans les campagnes proches de Port-Louis, dans la Vallée-des-Prêtres en particulier. Quelles belles occasions de façonner l’âme de son futur disciple que ces promenades à deux et ces rencontres avec de pauvres gens qui ignorent tout de la religion !

Le fervent catéchumène est un persévérant exemplaire et déjà un apôtre. En août 1844, Estelle lui donne un second fils. Est-ce pur hasard si Joseph, ce fils dont la marraine est Clémentine Jeanne, est baptisé le 9 septembre, fête de Saint Pierre Claver, l’apôtre des esclaves noirs d’Amérique si vénéré par le Père Laval ?

Le noviciat d’Emilien semble s’être prolongé pendant plus de deux ans. Enfin, au début de 1846, assuré que son pressentiment ne l’a pas trompé, Laval lui dit : «Emilien, suis Dieu et suis-moi». Ces paroles furent accompagnées d’une telle grâce intérieure qu’elles pénétrèrent profondément dans le cœur du disciple qui s’attacha dès lors pour toujours au missionnaire» 2.

Un tel appel évangélique, jamais encore le Père Laval ne l’a adressé, jamais plus il ne l’adressera à quiconque. Emilien sera le plus grand, le plus efficace et sans doute le plus saint de tous les catéchistes mauriciens.

Apôtre de Trou-Fanfaron

Il commence par être l’apôtre du Trou-Fanfaron. Dans une grande maison prise à loyer et convertie en chapelle sous le vocable de Notre-Dame.de Bon-Secours, il réunit bientôt chaque jour trois à quatre cents personnes. Dans les actes officiels, il continue et continuera longtemps de se déclarer tailleur ; en fait, c’est à l’apostolat qu’il donne et donnera tout son temps.

«Il est étonnant, écrira le P. Thévaux, le nombre des personnes qu’il a préparées au baptême et à la première communion». Son apostolat ne se bornera pas au Trou-Fanfaron et à la ville de Port-Louis ; le Père Laval l’enverra dans presque tous les quartiers de l’île. Il aida beaucoup le P. Lambert dans ses missions de Pamplemousses et de Flacq. Il fut le précurseur du P. Thiersé dans sa mission du Grand-Port. Ces missionnaires ne passaient dans ces districts lointains qu’une semaine par mois ; Emilien y passait souvent plus de temps. Son aide la plus précieuse était la formation de catéchistes.

Son disciple le plus célèbre fut le bonhomme Saint-Louis, catéchiste de la chapelle du Bon-Pasteur aux Trois-Ilots, qui suscitait l’admiration des missionnaires : chaque jour pendant douze ans, il réunit de grand matin des membres d’une association de piété auxquels il prêchait longuement le chemin de la croix. En parlant de lui, le P. Delaplace ne cite pas le nom d’Emilien ; il dit seulement qu’il était l’élève d’un autre catéchiste, véritable apôtre de son pays.

Cœur ardent et généreux

En personne ne s’est mieux réalisé qu’en Emilien Pierre ce que Le Vavasseur écrivait de Port-Louis, en mars 1846, au sujet du Père Laval : «La ferveur dont ses enfants sont remplis ne sont qu’un écoulement de son intérieur : ses dispositions passent en eux». Seize ans après sa conversion, sept ans avant sa mort, un missionnaire le peindra avec des traits qui semblent empruntés à un portait du Père Laval lui-même :

«Cœur ardent, généreux, dévoré d’un saint désir de donner de nouvelles âmes à Jésus et à Marie ..., puissamment aidé de la grâce divine qui dirige ses pas ...»

«Humble apôtre de la charité ... Instrument des miséricordes de Marie près des âmes les plus pauvres et les plus abandonnées ... Pauvre enfant de la Vierge, ignoré de tous si ce n’est de ceux qui partagent son humble condition ... Humble catéchiste qui tant de fois nous a aidés dans notre ministère apostolique».

L’occasion de cet éloge sera le récit d’une initiative d’Emilien qui donne la mesure de son zèle. En 1856, sur le Canal de Mozambique, un navire anglais avait exercé son droit de visite sur un autre navire qui, au défi des accords internationaux, se livrait à la traite des Noirs. Il avait trouvé et saisi deux cents Africains de 18 à 30 ans qui, destinés aux plantations d’Amérique, furent débarqués à Port-Louis. Là, comme c’était la coutume, ils furent engagés et, pour la plupart, dispersés dans les différents districts de l’île. Deux ans plus tard, nombre d’entre eux résidaient dans la capitale où ils étaient astreints à un travail long et pénible. Ils croupissaient dans des cases qui n’étaient que des dortoirs sordides.

Emilien est touché de leur misère, de l’ignorance et de l’abandon dans lesquels vivent ces esclaves déguisés. Aidé des conseils du Père Laval, il pratique le porte à porte et parle de Dieu à ces Africains avec tant de conviction qu’ils expriment le désir d’être préparés au baptême. Il en groupe une trentaine, bientôt une quarantaine, dans sa chapelle de Notre-Dame de Bon-Secours. Chaque jour, pendant plus de six mois, sitôt leur travail terminé et jusque bien avant dans la soirée, ils se réunissent pour écouter Emilien ou le missionnaire chargé de leur dernière préparation.

Briser l’isolement social

Ils sont quarante à être admis au baptême. Il faut donc trouver quatre-vingts parrains et marraines. Le Père Laval n’est plus le supérieur des missionnaires, mais la tradition qu’il a instituée est suivie de point en point. Pour prendre en charge les catéchumènes, seuls sont admis de bons persévérants, des couples de préférence ou tout au moins des amis. Plusieurs réunions aident parrains et marraines à prendre conscience de la portée des engagements qu’ils vont prendre devant Dieu et devant l’Église.

La cérémonie de baptême a lieu à Sainte-Croix, le 10 juillet 1859. Aucun journal ne la relate, mais parrains et marraines affectionnent leurs filleuls comme de nouveaux frères. Cette remarque en dit long. Par son initiative en faveur de ces malheureux Africains, Emilien ne les a pas seulement introduits dans la lumière de l’Evangile, il les a sortis de leur isolement social 3.

En 1861, les PP. Roy et Puccinelli, deux Jésuites, arrivèrent à Maurice pour y fonder la mission indienne. Le premier fut chargé de parcourir les divers quartiers de l’île et surtout les établissements sucriers. Le second se fixa à Port-Louis, au faubourg de l’Est, et commença par les Indiens créoles. Mis à sa disposition par le Père Laval, Emilien Pierre fut le premier catéchiste de la mission indienne 4

Catéchiste de premier mérite

La mort du Père Laval, le 9 septembre 1864, laissa un grand vide dans le cœur de son plus fidèle disciple. Les yeux mouillés de larmes, il lui arrivait d’évoquer le jour lointain où il avait entendu son appel : «Emilien, suis Dieu et suis moi !». Souvent il avait entendu son maître exprimer le souhait de mourir sur le champ de bataille, les armes à la main. Dieu lui accorda de mourir lui-même comme il avait vécu c’est-à-dire en faisant le catéchisme. C’était au début de l866 ; un curé de la campagne l’avait appelé à son aide pour préparer une première communion. Emilien s’y était rendu avec empressement ... Mais sa tâche était finie ; victime d’une hernie étranglée, il fut ramené dans sa maison de la route Nicolay où il mourut, au matin du 21 février, âgé d’environ soixante ans. Estelle Lasage, son intime collaboratrice depuis toujours, rapportera que, dans la nuit, il avait dit qu’il voyait le Père Laval venir le chercher.

Ses funérailles eurent lieu à la cathédrale ; elles furent magnifiques. Mgr Hankison, successeur de Mgr Collier, avait tenu à les présider lui-même. Le P. Thévaux prononça l’éloge funèbre «de ce catéchiste de premier mérite qui a fait un bien immense dans la ville de Port-Louis, à Flacq, au Grand-Port, presque dans tout le pays». Au milieu d’un grand concours de fidèles, deux missionnaires accompagnèrent la dépouille mortelle au cimetière, ce qui ne se voyait jamais à Maurice. Une souscription fut ouverte pour lui élever une pierre tombale, mais les journaux ne consacrèrent pas une ligne à cet apôtre de Maurice. Bienheureux les humbles ... 5.

1 Joseph MICHEL : Les auxiliaires laïcs du Bienheureux Jacques Laval Apôtre de l’île Maurice Beauchesne Paris 1988 p. 83-89
2 Père Buguel dans Bull. gén. N° 13
3 Delaplace, p.209.
4 Delaplace, p.327.
5 Bull. gén.. t.5, p.131 ; Thévaux.
Lettre du 6-3-1866 ; Delaplace. p.252.

Sur les traces du Père Laval…

L’arrière-arrière-arrière petit-neveu sur les pas de son ancêtre : c’est ce qu’a vécu le père Vincent Jouffrieau. Fiches historiques en main et soutenu de sa canne, Mgr Amédée Nagapen ne s’est épargné aucune peine pour mener le petit groupe de pèlerins, qui s’était joint à ce dernier, d’Henrietta à Mare-Longue, à la découverte de la riche mission du Père Laval. Pour y découvrir les lieux où il a missionné, les hommages qu’ont rendu des artisans aussi bien que les autorités à la fois au Père Laval qu’à ses auxiliaires laïcs.

L’art en hommage au Père Laval…

Stelio Brasse, artiste de Cite La Curé, remet ça ! Pour le pèlerinage Père-Laval 2008, il propose un tableau du Bx Père Laval, haut de 2 mètres 60 et large de2 mètres 50 qui a la particularité d’être fait a partir de matériel végétal. Soit, pelures de banane, feuille d’acacia, fibre et feuille de coco, feuille de badamier, collier cipaye, voon, écorce de bois noir… Des matériaux que les membres de sa famille et ses collègues à IBL n’ont pas hésite à collecter, en signe de solidarité vis-à-vis de sa démarche artistique.

«Je m’y mets régulièrement chaque week-end depuis a peu près un mois, raconte Stelio Brasse. Mais les après-midi si l’inspiration est au rendez-vous, je ne rechigne pas ; je mets un CD et j’attaque. Tous les matins, en allant au boulot, je rends visite au Père Laval. C’est presque un devoir pour moi de lui rendre hommage. D’autant plus que le Père Laval a évolué parmi les artisans, leur a inculque la foi». Le portait de Stellio Brasse sera exposé, avec l’aide de la municipalité de Port-Louis, durant le pèlerinage sur le toit de l’église Sainte-Croix. «Je veux bien faire don après du tableau au Centre Père-Laval», affirme notre interlocuteur.

Soulignons que ce n’est pas le premier hommage religieux de Stellio Brasse. Il y a de nombreuses années, il avait réalisé un tableau en corail de l’église Sainte-Croix. En 1998, il avait fait pour la Municipalité de Port-Louis un bas-relief du Père Laval, en blanc et noir, fait de rocksand et de polystyrène. Et tout récemment, il a exposé, pour la fête de Pâques, un Christ ressuscité, conçu a partir de tissus de parasol et mis en valeur par des néons.

Père Laval 2008


Père Bernard Hym :
«Reprenons notre histoire en main»

Directeur du Centre Père-Laval, le père Bernard Hym explique le sens dans lequel accomplir, cette année, le traditionnel pèlerinage au caveau du Bx Père Laval. Un pèlerinage qui invite à se réapproprier l’histoire de notre héritage dans la foi pour pourvoir mieux la retransmettre.

Père Hym, pourquoi cette volonté de mettre en valeur l’idée de transmission pour le pèlerinage Père Laval ?

Le thème – «Mersi, Père Laval, tonn transmet-nou to lafwa» – rejoint l’idée majeure de la Lettre pastorale 2008 de Mgr Piat axée sur la transmission. Il convient de reconnaître que le Père Laval a été un pilier de l’émergence de l’Eglise à Maurice. Que l’Eglise mauricienne lui doit une fière chandelle en termes d’évangélisation et nous sommes tous ses héritiers dans la foi.

Toutefois, il convient aussi de reconnaître que le Père Laval n’a pas missionné seul. Il s’est vite adjoint des collaborateurs, notamment des auxiliaires laïcs. Ils constituaient un «petit corps d’élite» d’anciens esclaves zélés, imbus de piété et de dévouement. Le Père Laval leur a transmis la foi et, à leur tour, ils ont sillonné l’île pour la transmettre à d’autres.

C’est donc dans un esprit d’action de grâce, de reconnaissance au Père Laval et aux auxiliaires laïcs et de réappropriation de notre histoire que nous nous apprêtons à vivre ce temps fort.

Et dans le concret comment se fait cette réappropriation ?

Le livre «Les auxiliaires laïcs du bienheureux Jacques Laval, apôtre de l’île Maurice» du père Joseph Michel est un bel hommage à ces auxiliaires laïcs. J’ai travaillé à partir de ce document dans le but de faire parvenir à nos différentes paroisses les noms du/des auxiliaires laïc(s) qui a/ont missionné dans leur région, ainsi que le travail accompli.

Il s’agit à partir de là de s’intéresser à notre histoire paroissiale personnelle. De nous poser des questions simples, basiques : Depuis quand date notre communauté ? Qui en sont les fondateurs ? Quand a-t-elle accédé au statut de paroisse ?...

Des questions qui vont nous certainement nous amener à des conclusions que nous avons peut-être tendance à prendre pour des acquis. Nous avons beaucoup reçu des nos aînés, surtout des auxiliaires laïcs. Avant nous, il y a eu une communauté vivante qui a fait son travail de baptisé, sa mission d’évangélisation. Et si nous voulons d’une Eglise vivante, il faut une communauté vivante aujourd’hui. Une communauté qui soit témoin du Christ, lumière dans nos vies.

