9/22/2016

«COEUR À COEUR AVEC LE PÈRE LAVAL» DU PÈRE BERNARD HYM : Jacques Laval, artisan de la renaissance du catholicisme à Maurice


 
Ce recueil nous fait prendre la mesure du rôle joué par celui qui est venu évangéliser les esclaves nouvellement affranchis.

Vient de sortir, “Coeur à coeur avec le Père Laval”, recueil des correspondances de l’Apôtre de l’île Maurice de 1835 alors qu’il est en formation au séminaire en France jusqu’à quelques jours avant son décès à Maurice en 1864 compilé par le père Bernard Hym, C.S.Sp. Publié par l’auteur avec le soutien de la Société de l’Histoire de Maurice, ce deuxième ouvrage du père Hym, directeur du Centre Père Laval, sur le missionnaire spiritain français du XIXe siècle béatifié par le Pape Jean-Paul II le 29 avril 1979, nous fait prendre la mesure du rôle joué par celui qui est venu évangéliser les esclaves nouvellement affranchis dans la renaissance du catholicisme à Maurice.
Bon vivant, friand de plaisirs mondains durant la première partie de sa vie, Jacques Laval n’était alors pas particulièrement un chrétien exemplaire assidu au culte. Son diplôme de médecine en poche, cela ne l’empêchait pas, pour autant, de faire preuve d’humanité envers des patients dans le besoin incapables de régler les honoraires. C’est dire comment celui qui, selon son biographe, Joseph Michel, avait entre autres, parmi ses grands modèles de sainteté, une certaine Marie-Madeleine se sentait déjà appelé à l’accomplissement d’une grande oeuvre de bonté,
Cette oeuvre, le Père Laval l’accomplira auprès des esclaves nouvellement affranchis de Maurice. S’étendant de 1835, année au cours de laquelle le missionnaire spiritain termine sa formation au séminaire en France à septembre 1864, année de son décès à Maurice, le recueil des correspondances de Jacques Désiré Laval a surtout pour ambition, explique le père Bernard Hym, d’établir comment, grâce à l’oeuvre du Père Laval, la communauté d’anciens esclaves, mais aussi celle des gens de couleur, de même que les Blancs, sont parvenus à vivre la transition post-esclavage comme une véritable renaissance.
Pourtant, quand débarque le missionnaire spiritain il y a 175 ans, dans le vicariat apostolique local, la pratique du catholicisme à Maurice se meure. En raison, notamment, du manque de zèle du chargé, mais aussi de l’indignité de plus d’un clerc. “Je n’ai rien à vous apprendre de bon du clergé. Ce sont des prêtres qui sont venus là pour gagner de l’argent et pour s’amuser. (...) C’est une peste que ces mauvais prêtres et c’est incroyable tout le scandale qu’ils ont donné de cette pauvre île”, écrit ainsi le Père Laval le 22 février 1842 dans une lettre adressée à M. Galais, Supérieur de la Société du Saint-Coeur de Marie qui deviendra, par la suite, la Congrégation des Pères du Saint-Esprit.
Il convient aussi de rappeler le contexte historique de l’époque marquée par la récente conquête de l’île par les Britanniques (1810) et l’implantation dans l’île du protestantisme sur fond de rivalités religieuses propres à ce temps, depuis, révolu. La venue dans l’île d’un missionnaire qui se donne pour objectif l’évangélisation des Noirs est, par ailleurs, perçue avec suspicion par les Blancs, quand bien même catholiques. Parmi ces derniers, certains affublent alors le Père Laval du surnom de “grosse bête noire” pour avoir, entre autres, conduit sur le chemin de l’église de jeunes Noires débauchés par ces mêmes Blancs.
L’ouvrage compilé par le père Hym nous rappelle, par ailleurs, que le Père Laval a été un précurseur en bien des domaines. En matière de catéchèse, par exemple, avec ses auxiliaires laïcs. Plus d’un siècle et demi de cela, l’apôtre de l’île Maurice constituait aussi déjà à travers l’île des communautés de base. Autant d’initiatives prophétiques comme la place à accorder aux laïcs dans la vie de l’église. Après ce deuxième ouvrage sur le Père Laval, le père Hym projette de publier d’ici à deux ou trois ans un ouvrage sur les catéchismes du Père Laval.

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