Floryse Chue-Wai-Leung travaille dans la paroisse Sainte-Croix et auprès d’enfants à problèmes. « Rivée au Père Laval » depuis son enfance, elle explique comment il est le ciment de toutes les cultures.
La dévotion populaire s’exprime en gestes. Derrière ces gestes, il y a une continuation de la tradition et de ses coutumes, un amour du sacré, mais surtout une recherche de l’essentiel. Cette dévotion aide les gens à s’accrocher à quelqu’un de plus grand qu’eux et qui leur fait du bien. « L’essentiel est invisible pour les yeux, on ne voit bien qu’avec son cœur ! » disait Saint-Exupéry. J’aime beaucoup cette parole. Elle m’aide à ne pas mal juger ces gestes et celles et ceux qui les font autour du Père Laval. Même si les gens font des mélanges entre cultures et religion et entre religions. Il faut un long cheminement pour arriver à voir un peu plus clair dans toutes ces démarches.
Mon papa était chinois. Il a fait ici son chemin vers le baptême. Ma maman, créole. Ils aimaient beaucoup le Père Laval. Comme le font aujourd’hui encore les commerçants chinois les dimanches après-midi, mes parents allaient régulièrement prier « leur ancêtre dans la foi ». C’est ainsi qu’ils appelaient le Père Laval.
Pour les malades, le Père Laval qui a lui-même beaucoup souffert, qui a soigné comme médecin et comme prêtre, est reconnu comme un grand guérisseur. Beaucoup de gens se reconnaissent guéris par sa prière : rémissions de cancers, cas déclarés perdus par les médecins et qui se retrouvent guéris… C’est ce qui pousse de nombreux parents à venir présenter leurs enfants à problèmes au Père Laval. N’oubliez pas qu’il a aussi et avant tout été un priant comme le curé d’Ars.
J’ai vécu le transfert de ses restes de l’ancien au nouveau caveau en présence d’une foule incroyable.
Le Père Laval est le ciment de toutes les cultures de Maurice. Cela se sent discrètement toute l’année. Mais devient plus perceptible en septembre qui est devenu le mois du Père Laval autour de sa fête des 8 et 9. Quand les Mauriciens voient défiler ainsi des milliers de croyants de toutes religions et cultures, on sent comme des tensions qui se calment. Ce qui est important pour les Mauriciens, c’est ce qui est intérieur. Les gens ne s’expriment pas par des mots. Les communautés ont leurs caractéristiques. Mais les mêmes gestes expriment des valeurs communes reconnues par tous. Une femme hindoue viendra chercher une guérison auprès du Père Laval. Elle dira simplement : « Je suis venue parler au Père Laval de mon problème ! » La mentalité insulaire reste très forte ici.
Quand je parle aux jeunes du Père Laval, je leur rappelle son image le présentant montrant le Christ en croix. Je leur fais comprendre aussi que notre corps humain a la forme d’une croix. Ils font alors facilement le lien entre ce qu’a réalisé le Père Laval de son temps et ce qu’ils sont appelés à faire aujourd’hui de leur vie.
Il nous faut tout faire pour que l’influence du Père Laval sur Maurice continue. Elle conditionne notre avenir commun de respect mutuel et de solidarité pour les plus pauvres.
L’engagement du Père Laval pour le développement de la société par des familles vraies, son souci caritatif perpétuel, son sens de la dignité des plus pauvres, tout ça a aujourd’hui encore une grande influence jusque dans le monde politique. C’est un peu comme les idées d’un Gandhi qui marquent les comportements, souvent sans beaucoup de paroles. Cela s’est vérifié lors de la béatification du Père Laval par Jean-Paul II qui avait placé son ministère de pape sous la protection du 1er saint qu’il allait béatifier.
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