Vous nous invitez donc à retourner sur notre passé avant de nous projeter dans le présent et l’avenir et ce, dans un contexte où notre regard reste constamment braqué sur le futur ?

Certainement et il nous reste encore beaucoup à découvrir sur ces collaborateurs du Père Laval. Notre démarche est d’inviter les baptisés à reprendre leur histoire entre nos mains. Et surtout que les générations issues de ces auxiliaires laïcs surtout soient fières de leurs ancêtres.

Il y a un proverbe qui dit que si tu ne fouilles pas les racines, tu ne peux pas préparer l’avenir. Ne dit-on pas d’un arbre que pour avoir de belles branches, il faut s’occuper des racines… C’est aussi une des raisons laquelle, de plus en plus, nous insistons sur nos racines par rapport aux jeunes de l’océan Indien aspirant à devenir spiritains.

Je sens que le virus de l’histoire vous a gagné. Mais qui étaient ces auxiliaires laïcs et comment opéraient-ils ?

Je comprends et partage, de jour en jour davantage, l’admiration de Joseph Michel pour ces auxiliaires laïcs, en majorité des femmes, aussi appelées des conseillères.

Rayonnant sur un ou plusieurs quartiers, ces auxiliaires laïcs - qui avaient d’abord le souci de nourrir leur foi - avaient la responsabilité d’instruire et de soutenir dans la foi, de visiter. De veiller à ce que les mourants ne meurent pas sans sacrements et sans avoir fait leur examen de conscience.

Le plus connu des auxiliaires laïcs était peut-être Emilien Pierre (voir plus loin). Ces catéchistes de la première heure ont fait qu’entre 1841 et 1860, des cinq églises et de deux chapelles, le nombre de lieux de culte – de chapelles surtout – avait été multiplié par plus de dix.

Pratiquement, tout le pays était couvert, sauf le Sud qui, lui au départ, a été catéchisé par le père Thiersé, envoyé par le Père Laval. Ce dernier, rentrant dans un village, demandait à une famille une chambre pour y loger un mois. Il y commençait sa mission, regroupait petite à petite une communauté. Un lieu de culte était crée qui s’avérait bien vite trop petit…

Sainteté

Nous fêtons ces jours-ci deux grandes figures de notre histoire religieuse. D’une part, le 11e anniversaire de la mort de Mère Teresa, la sainte de Calcutta. Et dans un domaine plus proche, dans la nuit de ce lundi à mardi, le 144e anniversaire de la mort du Père Laval.

Mère Teresa et Père Laval, que de similitudes dans la vie de ces deux ’saints’. La première nommée a quitté sa famille, sa patrie, l’Albanie, pour se mettre au service des défavorisés parmi les défavorisés, notamment ces intouchables, ces miséreux qui n’avaient pour horizon que les mouroirs de Calcutta.

Père Laval, médecin, ayant embrassé la prêtrise, a lui aussi quitté sa Normandie natale pour un petit pays perdu dans l’océan Indien : l’île Maurice. Pour se mettre au service des Noirs nouvellement affranchis, dans une société où ils n’avaient pas leur place.

Tous deux ont guéri les plaies physiques et celles de l’âme. Tous deux ont semé la Bonne parole et rendu à ces marginalisés leur dignité d’homme et de femme, leur dignité de fils et filles de Dieu.

Les Mauriciens, de toutes classes sociales et de toutes communautés, leur vouent aujourd’hui encore une profonde reconnaissance. Pour le don de leur vie. Une vie où Dieu – et tout aussi important, l’homme – avait une place primordiale. Une vie certainement pas exempte de péchés, mais qui tendait, envers et contre tout, vers le Bien.

Au moment où nos pensées, nos prières se tournent vers Mère Teresa, pour certains d’entre nous, et vers le Père Laval, pour la grande masse des Mauriciens, il est bon de méditer sur le thème du présent pèlerinage de cette nuit du Père-Laval 2008 : «Mersi, Père Laval, tonn transmet-nou to lafwa». Certes pour remercier et se remettre devant les yeux l’œuvre de l’Apôtre des Noirs.

Mais aussi de fouiller dans notre histoire personnelle le processus de la transmission de la foi au sein de notre famille, de notre paroisse. De voir à quel point nos aînés ont été ardents à l’ouvrage alors que le contexte était peut-être rude, difficile. De voir dans quelle mesure nos «racines» ont accouché de «belles branches».

