1/14/2008

Reconnaissance des Restes du Serviteur de Dieu Jacques-Désiré Laval

Le 2 mai 1923, à une heure de l’après-midi eut lieu l’exhumation et constat des restes du Père Laval à l'intérieur de l'église de Sainte-Croix, en présence de Mgr Murphy, entouré du tribunal ecclésiastique, constitué la veille, de quelques médecins, les docteurs Delaître, Keisler et Rouget, et d’un nombre restreint de témoins.

Ainsi se trouvaient réunis presque tous les Pères du Saint-Esprit de Maurice, des Pères Jésuites, des prêtres séculiers, des journalistes, des photographes, quelques invités de marque, des fidèles de la paroisse et de la ville de Port-Louis, en tout deux cent cinquante ou trois cents personnes, qui avaient osé braver une pluie torrentielle.

Pour éviter l’affluence considérable qui n’eut pas manqué de se produire, le jour et l’heure de cette formalité furent gardés dans le plus grand secret. Un cordon de policiers, mis à disposition assurèrent l’ordre autour de l’église et du caveau pendant que s’accomplissait cette reconnaissance.

Retenues à distance, les quelques centaines de personnes accourues au dernier moment, malgré la pluie battante, priaient à haute voix, le chapelet en main, surtout pendant le transfert du cercueil du caveau à l’église. Sur cette petite foule pesait une lourde atmosphère d’attente anxieuse. Que recelait cette bière que les pompes funèbres déposeraient au milieu du transept, sur la longue table drapée d’une grande nappe blanche ? Beaucoup espéraient qu’on y trouverait un Père Laval en état de parfaite conservation ce qui d’ailleurs, n’aurait avancé en rien la cause de sa béatification.

En fait, quand les menuisiers et les plombiers eurent terminé leur besogne, dans le cercueil éventré, on vit un squelette en état normal après cinquante-neuf ans de sépulture, à l’abri de l’humidité.

Tous les os étaient conservés. Des vêtements, il ne restait plus que quelques vestiges. Le col, le cordon, les chaussures avaient résisté à l’action du temps, avec le crucifix qui reposait sur sa poitrine. Aucun phénomène extraordinaire à signaler. L’ensemble dégageait une très légère odeur de moisissure. Du reste, deux à trois ouvertures pratiquées à la longue dans le plomb, sans doute par l’action des liquides provenant de la décomposition des chairs, avaient permis l’entrée de l’air dans le cercueil.

Les deux médecins présents procédèrent alors séparément, à l’expertise anatomique qui fut consignée dans deux procès-verbaux. Les ossements furent ensuite enveloppés dans un suaire et les médecins arrangèrent le squelette dans le double cercueil en plomb et en teck, fabriqué sur place pendant que les médecins accomplissaient leur tâche. Entre les fémurs du squelette le Notaire présent déposa une pièce d’identification enfermée dans un cylindre métallique ; le document, écrit à l’encre de chine sur parchemin, portait la signature du Notaire, authentifiée par celle des membres de la Cour et des principaux laïcs présents.

Les deux cercueils furent alors fermés et scellés.

Vers cinq heures, les restes du Père Laval retournèrent dans le sarcophage où ils reposent depuis le 9 septembre 1870.

Les cordes utilisées pour extraire le cercueil du sarcophage, les planches de ce cercueil, les moindres débris de bois, les vis et les clous, tout cela soigneusement rangé sur le drap blanc drapant la table qui servit de couche funèbre, toutes ces choses furent placées dans l’ancien cercueil de plomb. Celui-ci enveloppé dans le grand drap blanc, ficelé de rubans de soie rouge, scellé en plusieurs endroits, fut finalement encaissé dans un grand coffre qui restera en dépôt dans le presbytère de Sainte-Croix.

Le sarcophage ne fut pas réouvert même à l'occasion de la béatification.

Aucun commentaire: