Miracle Père Laval ? Elle y croit. L’Eglise et la médecine, non
Date chère au cœur de l’île Maurice que celle du 9 septembre, jour anniversaire, non de la naissance, comme le croient certains journalistes, mais de la mort de Jacques Désiré Laval. Les pèlerins accourent par milliers de partout, des quatre coins de Maurice mais aussi d’ailleurs. En septembre 1983, notre presse indépendante donne la parole à Mme Marthe du Mesgnil d’Engente, une Française, établie de longue date à Madagascar, parce que depuis 1973, sinon avant, elle revient régulièrement prier et rendre grâces à Dieu, à Sainte-Croix, à l’occasion de la commémoration nationale ou presque, et même politisée et récupérée depuis peu, de la mort de ce Bienheureux. Elle explique le pourquoi de cette fidélité toute lavalienne.
Au moment où notre île accède enfin à l’Indépendance politique, une méningite aiguë tient clouée au lit Mme Marthe du Mesgnil d’Engente, Paralysée même, sinon crucifiée car, alitée sur un lit d’hôpital à Antananarivo, elle ne peut remuer pas plus le petit doigt que le gros orteil. Ses médecins sont formels : elle ne retrouvera jamais l’usage de ses membres. Deux ans se passent et elle demeure toujours prostrée. Pas la moindre indication d’une possible amélioration de son état de santé. Une amie, en partance pour Maurice, promet d’aller se recueillir, à sa place, au tombeau de notre Père Laval et de lui rapporter une image de l’Apôtre de Maurice, ainsi qu’une prière réclamant son intercession. De retour dans la capitale malgache, elle rend compte de sa mission à Marthe du Mesgnil d’Engente. Celle-ci multiplie les neuvaines au Père Laval. Un beau jour, le miracle se produit mais progressivement. Elle commence par pouvoir remuer ses membres les uns après les autres, parvient à se redresser sur son séant. Elle recommence bientôt à marcher.
Elle croit, dur comme fer, qu’elle doit sa guérison au seul bon Père Laval. Ses médecins en sont moins convaincus. Ils parlent, à juste titre, de traitement, faisant son effet plus tardivement que prévu, des... miracles de l’infrarouge. L’Eglise partage l’avis de la Faculté. Elle ne croit au miracle qu’en cas de guérison complète, absolument spontanée, et totalement inexplicable par la science médicale. Exemple : la guérison de l’anglican Edgar Beaubois, le 17 juillet 1923, au caveau du Père Laval. L’Eglise ne reconnaît officiellement qu’une soixantaine de miracles à... Massabielle. C’est le cas de le dire : en matière de miracle, elle a la main plutôt lourde. Elle a cent fois raison.
Il en faut davantage pour refroidir Marthe du Mesgnil d’Engente. Reconnaissante, elle revient, chaque 9 septembre, remercier son Bon Père Laval, de lui avoir rendu bras et jambes et surtout la possibilité de reprendre assidûment ses œuvres caritatives. Si elle est française, elle vit à Madagascar depuis son enfance et parle le malgache mieux que les autochtones. Elle aide, en 1983, son mari à gérer un hôtel-restaurant. Elle remplit ses heures de loisirs, en s’activant auprès des lépreux, des malades, des handicapés, des prisonniers. Elle diffuse, à des centaines de milliers d’exemplaires, des images et des prières au Père Laval. Des frères spiritains malgaches et mauriciens animent un foyer Père-Laval. Elle les aide de toutes ses forces féminines. Soutenue par les autorités épiscopales malgaches, elle travaille à l’achèvement de la construction d’une église qui sera dédiée à l’Apôtre de Maurice. En 1983, il ne reste que les bancs et les vitraux à mettre en place.
Elle voulait ardemment se faire religieuse. La mort d’un frère et la maladie de sa mère en décident autrement. Elle renonce à sa vocation religieuse pour s’occuper de sa mère. Plus tard, elle se mariera et prouvera à tous, comme à elle-même, qu’une femme mariée, gérante d’hôtel et de restaurant, peut se dévouer aux autres et surtout aux pauvres, autant que le plus actif et le plus dévoué des meilleurs religieux. Pour elle, tout cela est d’une simplicité enfantine. En cas de doute, elle se met à genoux et prie : qu’aurait fait le bon Père Laval à ma place ? Qui d’entre nous aura le courage de suivre son exemple ? Mais pourquoi exiger autant d’héroïsme de notre part ?
Article publié le Lundi 22 septembre 2008, dans l'EXPRESS
9/29/2008
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