Les pèlerins affluaient très nombreux hier soir vers le caveau du Bienheureux Père Laval, à Sainte-Croix. Une messe a été célébrée en l'église de Saint-Croix par l'évêque de Port-Louis, Mgr Maurice E. Piat, placée sous le thème cette année : “Zezi finn fer so travay, anou fer nou par”. Un fort dispositif de la police assurait le bon déroulement du pèlerinage.
Le rendez-vous des Mauriciens avec le Bienheureux Père Laval
À Sainte-Croix hier soir, le Père Laval a encore attiré la foule. Tranquille, portant des fleurs et des bougies, elle convergeait vers le caveau du Bienheureux missionnaire, dans un esprit de dévotion, de confiance, et pour recevoir sa bénédiction. Un fort dispositif de police garantissait le bon déroulement du pèlerinage. Les Mauriciens ont pu assister à la messe de 22 heures et se rendre au caveau jusqu’aux petites heures de ce matin.
Histoire d’un appel
Jacques Désiré Laval naît le 18 septembre 1803 à Croth, en Normandie. Il perd son frère jumeau, Michel très tôt. Après avoir effectué des études de lettres, il embrasse la carrière de médecin en 1830. Agé de 27 ans, il s’installe confortablement - et même dans le luxe - et néglige la pratique de sa religion. Cependant, tout en résistant à Dieu, le docteur Laval ressent l’appel de la prêtrise. Le curé du village voisin l’aide à revenir vers Dieu et Jacques D. Laval entre au séminaire de Paris en 1834. Il est ordonné prêtre par l’archevêque de Paris le 22 décembre 1838. Il est aussitôt nommé à Pinterville, village de 483 habitants.
En 1840, Mgr Collier, qui vient d’être nommé Vicaire Apostolique de Maurice, est en France pour chercher des prêtres pour s’occuper des affranchis et faire renaître la communauté chrétienne de Maurice. L’évêque fait sienne, dans le même temps, la proposition qu’on lui fait pour le projet de société missionnaire pour les Noirs et prend cette œuvre sous sa protection. Le père Laval accepte immédiatement de se mettre au service de “l’œuvre des Noirs” et débarque à Maurice un matin de septembre 1841.
A cette période, l’Ile Maurice est en proie à un grand bouleversement social. Avec l’affranchissement des esclaves, trois fois plus nombreux que les maîtres, c’est une nouvelle société qui surgit. En une vingtaine d’années de vie active, le père Laval va être le principal acteur d’un changement de mentalité qui est à l’origine de la nation mauricienne d’aujourd’hui. Il accueille les affranchis, les catéchise et demande à ses catéchumènes d’adopter une vie droite, surtout au niveau des mœurs.
Le sérieux de la conversion des affranchis se manifeste dans le recul de la consommation d’alcool, l’augmentation du nombre de baptêmes, des premières communions, la régularisation des mariages.
La publication du rapport du recensement de 1851 met en évidence que le changement de comportement parmi les affranchis est dû au travail du Père Laval. En 1854, quand éclate l’épidémie de choléra, le Père Laval se dévoue jusqu’aux limites de ses forces.
En 1855, 20 catholiques fondent la conférence de la société de Vincent-de-Paul locale. Ils prennent l’engagement de travailler au soulagement moral et matériel de la classe la plus pauvre. Le Père Laval leur confie la tâche de fonder et de soutenir des écoles pour les enfants pauvres. Ces conférences de Saint- Vincent-de-Paul créent une solidarité dans la population et sont un manifeste pour une Eglise au sein de laquelle les gens s’entraident. Un nouvel élan de ferveur anime la communauté chrétienne ; mais les pères sont épuisés. La tâche apostolique se révèle immense et les dépasse.
En 1859, le Père Laval, épuisé physiquement, est relevé de sa responsabilité.
En 1860, en s’avançant pour prononcer son sermon, il s’écroule sur les dalles de l’église, frappé d’une thrombose qui le diminuera beaucoup. Pendant quatre ans, il va supporter la maladie, le vieillissement, l’impossibilité de faire de l’apostolat. Sa plus grande souffrance est de ne plus célébrer la messe. Il meurt le 9 septembre 1864. “Le Cernéen” écrit alors : “le Père Laval (...) a été l’apôtre de Maurice dans toutes les classes et, avant de fermer les yeux, il a vu une seule famille de Mauriciens dans la Sainte Eglise catholique”.
En 1965, la dépouille du Père Laval est transférée dans un caveau plus vaste et spacieux, celui que l’on connaît actuellement. En 1976, Mgr Jean Margéot, évêque de Port-Louis lui consacre sa lettre pastorale : “avec l’invincible obstination des doux, il exalta la dignité humaine”.
Le Père Laval a été proclamé Bienheureux en 1979. En 1923, M. Beaubois, atteint d'une plaie qu'on avait diagnostiquée incurable, est miraculeusement guéri alors qu'il prie au tombeau du Père Laval. En juillet 1977, le pape Paul VI et la Congrégation pour la cause des saints reconnaissent la guérison de M. Beaubois comme un miracle. Le 29 avril 1979, la béatification solennelle du Père Laval a lieu à Rome par le pape Jean-Paul II, dont ce sera la première cérémonie de béatification.
Le Matinal
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