Dans son homélie lors de la messe célébrée à l’occasion du 150e anniversaire de la mort du Bienheureux Père Laval, l’évêque de Port-Louis a insisté sur la nécessité d’un intérêt accru en faveur des plus pauvres du pays, en soulignant que le Père Laval a donné priorité aux démunis et aux exclus dans son apostolat. « Pran kont bann pli pov dabord e ler la tou pou develope », a affirmé Mgr Maurice Piat avant d’ajouter que son appel est valable tant pour le gouvernement que pour ceux qui dirigent l’économie ainsi que pour l’Église et la population.
Mgr Eugène Nugent, nonce apostolique (représentant du pape dans les îles de la région), était présent à cet anniversaire, qui est un événement marquant dans la vie du diocèse de Port-Louis. Des dizaines des milliers de personnes ont convergé toute la nuit vers le caveau du Père Laval, particulièrement entre 20h et minuit, où il était plus difficile de circuler dans la cour de l’église tant la foule était dense.
A l’occasion de cette messe commémorant les 150 ans de la mort du Père Laval, Mgr Piat était entouré par un grand nombre de prêtres ainsi que par des dignitaires de l’Église qui sont en poste à Rome et dans les îles de la région, notamment le père Alain Mayama (représentant du Supérieur Général de la Congrégation du St Esprit) et Mgr Gilbert Aubry, (évêque à l’île de La Réunion). L’autel était magnifiquement décoré, en blanc, jaune et orange, couleurs qui rejoignaient le thème du pèlerinage 2014, à savoir « M’onn vinn anflam later ». Les membres de la chorale, eux, étaient vêtus de jaune. La célébration eucharistique était empreinte du symbole de la flamme avec le flambeau qui a été allumé par des scouts.
Dans son homélie, qui a duré près de trente minutes, l’évêque de Port-Louis a rappelé le parcours du Père Laval, en évoquant sa vie de jeune après l’obtention de son diplôme de médecin à Paris jusqu’à son arrivée à Maurice et son apostolat dans l’île. Alors que le Père Laval avait débarqué à Port-Louis le 14 septembre 1843 totalement inconnu et n’ayant personne pour l’accueillir, à sa mort en 1864, a souligné Mgr Piat, 40 000 personnes ont accompagné son cercueil de la Cathédrale Saint Louis jusqu’à Ste-Croix. « Depuis 150 ans, chaque 8 septembre mais aussi tout au long de l’année, des Mauriciens des quatre coins du pays et de toutes les confessions religieuses continuent à venir à lui. C’est pourquoi il a eu le titre d’apôtre de l’unité nationale. Qu’est-ce qui nous fascine chez le Père Laval et qu’est-ce qui nous attire à lui ? Chacun a une réponse personnelle mais je crois du fond de mon cœur que le Père Laval ne s’est pas contenté d’annoncer l’Évangile, il l’a profondément vécu parmi les Mauriciens. Il a vécu l’Évangile simplement et humblement et il a tant aimé les Mauriciens qu’il a accepté de souffrir par amour pour ce peuple », a dit Mgr Piat.
En mettant en exergue la place importante qu’occupaient les pauvres et les exclus de la société dans l’apostolat du Père Laval, Mgr Piat a fait part de sa réflexion sur la situation des pauvres dans le pays. Il rappelle d’abord que le Père Laval était arrivé dans l’île dans une période assez agitée, soit dans le sillage de l’abolition de l’esclavage, et qu’il y avait des violences dans le pays. « Je voudrais partager avec vous ce que j’ai appris du secret du Père Laval pour avoir la paix. Li pa finn kass latet al fer bann meeting. Dan levanzil li finn trouv ena enn zafer ki bien inportan pou nou pei si nou kontan lape. Li finn donn priorite bann dimounn ki pli pov e ki plis mizer ». L’évêque souhaite que tout un chacun dans le pays, quelle que soit son appartenance religieuse, emboîte le pas au Père Laval en s’intéressant davantage aux pauvres si nous voulons préserver la paix. « Nous avons tous un désir pour la paix mais parfois nous ne savons pas quel chemin prendre pour y arriver. Ki fer nou pa pran kont bann seki pli pov avan ? » a lancé Mgr Piat à l’assistance. « Se ki mo pe dir koumans depi gouvernman, depi legliz, depi bann responsab ekonomik, depi sak fami. Tou dimounn bisin suiv seki Per Laval inn fer : okip bann pov dabord e ler la tou pou devlope. Kan bann dimounn pli pov debout lor zot de lipie, ek edekouver zot dignite sa apport enn gran lape dan enn pei, e li aport bokou fraternite », a expliqué Mgr Piat. Ce dernier reconnaît qu’il y a beaucoup de personnes, dans plusieurs parties du pays, qui sont au service des pauvres et qui œuvrent dans l’anonymat. « Je ne dis pas que nous sommes à zéro sur cette question mais il faut s’impliquer davantage ». Il ajoute qu’il ne s’agit pas d’adopter une attitude paternaliste envers les pauvres. « Allez à la rencontre des pauvres, faites route avec eux et dousman dousman ou pou trouv zot debout lor zot lipie ». Mgr Piat est convaincu que cette manière de s’occuper des pauvres aura des répercussions positives dans la société mauricienne.
Le Mauricien
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