9/24/2010

Notre-Dame-de-la-Délivrande - Lieu historique, héritage du Père Laval


Elle est nichée dans le village de Notre-Dame, Montagne-Longue. À quelques kilomètres de la capitale, mais loin du bruit et de la fureur. Elle, c’est l’église Notre-Dame-de-la-Délivrande. Un lieu de pèlerinage depuis la fin du XIXème siècle, et qui conserve l’empreinte du plus grand missionnaire connu des Mauriciens, le père Jacques-Désiré Laval.

Lundi 13 septembre, 10h50. Alors qu’un petit groupe de paroissiens s’active à préparer la messe de ce lundi, un rendez-vous mensuel, un taxi de «Petit-Raffray-R.-du-Rempart» arrive. À son bord, un couple et leur bébé de quelques mois.
Cette scène est tout-à-fait ordinaire pour les habitués de ce lieu de culte car, chaque jour, ils voient défiler des femmes enceintes, ou d’autres avec leurs enfants, qui viennent prier au pied de la statue de Notre Dame de la Délivrande. Où tout simplement pour dire merci pour une grâce obtenue.
En effet, Notre Dame de la Délivrande est reconnue dans toute l’île, et même plus loin, comme étant une oreille attentive, des bras réconfortants et rassurants, pour les femmes enceintes, voire celles qui aspirent à la maternité. «Nous voyons venir des gens de toutes confessions religieuses», explique une paroissienne.
Cela dit, l’autre aspect de cette église et, qui est moins connu, c’est son lien étroit avec le Père Laval. En effet, ayant souvent accompli un pèlerinage au sanctuaire de Notre Dame de la Délivrande en Normandie (où il est né), à son arrivée à Maurice, «il s’empressa de consacrer à Marie, sous ce vocable cher à plus d’un titre à son cœur de missionnaire, une des nombreuses chapelles élevées par ses soins dans les quartiers où s’exerça son zèle».

Comme en Normandie

Ainsi, d’une paillote assez grande, le lieu fut, par la suite, transformé. En 1848, soit pas plus de sept ans après l’arrivée du Père Laval dans l’île, Mgr Collier procédait à la bénédiction et à l’inauguration d’une église en pierre pouvant accueillir 1 000 personnes.
Quelques années plus tard, l’édifice ayant été abîmé par un cyclone, c’est à la force des bras des fidèles que l’actuelle église fut construite. «Elle fut inaugurée en 1859, du vivant même du Père Laval, alors malade.» Il mourait le vendredi 9 septembre 1864.
De son vivant, le Père Laval avait aussi à cœur que «les baptisés de Montagne-Longue constituent une communauté, une famille, celle des disciples de Jésus unis par le baptême (…) Aussi, sur son bourriquet, il rendait visite, faisait le catéchisme, aidé par ses catéchistes, donnait les sacrements aux fidèles….»
Par ailleurs, comme en Normandie, l’église, avec sa statue de la vierge et de l’enfant, avait vite fait de devenir un lieu de pèlerinage. Un document datant de 1880, fait état des rassemblements de chrétiens en ces lieux à l’époque.
En 1877, par exemple, ils étaient entre «2 000 à 3 000». En 1878, ils étaient «plus de 5 000». Et l’année suivante, ce nombre avait doublé.

Remise à neuf

Dans une lettre d’un certain père Guilmin, datant de novembre 1879, ce dernier écrivait, parlant du pèlerinage: «Quoi qu’il en soit du chiffre exact des pèlerins, à ne considérer la piété et la ferveur qui animaient tout le monde, on peut dire que ce fut une manifestation des plus belles et des plus consolantes.» C’est dire l’ambiance qui y régnait alors!
Outre les bases d’une foi solide, le Père Laval a aussi laissé un merveilleux et précieux cadeau aux paroissiens de cette église. Une croix en métal, disposée aujourd’hui sur une croix en pierre à l’entrée même de la cour de l’église. Cette croix avait été «sauvée des destructions de la Révolution française» et le Père Laval l’avait «amenée dans sa malle en venant à Maurice».
Ce cadeau personnel du Père Laval aux fidèles avait été béni par lui-même, le dimanche de la Passion en 1849.
Tant d’années après son passage à Notre-Dame-de-la-Délivrande, les fidèles de cette localité continuent à progresser dans leur foi à travers les différents mouvements.
La paroisse reste aussi un lieu en constante progression avec, entre autres exemples, la clôture et l’aménagement de la cour, la création d’une école maternelle, et bientôt, la remise à neuf du toit de l’église.
Beaucoup de fidèles originaires de la localité sont aussi restés fidèles à ce lieu de culte et reviennent régulièrement pour participer aux célébrations eucharistiques.

La Vie Catholique (NDLR: Ce texte a été réalisé en partie grâce à des documents d’archives.)

Ensemble, tournés vers le Père Laval


Comme chaque année, une foule nombreuse s’est déplacée de toute l’île Maurice pour rendre hommage au Bienheureux Père Jacques-Désiré Laval, les 8 et 9 septembre. Discipline et recueillement étaient de mise. 146 années après sa mort, le Père Laval continue à interpeller et à mobiliser des milliers de Mauriciens, toutes religions confondues.

2010 n’a pas dérogé à la tradition. Cette année encore, une marée humaine a rempli Ste-Croix et le tombeau du Père Laval, pour lui rendre hommage et prier. À pied, en voiture, par le transport en commun, les habitués du pèlerinage se sont joints à ceux qui faisaient la démarche pour la première fois. Et ce, pour faire, comme un seul homme, route ensemble vers l’apôtre des Noirs.

Plusieurs messes ont été célébrées, tant le 8 que le 9 septembre. Celle du 8 septembre, à 20h30, était présidée par l’évêque de Port-Louis, Mgr Maurice Piat. Il était entouré de plusieurs prêtres. Et des centaines de personnes s’étaient massées dans la cour de l’église pour participer à cette Eucharistie.

Durant son homélie, l’évêque de Port-Louis a parlé de l’exemple donné par le Père Laval. Lui qui, comme Marie, a appris à se mettre debout au pied de la croix pour contempler Jésus et lui dire merci d’avoir donné sa vie pour les hommes.

Mgr Piat a aussi profité de cette occasion pour parler d’un sujet qui lui est cher: la famille. Les dangers qui guettent la jeunesse d’aujourd’hui, la souffrance des parents, l’incompréhension et le manque de communication sont autant de difficultés qui interpellent l’évêque. Il a donc invité les familles à prendre de nouvelles résolutions, à faire des gestes simples mais efficaces, comme prier et manger ensemble.

Et à l’assemblée et à la grande famille chrétienne, il a demandé de «prier pour les parents, les enseignants, les prêtres… Toutes ces personnes à qui Jésus a confié des enfants (…) Dimann Bondie aprannn nou nou dibout anba la kroi.»

Cette messe était animée par les chorales de Ste-Anne et de Ste-Odile.

Martine Thédore-Lajoie, La Vie Catholique

9/13/2010

Pèlerinage 2010 à Pinterville






9/10/2010

Mettre debout un peuple marginalisé


Jacques Désiré Laval est né le 18 septembre 1803 en France et est mort le 9 septembre 1864 à Sainte-Croix, île Maurice. Prêtre et missionnaire spiritain français, il est aujourd’hui considéré bienheureux par l’Église catholique romaine.

Il est né en 1803 à Croth, petit village de la vallée de l’Eure, en Normandie, alors que la France était encore bouleversée par les événements de la Révolution et les guerres napoléoniennes. Il fut prénommé Jacques, comme son père, propriétaire d’une ferme et maire du village, et aussi Désiré, parce que ses parents souhaitaient vivement un garçon après les trois premières filles.
Après des essais plus ou moins réussis de premières études, son père l’envoya au prestigieux collège Stanislas de Paris, d’où il sortit bachelier des lettres, à l’âge de 22 ans, et des Sciences l’année suivante. Il entreprit des études de médecine et soutint avec succès le 21 août 1830 une thèse sur le rhumatisme articulaire. La révolution de 1830 éclata et les barricades dressées dans la capitale ramèneront le jeune docteur en médecine en sa Normandie natale.
Médecin de campagne
Pendant quatre ans, de septembre 1830 à avril 1834, Jacques Désiré Laval fut médecin à Saint-André-del’Eure, faisant souvent preuve d’une grande charité, mais une campagne de calomnies organisées contre lui l’obligea à se fixer à Ivryla- Bataille, où survint un grand changement dans sa vie. La conversion du Dr Laval fut lente mais profonde. Une déception amoureuse avec une cousine, une chute de cheval qui aurait pu être mortelle ne furent peut-être que coïncidences. Jacques Désiré Laval annonça alors, au grand étonnement de beaucoup, son entrée au séminaire d’Issy-les-Moulineaux le 15 juin 1835. Quatre ans plus tard, le 22 décembre 1838, il fut ordonné prêtre dans la petite chapelle du séminaire de Saint-Sulpice de Paris par l’archevêque de Paris, Monseigneur de Quélen.
Le 8 janvier 1839, le Père Laval fut nommé “desservant” d’une petite paroisse de 485 habitants, située au sud de Louviers, Pinterville. Il y restera deux ans, ce qui lui permit de vivre son noviciat de futur missionnaire : austérité de vie, porte ouverte aux pauvres, attention aux conditions de vie des paroissiens, permanence de la prière. L’abbé Laval entendit alors l’appel d’une plus grande misère à soulager.
Mgr Collier, nommé vicaire apostolique de l’île Maurice, accepta ses services pour l’apostolat des Noirs qui venaient d’être affranchis de l’esclavage. Le Père Laval entra dans la société du Saint-Coeur de Marie fondée par le père François Libermann aujourd’hui appelée Congrégation du Saint-Esprit. Il quitta Pinterville à tout jamais le 23 février 1841, arriva à Londres le 14 mai et s’embarqua, les mains vides, sur le Tanjore, le 4 juin 1841. Il ne reverra plus l’Europe.
Après cent jours de traversée, le Père Laval débarqua à Port-Louis dans la plus grande indifférence. Le 26 septembre 1841, il reçut la charge de la Mission des Noirs et se mit à apprendre le créole, se fit un catéchisme de base et repéra parmi les esclaves, définitivement affranchis par les autorités britanniques le 1er avril 1839, le petit groupe de ceux qu’il pourrait former pour qu’ils deviennent ses aides. Il leur rendait visite dans leurs huttes, à l’hôpital et à la prison et fit construire de petites écoles de brousse et des centres de prière à travers le pays et, depuis son confessionnal, il veillait à leur bon fonctionnement. Détruites pour la plupart par un terrible cyclone le 8 mars 1848, ces chapelles furent aussitôt reconstruites avec enthousiasme par les fidèles.
Le Père Laval, d’abord seul puis secondé par d’autres missionnaires, sut guérir et remettre debout, physiquement et moralement, tout un peuple que les nantis se plaisaient à considérer comme marginal. Mais, plus les succès augmentaient, plus l’opposition croissait. Les Blancs de l’île le surnommèrent “ la grosse bête noire “ et le Père Laval dut même assurer ses instructions du soir sous la protection de deux policiers. Une fois l’aversion passée, les sentiments des colons blancs évolueront peu à peu vers la confiance et, pour certains, vers une profonde admiration.
La fin du chemin
En mai 1854, le choléra sévit à Maurice. Le Père Laval se dévoua à l’extrême pour les malades et les mourants. Il en fit de même lors de l’épidémie de variole, elle aussi très meurtrière en 1856.
Malade à la fin de sa vie et après avoir été frappé par des attaques d’apoplexie, il mourut le vendredi 9 septembre 1864. Quand, le dimanche suivant, à onze heures du matin, on ferma son cercueil, 20 000 personnes avaient défilé devant le corps de l’Apôtre des Noirs. Il n’y avait eu personne pour l’accueillir à son arrivée à Maurice ; il y en eut 40 000 pour l’escorter à sa dernière demeure, au pied du calvaire, devant l’église de Ste-Croix.

Le père Bernard Hym : «Le Père Laval: pas un homme de sacristie, mais de proximité»


Le père Bernard Hym, directeur du pèlerinage auprès du Père Laval, continue à sa manière l’œuvre du grand saint qui consiste à aider les gens à se prendre en main. «Je n’arrive pas aussi bien que lui, mais c’est un challenge perpétuel.» Rencontre.

Le thème du pèlerinage Père-Laval cette année: «Per Laval dir: Zezi finn fer so travay, anou fer nou par». Comment est-ce que ce thème nous parle aujourd’hui?

À l’époque du Père Laval tout était à faire. Les gens étaient baptisés mais pas évangélisés. La première mission du Père Laval a été de leur donner la possibilité de rencontrer Jésus et de continuer son œuvre. Les auxiliaires laïcs, tout juste sortis de l’esclavage et que le Père Laval avait pris autour de lui, étaient des gens tout simples.
Après les avoir formés, ces derniers bouillonnaient de joie et avaient le désir ardent de partager l’Evangile aux autres. Comme le Christ avait besoin de ses apôtres, du Père Laval, des auxiliaires du Père Laval, Il a aussi besoin de nous aujourd’hui. Je suis convaincu que le Père Laval nous oblige à nous réveiller aujourd’hui.

Qui sont ces auxiliaires laïcs du Père Laval? Quels ont été leurs rôles?

Les auxiliaires du Père Laval étaient des persévérants, des gens que le Père Laval avait préparés au mariage. Qui avaient continué à vivre leur vie chrétienne. Des gens que le Père Laval avait préparés à la Première Communion, avait formés et avait pris comme parrains et marraines pour les nouveaux baptisés. Ils étaient devenus des soutiens.
Emilien Pierre, qui habitait à Trou-Fanfaron, a été un des auxiliaires laïcs du Père Laval. A coté de chez lui, il y avait un camp de regroupements de négriers récupérés d’un bateau. Ces derniers, qui faisaient des travaux d’utilités publiques, vivaient encore une forme d’esclavage. Voyant leur misère humaine, physique et spirituelle, Emilien Pierre les avait visités, catéchisés et préparés au baptême. Il n’avait pas les moyens matériels pour les libérer, mais il s’était intéressé à eux en leur proposant l’Evangile.
Outre d’être des baptisés, ils allaient intégrer la société mauricienne, gagner des points de repères, tisser des relations, avoir un travail sur lequel ils pouvaient dépendre. Finalement, ils étaient devenus des gens responsables. Ils avaient retrouvé la dignité humaine.

Que sont devenus ces auxiliaires laïcs du Père Laval par la suite?

On ne sait pas où ils ont été enterrés – même pas Emilien Pierre. Parmi, certains sont devenus peut être des saints qu’on a oubliés.

Peut-on encore trouver des gens qui ont le visage de ces auxiliaires laïcs du Père Laval aujourd’hui?

Ceux qui travaillent avec les drogués et les alcooliques au Centre d’Accueil de Terre-Rouge, à Lacaz A.
Ceux qui font le catéchisme, animent le Service d’Ecoute et de Développement (SEED), l’alphabétisation, le soutien scolaire.
Ceux qui travaillent pour trouver un logement pour tous, qui aident les gens à retourner à la terre afin de se nourrir et de nourrir leur famille. Ces gens-là ont le profil des auxiliaires laïcs du Père Laval. A travers eux, l’œuvre du Père Laval perdure.

Les pauvres avaient une grande place dans la vie du Père Laval. Qui sont les pauvres aujourd’hui?

Il y a tellement de pauvretés qu’il est temps de les regarder en face pour trouver des solutions adaptées. Il y a la pauvreté matérielle, éducationnelle. Il y a les défaitistes convaincus qu’ils ont déjà tout perdu d’avance. Il y a la pauvreté relationnelle: à l’intérieur des couples, des familles.
On ne sait plus comment dialoguer, comment gérer les conflits, comment aider les alcooliques, les drogués, les prostitués. Pour aider ces pauvres à se remettre debout, on a besoin des gens qui donnent non seulement leur argent, mais aussi et surtout leur temps. En d’autres mots des gens qui se donnent. Là, il y a une mentalité à changer.

C’est un peu le message que le Père Laval nous adresse aujourd’hui?

Notre monde n’est pas encore prêt à ce travail. Il y en a très peu qui répondent à ces appels qui consistent à aider les gens à sortir de leur pauvreté et à se prendre en main. Il y a quelque chose à faire dans ce sens.

Comment le Père Laval peut encore être un guide pour nous aujourd’hui?

En regardant le nombre de pèlerins qui défilent au caveau du Père Laval, on comprend que le saint homme a une place privilégiée dans le cœur des gens.
A l’époque il n’y avait presque pas de prêtres. Aucun ne s’intéressait ou n’était capable de s’occuper de la communauté noire.
Dès qu’il y a eu assez de prêtres, les auxiliaires laïcs du Père Laval n’avaient plus leur place. On est revenu au cléricalisme.
Aujourd’hui, on prétend qu’on a besoin des laïcs par manque de prêtres. Or, depuis le Concile Vatican II, on nous demande, au nom de notre baptême, de prendre l’Evangile en main. Le baptême est la source de la mission. Au nom de leur baptême, prêtres et laïcs ont chacun un rôle spécifique.

Le Père Laval a compris cela très tôt?

Le Père Laval a été un prophète en son temps. D’une part, il savait qu’il allait être seul et avait ainsi formé des laïcs. D’autre part, parce qu’il était rempli de la présence du Christ, il pouvait voir et sentir la joie des gens par rapport à l’émerveillement de la découverte de l’Evangile. Il pouvait même percevoir leur désir de le partager. Après les avoir formés, il mettait en place une structure pour que cet Evangile, qui se vivait, puisse aussi être partagé.
Rappelons que le monde à l’époque était délétère: la communauté blanche n’était pas un exemple; les Noirs n’avaient aucune formation; le monde anglais était perçu comme celui dont il fallait se méfier. Il n’était pas question d’œcuménisme, mais de concurrence.

Qu’apprend-t-on à l’école du Père Laval?

Le Père Laval avait accepté de partir d’une réalité et non d’un rêve. Il nous apprend l’humilité. A être quelqu’un au service des autres, avec les talents reçus du Seigneur. Le Père Laval avait puisé cet impérieux besoin de se donner aux autres dans une prière constante. Il priait dès qu’il n’était pas en service. D’ailleurs, dès que les gens se tournaient vers lui, il les dirigeait vers la croix.

Justement, le Père Laval n’avait que deux photos: une assis avec la croix sur le cœur et l’autre, debout montrant la croix. La croix avait-elle une place importante dans sa vie?
La croix était au centre de la vie du Père Laval. Quand il fait son bagage pour l’île Maurice, il y met sa croix et son bréviaire. Historiquement, il ne faut pas oublier que l’époque du Père Laval était très doloriste. D’ailleurs, un des disciples d’Emilien Pierre avait médité chaque jour la passion du Christ pendant douze ans.

Où peut-on encore trouver la croix du Père Laval?

La croix du Père Laval est fixée sur le calvaire en pierre à Notre-Dame-de-La-Délivrande, Montagne Longue. Après sa mort, ses confrères organisaient des pèlerinages en ce lieu.

Revenons au pèlerinage. Qu’avez-vous prévu pour qu’il soit une démarche de foi et non religieuse?

J’ai personnellement envoyé un dossier à chaque paroisse pour que les fidèles se préparent spirituellement. J’ai moi-même médité les textes qui vont être utilisés. J’ai donné quelques éléments de la vie du Père Laval en lien avec la Lettre Pastorale de l’évêque.
Le ‘kit’ contient aussi un quiz qui permet de jouer, tout en découvrant la vie du grand saint. Tout cela a été mis sur le site du diocèse à l’intention des fidèles. La démarche peut être collective ou personnelle.
Mais, la préparation revient à chaque pèlerin. Chacun doit se poser la question: qu’est-ce que je viens faire à ce pèlerinage?

Le Père Laval passait huit heures par jour à confesser les pauvres. De même, dans la nuit du 8 au 9 septembre, il y a beaucoup de confessions. Doit-on comprendre que le sacrement de réconciliation est vital dans la vie d’un chrétien?

De nos jours, les prêtres sont de moins en moins disponibles pour confesser. Les fidèles de moins en moins à demander la confession. Nous avons perdu le sens du péché. Le pèlerinage peut être une occasion de redécouvrir le sens du péché qui est non seulement une erreur qui se paie, mais un amour qui a été lésé.
Le sacrement de la réconciliation est un chemin pour reconstruire notre relation avec Dieu et reconnaître, par la même occasion, que c’est notre relation avec les autres qui est en jeu. La présence perpétuelle du Père Laval dans le confessionnal aidait les gens à vivre une véritable dimension spirituelle.

En voyant le nombre de chapelles que le Père Laval a fait construire, on sent qu’il avait le désir de construire des communautés de base à travers l’île.

Le Père Laval n’avait pas fait construire de chapelles. C’étaient les fidèles qui éprouvaient le désir de construire un lieu de culte pour se rassembler.
Ces derniers se réunissaient d’abord dans une chambre, ensuite dans une varangue, dans une paillotte convertie enfin en une petite chapelle. Beaucoup sont devenues des églises paroissiales par la suite.
Cependant, l’eglise Saint-Sauveur à Bambous est le lieu de culte que le Père Laval avait fait construire. Les gens de Camp Mapou et d’Henrietta descendaient, à pied et à jeun, chaque dimanche à partir de 3h, 4h, 5h du matin pour être à la messe de midi. Messe qui allait être célébrée par le Père Laval. Voyant cette procession dominicale, les gens de Bambous s’étaient aussi mis en route.

Le Père Laval passait beaucoup de son temps à confesser, à catéchiser. Il ne s’est pas beaucoup préoccupé pour améliorer le système oppressif d’alors, disent ses détracteurs…

On ne peut demander au Père Laval d’être ce qu’il ne l’était pas. Dans ce cas, au temps du choléra, on aurait pu lui demander d’exercer comme médecin. Or, sa mission était de donner le sacrement de malades aux cholériques malgré qu’il utilisait ses connaissances médicales à leur disposition.
Est-ce que le système a changé aujourd’hui? Va-t-on demander à l’Eglise de prendre la responsabilité de l’Etat? La mission de l’Eglise est de former de bons chrétiens qui, par la suite, peuvent prendre leur responsabilité dans le pays. L’Eglise n’a pas cette prétention de faire le travail de l’Etat.

Qu’est-ce qui provoque selon vous cette grande ferveur autour du Père Laval. Est-ce parce qu’il a été médecin avant d’être prêtre que les fidèles cherchent la guérison auprès de lui?

Dès son arrivée à Maurice, le Père Laval a été un prêtre pour tous – les Noirs comme les Blancs. Il n’était pas un homme de la sacristie, mais un homme de proximité. Ce qui lui a permis de tisser de solides liens.
A sa mort, 40 000 personnes accompagnaient son cercueil, alors qu’à son arrivée personne ne l’a accompagné de Trou Fanfaron à la Cathédrale.
Le Père Laval a su marquer. Il a touché les Noirs comme les Blancs. Il est mort avec une réputation de sainteté. Une jeune fille a été guérie le jour de ses funérailles à la Cathédrale.
Venir au Père Laval est source de paix et de réconfort pour beaucoup. Plusieurs sont convaincus d’avoir obtenu une grâce du Seigneur grâce au Père Laval.
Remplis de gratitude, ils n’arrêtent pas d’affluer à son caveau. Et cela, en permanence. Cela démontre que l’œuvre du Père Laval perdure.

Quel est le nombre de pèlerins à Sainte-Croix?

Une moyenne de 10 000 par semaine. Dans les 48 heures du pèlerinage et le week-end qui suit, on peut compter au moins 75 000 pèlerins.

Sandra Potié, La Vie Catholique

9/09/2010

Marche vers le tombeau du Père Laval ce soir


De nombreux Mauriciens viendront à pied, ce mercredi soir, se recueillir au tombeau du Père Laval, à Sainte-Croix de différentes régions du pays. Des messes seront aussi célébrées au cours de cette nuit.

Le comité organisateur du pèlerinage et la police ont pris une série de mesures pour assurer la sécurité des pèlerins et contrôler le trafic routier. Ainsi, une forte mobilisation policière est prévue à cette fin.
Aucun commerce ni jeu de hasard ne sera autorisé dans les maisons, cours ou autre espace sur l’allée et les rues latérales menant vers ce lieu sacré dans la nuit de mercredi et dans la matinée de jeudi. Les marchands opérant à ces endroits ne pourront utiliser des bonbonnes de gaz et d’autres carburants pour préparer des gâteaux ou fritures dans les environs des stations-service.
Des barrières métalliques seront aussi installées tout au long de l’allée Père Laval entre la jonction de la route des Pamplemousses et l’église ainsi que certaines parties des rues avoisinantes. Un controle très strict sera maintenu aux heures de fermeture des débits de boissons de la région.
D’importantes diversions des routes seront mises en place, alors que certaines routes seront fermées à la circulation. A partir de 18 heures ce mercredi et ce jusqu’à midi le jeudi 9 septembre, l’allée Père Laval depuis la jonction de la route des Pamplemousses jusqu’à l’église de Sainte-Croix sera décrétée zone piétonnière.

Jacques Désiré Laval, le bien-aimé des Mauriciens
Jacques Désiré Laval, né le 18 septembre 1862 à Croth (Eure, France), mort le 9 septembre 1864 à Sainte-Croix à Maurice, et missionnaire, spiritain considéré bienheureux par l’église catholique romaine, est fêté le 9 septembre.
D’abord médecin puis curé de campagne en Normandie, il a été, pendant les vingt-trois dernières années de sa vie, missionnaire à Maurice, auprès des esclaves affranchis. Le pape Jean-Paul II l’a béatifié le dimanche 29 avril 1979 en la Basilique de Saint-Pierre de Rome.
Le dossier pour la canonisation du père Laval est actuellement à Rome. Le Père Laval a débarqué à Maurice le 13 septembre 1841 à l’âge de 38 ans. Sir Lionel Smith, gouverneur de l’île, voulant favoriser la langue anglaise et le protestantisme, n’a pas vu l’arrivée de ce prêtre français d’un bon oeil. Dès son arrivée à Port-Louis, ce dernier a appris le créole et fait un catéchisme de base. Le 26 septembre 1841, le Père Laval a reçu la charge de la Mission des Noirs.
Ce n’est que le 29 avril 1979 que Jacques-Désiré Laval a été déclaré Bienheureux par le pape Jean-Paul II en la Basilique de Saint-Pierre de Rome. La date du 9 septembre a été officiellement décrétée pour la célébration de sa fête.

Per Laval dir : “Zezi finn fer so travay, anou fer nou par”


Au mois de septembre, la paroisse de Sainte-Croix accueille de nombreux pèlerins, venus de tous les coins de Maurice au tombeau du Père Laval. Le thème cette année est: “Zezi finn fer so travay, anou fer nou par”. Le père Bernard Hym, directeur du pèlerinage, explique le choix de ce thème : “l’éducation est source de libération ; or combien d’enfants quittent l’école primaire sans savoir ni lire ni écrire, et souvent dégoûtés d’apprendre ?! Pour encourager les enfants en difficulté, avant qu’il ne soit trop tard, d’anciens professeurs, des parents, des élèves du secondaire mettent à disposition leurs compétences en assurant des cours de soutien scolaire. Dans la paroisse de Sainte-Croix, des entrepreneurs s’organisent pour donner des bourses afin de soutenir des élèves qui ont le potentiel mais n’ont pas les moyens financiers d’aller à l’université. Et nous, chacun pour notre part, que pouvons-nous faire ? Qu’est-ce qui est possible à notre niveau ?”. Ce thème se situe dans le droit fil de lettre pastorale 2010 de Mgr Maurice E. Piat. L’évêque de Port-Louis, Mgr Maurice E. Piat, a célébré une messe à Sainte-Croix le mercredi 8 septembre à 20h30 et retransmise en direct sur la MBC Tv. Le jeudi 9 septembre, la messe de 10 heures à Sainte-Croix, célébrée par le père Jacques-Henri David, sera retransmise en direct sur Radio Maurice.

Les Mauriciens rendent hommage à leur apôtre


Les pèlerins affluaient très nombreux hier soir vers le caveau du Bienheureux Père Laval, à Sainte-Croix. Une messe a été célébrée en l'église de Saint-Croix par l'évêque de Port-Louis, Mgr Maurice E. Piat, placée sous le thème cette année : “Zezi finn fer so travay, anou fer nou par”. Un fort dispositif de la police assurait le bon déroulement du pèlerinage.

Le rendez-vous des Mauriciens avec le Bienheureux Père Laval

À Sainte-Croix hier soir, le Père Laval a encore attiré la foule. Tranquille, portant des fleurs et des bougies, elle convergeait vers le caveau du Bienheureux missionnaire, dans un esprit de dévotion, de confiance, et pour recevoir sa bénédiction. Un fort dispositif de police garantissait le bon déroulement du pèlerinage. Les Mauriciens ont pu assister à la messe de 22 heures et se rendre au caveau jusqu’aux petites heures de ce matin.
Histoire d’un appel
Jacques Désiré Laval naît le 18 septembre 1803 à Croth, en Normandie. Il perd son frère jumeau, Michel très tôt. Après avoir effectué des études de lettres, il embrasse la carrière de médecin en 1830. Agé de 27 ans, il s’installe confortablement - et même dans le luxe - et néglige la pratique de sa religion. Cependant, tout en résistant à Dieu, le docteur Laval ressent l’appel de la prêtrise. Le curé du village voisin l’aide à revenir vers Dieu et Jacques D. Laval entre au séminaire de Paris en 1834. Il est ordonné prêtre par l’archevêque de Paris le 22 décembre 1838. Il est aussitôt nommé à Pinterville, village de 483 habitants.
En 1840, Mgr Collier, qui vient d’être nommé Vicaire Apostolique de Maurice, est en France pour chercher des prêtres pour s’occuper des affranchis et faire renaître la communauté chrétienne de Maurice. L’évêque fait sienne, dans le même temps, la proposition qu’on lui fait pour le projet de société missionnaire pour les Noirs et prend cette œuvre sous sa protection. Le père Laval accepte immédiatement de se mettre au service de “l’œuvre des Noirs” et débarque à Maurice un matin de septembre 1841.

A cette période, l’Ile Maurice est en proie à un grand bouleversement social. Avec l’affranchissement des esclaves, trois fois plus nombreux que les maîtres, c’est une nouvelle société qui surgit. En une vingtaine d’années de vie active, le père Laval va être le principal acteur d’un changement de mentalité qui est à l’origine de la nation mauricienne d’aujourd’hui. Il accueille les affranchis, les catéchise et demande à ses catéchumènes d’adopter une vie droite, surtout au niveau des mœurs.
Le sérieux de la conversion des affranchis se manifeste dans le recul de la consommation d’alcool, l’augmentation du nombre de baptêmes, des premières communions, la régularisation des mariages.
La publication du rapport du recensement de 1851 met en évidence que le changement de comportement parmi les affranchis est dû au travail du Père Laval. En 1854, quand éclate l’épidémie de choléra, le Père Laval se dévoue jusqu’aux limites de ses forces.
En 1855, 20 catholiques fondent la conférence de la société de Vincent-de-Paul locale. Ils prennent l’engagement de travailler au soulagement moral et matériel de la classe la plus pauvre. Le Père Laval leur confie la tâche de fonder et de soutenir des écoles pour les enfants pauvres. Ces conférences de Saint- Vincent-de-Paul créent une solidarité dans la population et sont un manifeste pour une Eglise au sein de laquelle les gens s’entraident. Un nouvel élan de ferveur anime la communauté chrétienne ; mais les pères sont épuisés. La tâche apostolique se révèle immense et les dépasse.
En 1859, le Père Laval, épuisé physiquement, est relevé de sa responsabilité.
En 1860, en s’avançant pour prononcer son sermon, il s’écroule sur les dalles de l’église, frappé d’une thrombose qui le diminuera beaucoup. Pendant quatre ans, il va supporter la maladie, le vieillissement, l’impossibilité de faire de l’apostolat. Sa plus grande souffrance est de ne plus célébrer la messe. Il meurt le 9 septembre 1864. “Le Cernéen” écrit alors : “le Père Laval (...) a été l’apôtre de Maurice dans toutes les classes et, avant de fermer les yeux, il a vu une seule famille de Mauriciens dans la Sainte Eglise catholique”.
En 1965, la dépouille du Père Laval est transférée dans un caveau plus vaste et spacieux, celui que l’on connaît actuellement. En 1976, Mgr Jean Margéot, évêque de Port-Louis lui consacre sa lettre pastorale : “avec l’invincible obstination des doux, il exalta la dignité humaine”.

Le Père Laval a été proclamé Bienheureux en 1979. En 1923, M. Beaubois, atteint d'une plaie qu'on avait diagnostiquée incurable, est miraculeusement guéri alors qu'il prie au tombeau du Père Laval. En juillet 1977, le pape Paul VI et la Congrégation pour la cause des saints reconnaissent la guérison de M. Beaubois comme un miracle. Le 29 avril 1979, la béatification solennelle du Père Laval a lieu à Rome par le pape Jean-Paul II, dont ce sera la première cérémonie de béatification.
Le Matinal

Pèlerinage Père Laval : Grosse affluence à Sainte-Croix le soir du 8 septembre


Des milliers de chrétiens et de non-chrétiens ont effectué le pèlerinage jusqu’au tombeau du père Laval durant la nuit du 8 au 9 septembre. Une messe a également eu lieu à Sainte-Croix pour rappeler aux Mauriciens les œuvres du père Laval en faveur du progrès social.

Depuis le 7 septembre, les gens ont commencé à venir au tombeau du père Laval pour prier. Près du lieu de culte, ont pris place des marchands de fleur, de bougies et de nourriture.

«Nous savons que les pèlerins achètent de la nourriture et nous avons prévu de vendre des vivres durant toute cette nuit», souligne Krishna, un marchand de faratas, venu spécialement pour l’événement.

Les croyants affirment que pour eux, ce jour est spécial et ils croient que le père Laval prie pour eux. «C’est un grand événement pour Maurice et nous sommes venus ici pour prier, comme tout les ans à cette date», affirme Mélanie, qui a fait le pèlerinage depuis Grande-Rivière.

C’est dans ce même élan que plusieurs milliers d’autres croyants feront le pèlerinage aujourd’hui et demain. Certains attendent tout simplement que diminue la foule pour accéder plus facilement au tombeau du père Laval et se recueillir.

L'Express

9/08/2010

Pèlerinage Père Laval - Les préparatifs vont bon train...


« NOUS avons eu cette année quelques difficultés concernant l’organisation du pèlerinage », concède le père Bernard Hym, responsable de l’organisation du pèlerinage de Père Laval.

Une centaine de personnes ont été sollicitées pour ces préparatifs, allant des officiers de la municipalité de Port- Louis et des forces policières en passant par les brancardiers aux pompiers.

Ainsi, dans la cour de l’église Père Laval à Sainte- Croix, les dernières bâches et les tentes blanches sont en train d’être montées, les ouvriers, appliqués se pressent dans l’urgence afin que tout soit prêt pour le jour J. A l’occasion de cette marche dans la nuit du 8 au 9 septembre, la sécurité des pèlerins reste la priorité des autorités et des organisateurs.

« Nous voulons comme chaque année que tout se passe pour le mieux. Nous attendons cette année environ 75 000 pèlerins, c’est plus que l’année dernière », poursuit notre interlocuteur.

En effet, dés aujourd’hui, des milliers de Mauriciens venant des quatre coins de l’île, se dirigeront avec ferveur à la sépulture de Père Laval à Sainte- Croix. Jeunes et moins jeunes iront remercier pour une grâce obtenue, ou alors demander la guérison d’une maladie.

« J’ai la chance d’habiter pas très loin du tombeau de Père Laval.

Il est mon confident, je lui raconte tous mes soucis. Il m’aide à avancer », se confie Anne Marie Lebon, 53 ans, femme au foyer, habitante de Sainte-Croix. Cette fidèle en attendant d’aller chercher ses petits-enfants à l’école, ne rate jamais l’occasion de se recueillir sur le mausolée du Père Laval.

Outre l’aspect sécurité, il est à noter que d’importantes déviations sont à prévoir pour les automobilistes. Ainsi, tous les véhicules individuels et les transports publics doivent quitter l’autoroute à la hauteur de Roche- Bois et doivent rentrer par la Rue Cocotterie. Les bus provenant du Nord et de l’Ouest doivent déposer les passagers juste avant l’Allée Père Laval et en reprendre à Jumbo Richeterre.

« Les déviations sont bien indiquées et la police sera là pour guider les conducteurs, conclut Bernard Hym.

75 000 pélerins sont attendus. Leur sécurité reste la priorité des autorités.

Elodie JOUENNE, L'express

9/03/2010

Sur les traces du Bienheureux


Ferveur, piété, recueillement animeront le cœur de ces milliers de pèlerins, toutes communautés confondues, qui convergeront vers Ste-Croix. Retour Sur les traces du bienheureux Jacques-Désiré Laval avec Benoît Smerecki.

La vie du jeune Jacques-Désiré Laval était marquée par l’exemple admirable de sa mère. Affectueuse et tendre, elle était une âme très charitable secourant les pauvres des campagnes normandes.
À 14 ans, il entre au petit séminaire d’Évreux. Mais, jeune, frivole et paresseux, il s’y ennuie et rentre chez lui. Son père, mécontent, l’assigne aux plus rudes des travaux de la ferme. Le jeune Jacques reprend ses études et est envoyé au collège Stanislas à Paris.
Doué d’une brillante intelligence, il est reçu bachelier-es-lettres à l’âge de 22 ans. En 1825, il est reçu bachelier-es-sciences physiques et est reçu médecin le 21 août 1830.
Le 3 février 1835, un évènement important a failli provoquer la mort du jeune médecin: il fait une terrible chute de cheval. Il reconnaît alors l’appel de Dieu. «Si je suis vivant, c’est que Dieu m’appelle ailleurs (…) J’ai embrassé la médecine et aujourd’hui, je vois que j’ai eu tort. Dieu m’appelle à être prêtre. C’est ma vocation…»
Le 22 décembre 1838, Jacques-Désiré Laval est ordonné prêtre par Mgr Hyacinthe de Quelen.
Le 8 janvier 1839, il est envoyé à Pinterville, qu’il quitte le 21 février 1841, déclarant après la messe: «Je m’en vais… c’est que Dieu me veut missionnaire.»
Il s’embarque sur le navire Tanjore, à destination de Maurice, le 4 juin 1841, avec Mgr William Collier, évêque bénédictin et d’autres prêtres. Le 13 septembre 1841, le Père Laval débarque à Maurice. Il reçoit la charge de la Mission des Noirs. On le tourne en ridicule: «Pauvre abbé, il perd son temps.»
Il commence par apprendre le créole, fait le catéchisme avec les Noirs affranchis, leur enseigne l’Évangile, forme et envoie ses premiers laïcs évangéliser les Noirs, leur enseignant le catéchisme en créole.
Sa foi héroïque, admirable, extraordinaire, son courage inébranlable, son amour mystique pour Jésus-Christ, et à travers lui, Dieu notre Père et sa dévotion exemplaire à Marie, font déjà de lui, un «Saint».
Ce 9 septembre 2010, Maurice a-t-elle vraiment changé depuis septembre 1841 sur le plan moral, social où régnaient misère, racisme, corruption, injustice sociale, immoralité? Comment réagissons-nous, Mauriciens, face aux fléaux sociaux d’aujourd’hui? Sommes-nous conscients que le combat pour une île Maurice plus juste, humaine, solidaire des pauvres dépend de chacun de nous? Soyons tous de vrais patriotes, engagés dans le combat pour la dignité humaine… à l’exemple du Père Laval.

Gérard Clermont, La Vie Catholique

Horaires des messes

• Mercredi 8
18 heures et 22h30 (à l’intérieur de l’église). 20h30 (messe télévisée).

• Jeudi 9
6 heures, 8 heures, 10 heures, 12 heures, 14 heures, 16 heures, 18 heures.

• Samedi 11
Pèlerinage des handicapés. Messe à 10 heures, organisée par la sous-commission Catéchèse spécialisée. Invitation à toutes les personnes porteuses d’un handicap. L’Eucharistie sera suivie de la bénédiction du Saint-Sacrement.

• Dimanche 12
11 heures, 13 heures, 15 heures, 17 heures.

• Mardi 14
10 heures.

• Samedi 18
9 heures.

•Dimanche 19
11 heures, 13 heures, 15 heures.

• Samedi 25
9 heures.

• Dimanche 26
11 heures, 13 heures, 15 heures.

On fait le point...

Quels sont les dispositions et les consignes à respecter lors du pèlerinage le 8-9 septembre? Le Service Père-Laval apporte des explications.

Des dispositions sont prises en lien avec la police. Cette année encore, tout sera fait pour une bonne fluidité du trafic aux alentours de l’église de Ste-Croix et pour une meilleure canalisation des pèlerins.

