Elle est nichée dans le village de Notre-Dame, Montagne-Longue. À quelques kilomètres de la capitale, mais loin du bruit et de la fureur. Elle, c’est l’église Notre-Dame-de-la-Délivrande. Un lieu de pèlerinage depuis la fin du XIXème siècle, et qui conserve l’empreinte du plus grand missionnaire connu des Mauriciens, le père Jacques-Désiré Laval.
Lundi 13 septembre, 10h50. Alors qu’un petit groupe de paroissiens s’active à préparer la messe de ce lundi, un rendez-vous mensuel, un taxi de «Petit-Raffray-R.-du-Rempart» arrive. À son bord, un couple et leur bébé de quelques mois.
Cette scène est tout-à-fait ordinaire pour les habitués de ce lieu de culte car, chaque jour, ils voient défiler des femmes enceintes, ou d’autres avec leurs enfants, qui viennent prier au pied de la statue de Notre Dame de la Délivrande. Où tout simplement pour dire merci pour une grâce obtenue.
En effet, Notre Dame de la Délivrande est reconnue dans toute l’île, et même plus loin, comme étant une oreille attentive, des bras réconfortants et rassurants, pour les femmes enceintes, voire celles qui aspirent à la maternité. «Nous voyons venir des gens de toutes confessions religieuses», explique une paroissienne.
Cela dit, l’autre aspect de cette église et, qui est moins connu, c’est son lien étroit avec le Père Laval. En effet, ayant souvent accompli un pèlerinage au sanctuaire de Notre Dame de la Délivrande en Normandie (où il est né), à son arrivée à Maurice, «il s’empressa de consacrer à Marie, sous ce vocable cher à plus d’un titre à son cœur de missionnaire, une des nombreuses chapelles élevées par ses soins dans les quartiers où s’exerça son zèle».
Comme en Normandie
Ainsi, d’une paillote assez grande, le lieu fut, par la suite, transformé. En 1848, soit pas plus de sept ans après l’arrivée du Père Laval dans l’île, Mgr Collier procédait à la bénédiction et à l’inauguration d’une église en pierre pouvant accueillir 1 000 personnes.
Quelques années plus tard, l’édifice ayant été abîmé par un cyclone, c’est à la force des bras des fidèles que l’actuelle église fut construite. «Elle fut inaugurée en 1859, du vivant même du Père Laval, alors malade.» Il mourait le vendredi 9 septembre 1864.
De son vivant, le Père Laval avait aussi à cœur que «les baptisés de Montagne-Longue constituent une communauté, une famille, celle des disciples de Jésus unis par le baptême (…) Aussi, sur son bourriquet, il rendait visite, faisait le catéchisme, aidé par ses catéchistes, donnait les sacrements aux fidèles….»
Par ailleurs, comme en Normandie, l’église, avec sa statue de la vierge et de l’enfant, avait vite fait de devenir un lieu de pèlerinage. Un document datant de 1880, fait état des rassemblements de chrétiens en ces lieux à l’époque.
En 1877, par exemple, ils étaient entre «2 000 à 3 000». En 1878, ils étaient «plus de 5 000». Et l’année suivante, ce nombre avait doublé.
Remise à neuf
Dans une lettre d’un certain père Guilmin, datant de novembre 1879, ce dernier écrivait, parlant du pèlerinage: «Quoi qu’il en soit du chiffre exact des pèlerins, à ne considérer la piété et la ferveur qui animaient tout le monde, on peut dire que ce fut une manifestation des plus belles et des plus consolantes.» C’est dire l’ambiance qui y régnait alors!
Outre les bases d’une foi solide, le Père Laval a aussi laissé un merveilleux et précieux cadeau aux paroissiens de cette église. Une croix en métal, disposée aujourd’hui sur une croix en pierre à l’entrée même de la cour de l’église. Cette croix avait été «sauvée des destructions de la Révolution française» et le Père Laval l’avait «amenée dans sa malle en venant à Maurice».
Ce cadeau personnel du Père Laval aux fidèles avait été béni par lui-même, le dimanche de la Passion en 1849.
Tant d’années après son passage à Notre-Dame-de-la-Délivrande, les fidèles de cette localité continuent à progresser dans leur foi à travers les différents mouvements.
La paroisse reste aussi un lieu en constante progression avec, entre autres exemples, la clôture et l’aménagement de la cour, la création d’une école maternelle, et bientôt, la remise à neuf du toit de l’église.
Beaucoup de fidèles originaires de la localité sont aussi restés fidèles à ce lieu de culte et reviennent régulièrement pour participer aux célébrations eucharistiques.
La Vie Catholique (NDLR: Ce texte a été réalisé en partie grâce à des documents d’archives.)
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