9/06/2005

Vinn responsab to Legliz koman enn zanfan Per Laval

PELERINAGE PERE LAVAL 2005
Relire notre histoire


La Lettre pastorale de Carême 2005 (Vivre ensemble la mission de la paroisse) nous invitait à ne pas nous laisser «accabler par la difficulté» avec la chute du nombre de prêtres et du vieillissement de notre clergé. Alors que l'Eglise mauricienne se penche actuellement sur «la nécessaire coresponsabilité entre prêtres, religieuses et laïcs dans l'accomplissement de la mission de l'Eglise», le thème choisi pour le pèlerinage de cette année «Vinn responsab to Legliz koman enn zanfan Per Laval» nous permet de faire une relecture d'une tranche d'histoire (1841-1856) de notre communauté. Il s'agit de nous inspirer du travail des «auxiliaires laïcs» du Père Laval. Pour le Père Laval, comme pour tous à cette époque-là, la pastorale étant réservée au clergé, les laïcs qui l'aident ne sont que des aides, des prolongements de son action. C'est pourquoi on les a appelés les «auxiliaires laïcs du Père Laval».
Mais aujourd'hui, dans la mise en œuvre d'une «Eglise participative», les laïcs ne sont plus des aides au service des prêtres, mais des collaborateurs qui doivent avoir un ministère propre, adapté à leurs compétences, leurs responsabilités de famille et de travail. On ne peut plus parler d'«auxiliaire» mais de «collaborateurs ou d'associés». Cependant, se pencher sur les catéchistes et «conseillères» du Père Laval peut nous aider à mieux comprendre et vivre notre propre mission.

Cet article est le fruit d'une retraite des laïcs associés en septembre 2004 animée par le Père Bernard Hym. Il reprend de larges extraits de la biographie du Père Laval par Joseph Michel (Le Père Jacques Laval, Le Saint de L'Ile Maurice, Ed. Beauchesne, 1976) et «Les Auxiliaires Laïcs du Bienheureux», du même auteur.
L'APOSTOLAT DU PERE LAVAL
Etre perspicace dans la mission

Premier missionnaire de la Société du Saint-Cœur de Marie, le Père Laval avait pensé qu'il aurait à prêcher des missions à travers l'île, selon les directives de Libermann, son supérieur. Il comprend vite que cette méthode est totalement inadaptée à Maurice. La visite des paroisses des campagnes, immenses et inorganisées, ne donnerait que des résultats superficiels et sans lendemain.
Il voit l'importance du district de Port-Louis où il y a trente fois plus d'habitants qu'à la campagne et c'est de Port-Louis que le meilleur comme le pire rayonne sur l'ensemble du pays. Il restera donc dans la capitale et il commence une pastorale qui se révèlera d'une exceptionnelle efficacité.

Aller à la rencontre des autres

Il contacte en premier ceux qu'il voit chaque jour : les employés de l'église et du presbytère. Il s'assure facilement du concours d'Alphonse Lavoipierre, sacristain et secrétaire de la Fabrique, un jeune blanc instruit, pieux et zélé. La plupart des autres employés sont des affranchis. Tous sont impressionnés par ce prêtre qui vient vers eux avec tant de respect, de douceur et de cordialité ; de plus, ils sont témoins de sa vie si mortifiée, tous sont bientôt gagnés et leur confiance va être contagieuse.
Répondre aux besoins de son temps par fidélité évangélique
Laval habite quelque temps dans le bâtiment du presbytère. Les Affranchis en ont été si souvent repoussés qu'ils hésitent à y venir ; alors Laval fait construire un petit pavillon en bois dans la cour et une porte est bientôt ouverte sur la rue pour y accéder directement (on en voit encore la trace dans le mur du côté du tribunal !).
De neuf heures du matin à quatre heures de l'après-midi, des Noirs y viennent un à un ou par petits groupes. A sept heures chaque soir, une réunion est consacrée à la récitation de la prière et à un catéchisme qui dure jusqu'à neuf heures et demie ou même jusqu'à dix heures ; l'assistance augmente si rapidement qu'en l'espace de quelques mois il faut la transférer du pavillon à la sacristie de l'église, puis de la sacristie dans l'église même, tout au bas, sous les cloches et, enfin, dans la nef.

Ne pas s'accabler face à «la difficulté réelle».

En plus de son travail de «Père des Noirs», il est aussi, depuis 1842, l'aumônier des prisonniers et de l'école d'Irma Lavoipierre. Mgr Collier, à court de prêtres, le charge, en janvier 1843, de l'instruction religieuse de 400 garçons et des jeunes filles d'un pensionnat. De mai 1843 à juin 1845, il doit remplir les fonctions de vicaire et assurer à son tour, c'est-à-dire une fois sur trois, le très lourd service de semaine.
Pour sa part, le P. Laval est venu pour s'occuper exclusivement des anciens esclaves ; et donc il va lui falloir rester seul pour cette mission pendant 5 ans. Comment réussir à s'occuper à lui seul de ses 80 000 paroissiens, répartis sur tout le territoire, sans facilité de communication ? Quant aux prêtres qui sont à Maurice, ils sont trop peu nombreux (et ils ne s'occupent que des Blancs).
Alors, Laval innove : il confie des responsabilités à des laïcs. C'est nouveau, c'est inattendu de confier de telles responsabilités, non pas à des notables, mais à des gens à peine sortis de l'esclavage.

Aucun commentaire: