A Sainte-Croix, au caveau du bienheureux Père Laval, il est un rituel que chaque visiteur se fait un devoir d’accomplir. Hommes et femmes, tous effleurent l’effigie en plâtre du Père Laval avant de toucher le front de leurs enfants…
Chaque jour, ils sont des dizaines à accomplir ce geste qui aurait provoqué des guérisons miraculeuses. Ce soir, comme chaque année, ils seront des milliers à converger vers Ste.-Croix pour le pèlerinage annuel marquant l’anniversaire de la mort du Père Laval.
Pourtant, un seul miracle «avéré» est attribué à celui considéré par beaucoup comme «l’apôtre des Noirs». Le 17 juillet 1923, une «guérison humainement inexplicable», s’est produite sur le tombeau du Père Laval. Edgar Beaubois, un anglican, fut «miraculeusement guéri d’une maladie de peau déclarée incurable».
Pour le père Bernard Hym, curé de la paroisse de Ste.-Croix depuis 19 ans, outre ce miracle «reconnu officiellement par l’Eglise», un autre a été «identifié» il y a une douzaine d’années parmi les centaines de personnes qui considèrent avoir bénéficié d’un miracle du bienheureux Père Laval. «Après qu’un enfant a eu un œil crevé lors d’un accident, la patronne du père de l’enfant, fervente croyante, s’est rendue au caveau du Père Laval pour y prier pour sa guérison», raconte le père Bernard Hym.
La crainte des pairs
A Ste.-Croix, la femme aurait posé un mouchoir sur le caveau du Père Laval. De retour au chevet de l’enfant, elle aurait posé le mouchoir sur son œil. «Avant même que le médecin enlève le bandeau de l’enfant, elle savait que l’enfant était guéri. Elle l’a dit au médecin», ajoute le curé de Ste.-Croix.
Si dans son premier rapport, le médecin atteste que la guérison de l’enfant est totale, il reviendra par la suite sur cette déclaration. «Il a dû prendre peur et ne pas vouloir assumer une telle responsabilité. Il a alors dit qu’il restait un peu de sang dans l’œil de l’enfant», explique le père Hym. Ce qui rend caduque l’hypothèse du miracle car pour qu’une guérison soit considérée comme miraculeuse par l’Eglise catholique, il faut qu’elle soit «complète, instantanée et inexplicable par la science».
Peur d‘«assumer une telle responsabilité» ou peur de ce que diront ses pairs ? «Si tu es médecin, tu ne peux pas croire aux miracles», soutient un médecin qui a souhaité conserver l’anonymat. «Les guérisons miraculeuses n’existent pas. C’est psychosomatique. N’importe quelle personne peut combattre la maladie si elle y croit fermement.» L’effet placebo ou alors tout simplement… la foi.
Un des critères pour qu’un «miracle» soit reconnu comme tel est de «n’avoir bénéficié d’aucun traitement médical avant sa guérison». A la lumière de cela, ce médecin est d’avis qu’il est possible que les personnes qui disent avoir bénéficié d’une guérison miraculeuse n’«avaient pas à leur disposition toutes les données médicales de leur condition». Ce médecin cite l’exemple des pèlerins qui se rendent à Lourdes en chaise roulante et qui au retour arrivent à marcher. «Si ça se trouve, ils n’étaient pas paralysés mais avaient simplement une inflammation qui les empêchait de marcher.»
Pour qu’un miracle soit certifié, il doit être reconnu par le comité médical international de l’Eglise catholique. Des médecins spécialistes y siègent. Ils varient selon les cas cliniques présentés. «Leur jugement est à caractère purement scientifique, ils ne se prononcent pas sur le fait du miracle.» Mais pour le médecin interrogé, «pour peu que le médecin soit un fervent catholique, il peut être très subjectif…»
Valérie OLLA, article publié le Samedi 8 septembre 2007.
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