Mais les mesures nécessitent la collaboration de tout un chacun. Ainsi, le Service Père-Laval (SPL) invite les pèlerins à s’engager dans une démarche de foi, dans l’esprit d’un pèlerinage. L’heure n’est donc pas aux achats ou au bazar.

Toute consommation de drogue ou d’alcool est strictement interdite et le du public est prié de suivre les directives de la police, du SPL et des brancardiers.

Le père Bernard Hym souligne aussi qu’il est plus important de faire un pèlerinage quand on dispose de temps plutôt que de venir dans la nuit du 8-9 et de rester bloqué de longues heures. D’ailleurs, le Centre Père-Laval propose des pèlerinages aux groupes, paroisses, mouvements, toute l’année avec un encadrement qui permet une meilleure «nourriture».

Est aussi proposée la possibilité de suivre les traces des auxiliaires du Père Laval. Pour de plus amples renseignements, contactez le Centre Père-Laval sur le 242.21.29; Fax: 216.79.95., ou e-mail: hymbernard@gmail.com

Pèlerinage 2010 - Le Père Laval: agissons comme lui!


Des milliers. Vous serez des milliers de sur nos routes dans la nuit du 8-9 septembre. Comme chaque année tous n’auront pas la même démarche. Certains iront à pied, en bus ou en voiture pour se recueillir sur la tombe du Père Laval. Mais plus que cheminer jusqu’à son caveau, il nous faut agir comme lui et faire notre part…

«Per Laval dir: ‘Zezi finn fer so travay, anou fer nou par’».
C’est sur ce thème que s’articule le pèlerinage 2010. Une manière d’inviter les pèlerins à s’inspirer des actions de l’apôtre des Noirs pour s’engager dans l’empowerment des moins bien lotis.
Les circonstances de la vie avaient amené le Père Laval à se faire prêtre à Maurice pendant la période de l’esclavage.

Exemple à suivre

Il s’est évertué, jusqu’à sa mort le 8 septembre 1864, à évangéliser les anciens esclaves, avec toutes les difficultés que cela comportait à l’époque. Mais 146 ans après, que reste-t-il de sa mission?
Pour les uns, c’est la foi qui les anime pour aller en pèlerinage. Pour d’autres, ce n’est pas tellement dans leurs habitudes. C’est ce que confie Anne, la quarantaine. «Ce n’est pas dans ma culture de faire le pèlerinage au tombeau. Je n’y suis allée qu’une seule fois. Mais je sais que le Père Laval a fait beaucoup de bien pour l’Église et les pauvres. Ce que je retiens de lui, c’est qu’il est venu par sa foi et a fait un grand travail dans l’île.»
Géraldine, qui n’est pas une adepte du Père Laval, déclare: «Je le connais, mais je ne lui demande pas d’intercéder pour moi dans ma prière.»
Néanmoins elle considère que «c’est un homme saint qui n’a pas hésité à tout quitter pour suivre le Christ. Il a beaucoup fait pour évangéliser et transmettre la foi. Il a su vaincre les difficultés et les barrières telles que la langue et la culture, pour rejoindre l’autre dans ce qu’il vivait et annoncer la Bonne Nouvelle. Il mérite notre admiration et il est un exemple à suivre».
Mais le Père Laval a, bien évidemment, ses inconditionnels. Ceux qui, touchés par le combat qu’il a mené pour l’évangélisation des anciens esclaves, font le pèlerinage chaque année. C’est le cas de Régis, 64 ans. Lui qui a une dévotion pour le Bienheureux depuis la fin des années 80, chemine dans la foi. «Je loue le Père Laval depuis que, sur mon lit d’hôpital, un prêtre m’a donné une image de lui.»
Si avant il marchait, avec des amis, de Vacoas au caveau, maintenant, c’est en famille qu’il se dirige à Ste-Croix. «Je ne suis plus jeune, et à cause de ma santé, je ne peux marcher sur de trop longues distances», explique-t-il. Et si autrefois, avec ses amis, la marche était plutôt «folklorique», c’est le recueillement et la prière qui priment dorénavant.
C’est aussi en famille que Florence va prier. Et comme chaque année à pareille époque, elle se fait un devoir de lire l’histoire du missionnaire, tirée d’un BD qui raconte sa vie, à ses enfants. «Je le fais pour qu’ils comprennent notre démarche et pour que, lorsqu’ils seront grands, ils ne fassent pas le pèlerinage parce que nous le leur avons simplement montré.»

Mettre en pratique

Ce sont ses parents qui lui ont transmis cette dévotion et Florence essaie de faire de même pour ses enfants. «Nous allions au tombeau presque chaque semaine. Cela m’a marquée», poursuit-elle.
«Pour moi, c’est avant tout un pèlerinage qui me permet de rencontrer le Christ», confie Jenny. Elle y va avec un groupe d’amis, en couple ou seule. «En tant que baptisée, je pense que c’est assez significatif de rencontrer Jésus ressuscité à travers le témoignage du Bienheureux Père Laval».
Celui qu’on surnomme volontiers «l’apôtre de l’île Maurice» a, en effet, marqué la vie de beaucoup de personnes. «C’est quelqu’un d’entier. Il a marqué son passage sur terre. Les Créoles lui doivent beaucoup», poursuit Florence. «Il a initié les anciens esclaves au christianisme et a œuvré de tout cœur à l’évangélisation des pauvres», ajoute Régis.
Et, chacun à leur manière, nos interlocuteurs s’efforcent de mettre en pratique les valeurs transmises par le Père Laval: à travers la catéchèse, le soutien et l’aide aux autres. «J’essaie de voir en mon prochain quelqu’un qui ne vient pas me déranger et que je suis prêt à accompagner si le besoin se fait sentir», fait comprendre Stéphane.
Que ce soit dans un élan de foi ou dans une démarche religieuse, le pèlerinage va attirer nombre de personnes.
Des mesures de sécurité sont à observer sur la route afin que tout se déroule sans problème. Bon pèlerinage à tous!

Jean-Marie St-Cyr, La Vie Catholique