8/31/2009

Sa vocation pour les plus pauvres a germé dans sa famille

Portrait

Son amour pour les plus pauvres est une vocation qu’il a reçue dans sa famille dès l’enfance. Ce souci permanent des plus démunis caractérise toute sa vie. D’abord en tant qu’étudiant, puis comme médecin, prêtre et missionnaire…



Jacques-Désiré Laval est né le 18 septembre 1803 à Croth, en Normandie. De santé fragile et de caractère sensible, il est proche de sa mère, une femme douce et pieuse. Les grands gestes de générosité de cette dernière auprès des mendiants et des vagabonds le marquent dès son plus jeune âge. Il collabore avec sa mère à l’accueil et au service des pauvres.

La générosité: vivante dans son cœur

À huit ans, Jacques perd sa mère. Afin de s’occuper de ses cinq enfants, son père se remarie et toute la famille déménage à Louye. Dans son cœur, il conserve la valeur de la générosité envers les plus pauvres que lui a inculqué sa mère. Il tourne son attention vers les plus démunis.

Son père, riche paysan et maire du village, le pousse alors à faire des études car il le considère comme un enfant chétif qui ne fera jamais un bon paysan. Il l’envoie chez son frère Nicolas, un prêtre qui a ouvert une école au presbytère en 1817.

En 1820, au petit séminaire d’Évreux, Jacques veut arrêter ses études. Pour le faire changer d’avis, son père lui confie les travaux les plus durs de la ferme.

La leçon porte et Jacques accepte d’aller au collège Stanislas à Paris. En 1825, il est reçu bachelier. Une de ses joies, c’est d’avoir été choisi pour donner aux pauvres les restes de la salle à manger.

«Un médecin chrétien peut faire beaucoup de bien»

Son sérieux et sa piété laissent penser qu’il choisira de devenir prêtre… À huit ans, il laissait entendre: «Je serai curé ou médecin.» Quand il opte pour la médecine, son oncle Nicolas lui dit simplement: «Il faut des prêtres, mais nous avons aussi besoin de bons médecins; un médecin chrétien peut faire beaucoup de bien.»

Après sa thèse sur les rhumatismes articulaires, il est reçu docteur en médecine en 1830. Il se tourne ensuite vers l’un des quartiers les plus miséreux deParis, celui des étudiants. L’âme du quartier, c’est la Sœur Rosalie, béatifiée elle aussi. Jacques et ses amis apprendront avec elle comment mettre leurs connaissances au service de ceux qui n’ont pas les moyens de se faire soigner.

En Normandie, il ne fait pas payer les pauvres qui viennent pour des consultations, il leur donne même les médicaments et un panier de provisions.

À Ivry-la-Bataille, Jacques s’éloigne de l’Église et s’étourdit dans les fêtes mondaines, il manque la messe et fait gras le vendredi.

Mais au cœur de sa crise religieuse, il continuera toujours à servir les pauvres. Sa rencontre avec l’abbé Letard transforme sa vie. Il reprend alors le chemin de l’église, chante à la chorale et participe aux processions.

Il répond à l’appel du Seigneur

Après une chute de cheval qui aurait pu lui coûter la vie, il répond à l’appel du Seigneur. A 32 ans, il fait son entrée au séminaire, et catéchise les enfants les plus pauvres. Il contemple Jésus-Christ à travers les déshérités du monde. Avec respect et dévotion, il sert aux pauvres gens les restes du réfectoire. Il rêve de partir en Chine, mais à son âge, ce n’est pas réaliste d’apprendre une langue aussi compliquée. Jacques continue à penser aux «pauvres âmes», au-delà des mers…

Il est ordonné prêtre le 22 décembre 1838. Son évêque lui confie une humble paroisse, Pinterville. Des 500 habitants, 12 personnes seulement vont à la messe du dimanche! Jacques y restera de février 1839 à février 1841. Il est attentif à visiter les malades et les plus pauvres. Il vide son garde-manger aussi bien que son armoire à linge.

Et c’est là qu’il prend conscience qu’il doit former «de bons parents pour avoir de bons enfants». C’est pourquoi, à Maurice, il forme d’abord le «vieux monde».

En 1841, il décide à entrer dans «l’œuvre des Noirs». Il vend tout ce qu’il a et partage avec les pauvres. Il confie au père Libermann, responsable du Noviciat naissant, la terre qu’il a héritée de ses parents afin de rendre possible l’entretien du Noviciat.

À Maurice, il restera 5 ans sans recevoir d’aide pour s’occuper des 80 000 anciens esclaves. Il ne baisse pas les bras, et leur fait découvrir l’Évangile. Et ainsi, plus de 100 ans avant Vatican II, il donne des responsabilités pastorales aux laïcs.

Jacques prépare aussi les couples au mariage, soutient les persévérants dans leur marche vers la première communion, prépare les mourants à recevoir les sacrements. Par l’exemple de sa vie, il forme Émilien Pierre, son meilleur catéchiste et l’enverra partout où il faut créer, encourager ou réformer.

Du fond de son confessionnal où il est à leur service parfois huit heures par jour, il réussit à créer et à soutenir des petites communautés dans tous les quartiers de Port-Louis. Les chapelles se multiplient là où des communautés éprouvent le besoin de se rassembler et de construire leur solidarité.

Il encourage la création d’une «caisse de solidarité» alimentée par leurs maigres offrandes et dont ils organiseront eux-mêmes la répartition. Cette caisse fonctionne si bien qu’elle est prise pour modèle par la municipalité de Port-Louis.

Ses œuvres continuent de nos jours

Le père Laval meurt le 9 septembre 1864; le travail n’est pas fini, mais il a donné une impulsion qui continuera après lui. Les communautés continuent à vivre la solidarité avec les plus pauvres, les œuvres d’éducation, le soutien des couples et des familles.

Quarante ans après le Concile Vatican II, on redécouvre les intuitions du Père Laval, dans les Communautés de base, les conseils paroissiaux ou les E.A.P. et les œuvres caritatives.

Trente ans après la béatification du saint de l’île Maurice, tous nos compatriotes reconnaissent dans le Père Laval un ami et un ouvrier de «l’unité de la nation mauricienne».

La Vie Catholique

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