Soit, dans quelle mesure, nous avons été fidèles à l’héritage reçu et l’avons fait fructifier au mieux de nos talents. Dans quelle mesure, nous avons su mettre nos pas dans ceux de nos aînés pour tendre, en dépit de nos faiblesses humaines, à cette sainteté à laquelle nous sommes tous appelés.

Une sainteté qui, dans la banalité du quotidien, se traduit non pas par des travaux titanesques, hors de notre capacité. Mais davantage par la fidélité à nos diverses responsabilités – de parents, de professionnels, de citoyens… –, notre contribution à apporter notre toute petite pierre à un monde plus juste, plus digne, plus humain et notre aptitude à nous mettre à l’écoute de notre conscience dans ce monde où hurlent d’autres voix davantage plus stridentes : argent facile, position, passe-droits…

Père Laval, Mère Teresa et nos aînés nous ont ouvert la voie. Saurons-nous marcher à leur suite ?

La vie Catholique, Danièle Babooram

9/01/2008

Pèlerinage Père Laval 2008 - Sur les traces des auxiliaires du Père Laval

«Mersi, per Laval, tonn transmet nou to lafwa». C’est le thème choisi pour le pèlerinage Père Laval cette année. Un pèlerinage résolument axé sur la transmission de la foi en lien avec la lettre pastorale de Mgr Maurice E. Piat du début de l’année. Actuellement, à Sainte-Croix, tout est mis en œuvre pour que tout se déroule sans anicroche et plusieurs temps sont proposés pour vivre pleinement le pèlerinage et comprendre comment cette ferveur autour du Père Laval est arrivée jusqu’à nous grâce aux auxiliaires du Père Laval et dont le plus connu est Emilien Pierre.

«Le père Laval a, dès le début de sa mission à Maurice, fait confiance aux anciens esclaves pour transmettre leur foi à leurs frères» affirme le père Bernard Hym, responsable du Centre Père-Laval. Selon lui, le missionnaire n’a pas quitté la Cathédrale, mais s’il a réussi à convertir jusqu’aux extrémités de Maurice, c’est grâce à ces catholiques et non catholiques qui ont été ses témoins et qui ont progressé dans leur foi grâce.

C’est chez eux que les premiers auxiliaires du père Laval ont reçu les gens. Et au fil des rencontres, ils ont accommodé des lieux plus spacieux jusqu’à bâtir une communauté et finalement une chapelle qui, par la suite, est devenue une église. Emilien Pierre a été parmi les premiers à catéchiser les gens pour en faire des chrétiens et leur trouver des parrains et marraines pour qu’ils progressent dans la foi. Ces derniers étaient soit des couples, soit des personnes proches l’une de l’autre.

Afin de rendre un hommage au travail abattu par les premiers auxiliaires du père Laval, les paroisses ont été invitées à s’approprier les auxiliaires laïcs qui ont œuvré dans leur communauté et qu’avec ce travail de redecouverte de notre histoire, chacun se considère comme leur héritier. «Ils sont devenus, pour leurs frères, des témoins de leur foi ; à nous de relever le flambeau», insiste le père Bernard Hym.

Afin de mieux les connaître, le service Père Laval propose ce 30 août, une retraite qui a pour thème «Sur les traces des auxiliaires laïcs du père Laval ». Elle se fera dans les différentes localités de Port-Louis - de Pailles à Champ-de-Lort (l’Immaculée), en passant par la Cathédrale, la Vallée des Prêtres, Roche-Bois -, Montagne Longue pour finir à Ste-Croix dans l’après-midi. Est aussi prévue, à l’église, du 30 août au 7 septembre, une neuvaine au Père Laval de 16h30 à 17h30. Les paroisses sont invitées à en faire de même.

Les horaires des messes pour la nuit du 8 septembre sont comme suit : 18h, 20h30 et 22h30. De plus amples détails seront donnés dans notre prochaine édition. A l’accoutumé, les pèlerins sont invités à faire preuve de prudence que ce soit sur la route ou à Ste-Croix. Le père Hym insiste pour que ceux qui n’ont rien à faire à Ste-Croix, après s’être recueillis au caveau du père Laval et avoir participé à une des messes, sont invites a rentrer chez eux pour leur propre sécurité. Il conseille aussi à tous de venir en groupe ou en famille et par leur propre moyen de transport.

Par ailleurs, les groupes/collèges/mouvements/paroisses qui désirent vivre un temps en communauté à Père Laval ont la possibilité de le faire, rappelle le père Hym. Cela peut se faire à n’importe quel moment de l’année avec présentation de la vie de l’apôtre et messe.

La Vie Catholique, Jean-Marie St-Cyr