Le père Laval redoutait les témoignages d’estime, autant il se plaisait aux humiliations. Lorsque le nombre et la longueur de leurs courses obligeaient les missionnaires à avoir des montures, le Père Laval ne voulut pas de chevaux : « Les chevaux meurent, disait-il, il vaut mieux garder l’argent pour les pauvres et les chapelles. » Ils choisirent donc de modestes bourriquets, qui valurent souvent à leurs cavaliers d’humiliantes avaries. Plus d’une fois dans les rues, une troupe joyeuse d’enfants ou de jeunes gens se moquaient d’eux.
Un jour, après avoir subi les plaisanteries, le Père Laval, à califourchon sur son âne, ses longues jambes traînant à terre, toujours imperturbable et souriant, dit à son compagnon : « N’est-ce pas, Père Thiersé, qu’il est bon d’être assis sur un âne ? Tous les gamins se moquent de nous et même les grandes personnes ; cela nous empêche d’avoir de l’orgueil, cette peste d’orgueil qui se glisse partout. »
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