7/11/2008

Le P. Jacques Laval : 1803-1864


Le P. Laval est né en 1803, en Normandie. Il a passé 23 ans de sa vie à l’île Maurice ; il est mort en 1864, le 9 septembre. Malgré ce temps écoulé, on a l’impression qu’il est encore vivant. Dans toute l’île, c’est de loin la personne la plus connue. Dans les rues, dans les magasins, partout on rencontre son nom. On le trouve même sur les autobus pour indiquer le terminus d’une ligne bien fréquentée qui conduit d’ailleurs les pèlerins jusqu’à sa tombe, à quelques vingt kilomètres de la capitale, Port-Louis.

C’est à cause du P. Laval que le 9 septembre a été déclaré jour de fête nationale à Maurice. Tous les pèlerins, plus de 70.000, viennent alors confier au P. Laval leurs soucis, leurs secrets ou tout simplement le prier, chrétiens, hindous, et musulmans, tous ensemble. Les trois communautés, d’origine africaine, européenne et asiatique, si fermées sur elles-mêmes dans la vie de tous les jours, se retrouvent autour de cette tombe. Là, disparaissent les barrières. Dans une confiance commune, tous prient, côte à côte.

Comment le P. Laval est-il devenu " l’apôtre de Maurice " ? C’est une des belles surprises, dont la Providence a l’habitude.

D’abord médecin, le docteur Laval ne se distinguait pas spécialement par sa vie chrétienne, bien que dans son travail il fût toujours l’ami des pauvres. Un jour, pourtant, Dieu est intervenu dans sa vie, et tout fut bouleversé. Il abandonne sa carrière de médecin et devient prêtre. Dans un petit village pauvre et oublié de Normandie, il mène une vie de Curé d’Ars. Là, il entend parler de l’île Maurice et de la misère dans laquelle vivent les quelques 75000 anciens esclaves, affranchis par les autorités britanniques en 1838. C’est donc à Maurice qu’il part, en 1841, comme premier missionnaire d’une Congrégation à peine fondée, sans expérience et apparemment sans préparation. Etait-ce vraiment sans préparation ? Non. Il s’était préparé à son insu par l’amour qu’il avait pour Dieu ; un amour mûri dans la prière et dans le sacrifice, et, liée à cet amour, une très grande tendresse pour les pauvres. Il part pour être pauvre avec les pauvres et pour devenir leur serviteur. Il restera à Maurice 23 ans, jusqu’à sa mort. Laval vivait au début d’une période missionnaire extrêmement féconde. Elle allait donner naissance à des Eglises florissantes, particulièrement en Afrique. Bien que ce grand mouvement ait connu une longue histoire depuis son arrivée à Maurice, ma Mission a, aujourd’hui, bien des points communs avec celle que le P. Laval a connue. Comme lui, nous n’avons pas de modèles tout faits, nous avons besoin d’une foi créatrice, d’un amour de Dieu visible dans nos vies, d’un engagement aux côtés des pauvres.

Ce même engagement a conduit le Père Laval à se faire l’un d’eux, à se mettre de leur côté. Et les anciens esclaves, considérés comme dépravés et " bons à rien ", voyaient pour la première fois un Blanc qui les aimait vraiment ; alors, c’était clair : Laval était bien leur frère et l’envoyé de Dieu. Du même coup, ils reprenaient confiance en eux-mêmes. Ce fut le début d’un mouvement irrésistible qui devait, peu à peu transformer leur milieu et leur vie. L’amour et le respect que Laval leur portait lui donnaient le droit d’exiger beaucoup d’eux. Avec eux, il osait partager ses responsabilités. Le premier il a formé des catéchistes ; il leur a confié l’évangélisation de leurs frères, et toute l’organisation matérielle de leur communauté. Le plus étonnant, c’est peut-être ceci : en place de haine et de lutte, on a vu, à la longue, la réconciliation et la conversion des oppresseurs par les opprimés, des maîtres par leurs anciens esclaves !

Homme de Dieu, homme de prière, ami des pauvres, homme sans frontières : c’est tout cela, Laval ; et c’est aussi, pour aujourd’hui, son message.

D’après un interview à Radio-Vatican du P. F. Timmermans, alors Supérieur général de la Congrégation du St Esprit, le 28 avril 1979, à l’occasion de la Béatification du P. Laval, le 29 avril

Aucun commentaire: