Des milliers. Vous serez des milliers de sur nos routes dans la nuit du 8-9 septembre. Comme chaque année tous n’auront pas la même démarche. Certains iront à pied, en bus ou en voiture pour se recueillir sur la tombe du Père Laval. Mais plus que cheminer jusqu’à son caveau, il nous faut agir comme lui et faire notre part…
«Per Laval dir: ‘Zezi finn fer so travay, anou fer nou par’».
C’est sur ce thème que s’articule le pèlerinage 2010. Une manière d’inviter les pèlerins à s’inspirer des actions de l’apôtre des Noirs pour s’engager dans l’empowerment des moins bien lotis.
Les circonstances de la vie avaient amené le Père Laval à se faire prêtre à Maurice pendant la période de l’esclavage.
Exemple à suivre
Il s’est évertué, jusqu’à sa mort le 8 septembre 1864, à évangéliser les anciens esclaves, avec toutes les difficultés que cela comportait à l’époque. Mais 146 ans après, que reste-t-il de sa mission?
Pour les uns, c’est la foi qui les anime pour aller en pèlerinage. Pour d’autres, ce n’est pas tellement dans leurs habitudes. C’est ce que confie Anne, la quarantaine. «Ce n’est pas dans ma culture de faire le pèlerinage au tombeau. Je n’y suis allée qu’une seule fois. Mais je sais que le Père Laval a fait beaucoup de bien pour l’Église et les pauvres. Ce que je retiens de lui, c’est qu’il est venu par sa foi et a fait un grand travail dans l’île.»
Géraldine, qui n’est pas une adepte du Père Laval, déclare: «Je le connais, mais je ne lui demande pas d’intercéder pour moi dans ma prière.»
Néanmoins elle considère que «c’est un homme saint qui n’a pas hésité à tout quitter pour suivre le Christ. Il a beaucoup fait pour évangéliser et transmettre la foi. Il a su vaincre les difficultés et les barrières telles que la langue et la culture, pour rejoindre l’autre dans ce qu’il vivait et annoncer la Bonne Nouvelle. Il mérite notre admiration et il est un exemple à suivre».
Mais le Père Laval a, bien évidemment, ses inconditionnels. Ceux qui, touchés par le combat qu’il a mené pour l’évangélisation des anciens esclaves, font le pèlerinage chaque année. C’est le cas de Régis, 64 ans. Lui qui a une dévotion pour le Bienheureux depuis la fin des années 80, chemine dans la foi. «Je loue le Père Laval depuis que, sur mon lit d’hôpital, un prêtre m’a donné une image de lui.»
Si avant il marchait, avec des amis, de Vacoas au caveau, maintenant, c’est en famille qu’il se dirige à Ste-Croix. «Je ne suis plus jeune, et à cause de ma santé, je ne peux marcher sur de trop longues distances», explique-t-il. Et si autrefois, avec ses amis, la marche était plutôt «folklorique», c’est le recueillement et la prière qui priment dorénavant.
C’est aussi en famille que Florence va prier. Et comme chaque année à pareille époque, elle se fait un devoir de lire l’histoire du missionnaire, tirée d’un BD qui raconte sa vie, à ses enfants. «Je le fais pour qu’ils comprennent notre démarche et pour que, lorsqu’ils seront grands, ils ne fassent pas le pèlerinage parce que nous le leur avons simplement montré.»
Mettre en pratique
Ce sont ses parents qui lui ont transmis cette dévotion et Florence essaie de faire de même pour ses enfants. «Nous allions au tombeau presque chaque semaine. Cela m’a marquée», poursuit-elle.
«Pour moi, c’est avant tout un pèlerinage qui me permet de rencontrer le Christ», confie Jenny. Elle y va avec un groupe d’amis, en couple ou seule. «En tant que baptisée, je pense que c’est assez significatif de rencontrer Jésus ressuscité à travers le témoignage du Bienheureux Père Laval».
Celui qu’on surnomme volontiers «l’apôtre de l’île Maurice» a, en effet, marqué la vie de beaucoup de personnes. «C’est quelqu’un d’entier. Il a marqué son passage sur terre. Les Créoles lui doivent beaucoup», poursuit Florence. «Il a initié les anciens esclaves au christianisme et a œuvré de tout cœur à l’évangélisation des pauvres», ajoute Régis.
Et, chacun à leur manière, nos interlocuteurs s’efforcent de mettre en pratique les valeurs transmises par le Père Laval: à travers la catéchèse, le soutien et l’aide aux autres. «J’essaie de voir en mon prochain quelqu’un qui ne vient pas me déranger et que je suis prêt à accompagner si le besoin se fait sentir», fait comprendre Stéphane.
Que ce soit dans un élan de foi ou dans une démarche religieuse, le pèlerinage va attirer nombre de personnes.
Des mesures de sécurité sont à observer sur la route afin que tout se déroule sans problème. Bon pèlerinage à tous!
Jean-Marie St-Cyr, La Vie Catholique
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