1/28/2008

Mgr Piat : "Appuyons-nous sur l’héritage du Père Laval pour transformer notre société mauricienne"

Messe du 160e anniversaire du Diocèse de Port-Louis

Père Laval : grand agent de la transformation sociale. Grand agent de la promotion humaine. C’est ainsi que Mgr Maurice E. Piat a qualifié celui qui a contribué grandement à transformer notre Eglise et notre pays : le père Laval. Transmettre son héritage encore aujourd’hui est un service fort que nous allons rendre à la société mauricienne, a fait ressortir l’évêque.

«Leritaz per Laval pou nou azordi». Tel est le thème rassemblant les fidèles présents au matin du dimanche 9 décembre en la Cathédrale Saint-Louis, une cathédrale entièrement rénovée, pour marquer le 160e anniversaire du diocèse de Port-Louis et le 160e anniversaire de l’accession de l’église Saint-Louis au statut de cathédrale.

La messe solennelle était présidée par Mgr Maurice E. Piat. Il a invité les chrétiens à se plonger dans l’histoire de la fondation de notre diocèse pour trouver une inspiration afin de relever les défis d’aujourd’hui et de demain. Cette eucharistie était concélébrée par le vicaire général, le père Jean-Maurice, Mgr Amédée Nagapen, les pères Jean-Michaël Durhône, Alain Romaine et deux prêtres français, l’arrière-arrière-petit-neveu du père Laval, le père Pierre Etienne Dumoulin et le père Vincent Jouffrieau. Et l’église était décorée de divers panneaux d’arbres à vocations, symbole de l’héritage du Père Laval.

Le père Laval a beaucoup secoué la société mauricienne de l’époque, a fait ressortir Mgr Piat dans son homélie. «Il est un grand agent de la transformation sociale. Un grand agent de la promotion humaine.» A la Cathédrale Saint-Louis, où il a vécu toute sa mission et son ministère, le père Laval a fait tomber les barrières entre Blancs et Noirs.

C’était peu après l’abolition de l’esclavage. Il célébrait une messe pour les anciens esclaves et a demandé même à l’évêque d’alors de construire une petite maison non loin de la grande Cathédrale pour qu’ils les reçoivent et les écoutent. Colonne de fondation de notre Église, père Laval était rejoint, peu après, par beaucoup de compagnons dans son ministère : prêtres spiritains, sœurs de Lorette, Filles de Marie et les Frères des écoles chrétiennes.

Le père Laval a indiqué le seul chemin à prendre : Jésus-Christ.

Faisant référence à la lecture du jour où Jean-Baptiste invite les fidèles à changer de comportement - «Convertissez-vous et vous produirez des fruits»-, Mgr Piat a précisé que comme Jean-Baptiste, le père Laval ne s’est pas arrêté qu’à la présence des esclaves dans l’Église. Il est allé plus loin : en les éduquant à changer leur cœur et leur comportement afin de retrouver leur dignité.

«A travers l’eau, Jean-Baptiste a montré le chemin de conversion, alors qu’à travers l’esprit, Jésus a donné la flamme intérieure qu’est l’amour», a fait ressortir Mgr Piat. Comme Jean-Baptiste, le père Laval a indiqué le seul chemin à prendre : Jésus-Christ.

Sa seule photo prise de son vivant l’illustre clairement. «Le père Laval se présente sous une croix et montre la croix de Jésus.» Pour l’évêque, aujourd’hui aussi, le père Laval nous indique ce chemin de justice et de fraternité - surtout envers les plus pauvres - qui ne passe qu’à travers le Christ.

L’évêque a ainsi énuméré ce chemin de conversion laissé par le père Laval : construction des foyers stables ; naissance de petites communautés à travers la ville de Port-Louis ; catéchèse entre autres... «On ne peut récolter ces fruits de conversion que quand on reconnaît pleinement l’amour du Christ dans notre vie et qu’on se laisse transformer par cet amour», a précisé Mgr Piat. C’est ainsi qu’on arrivera à emprunter le chemin de justice, de paix et de fraternité.

Héritage du Père Laval

L’occasion aussi pour l’évêque d’interroger l’assistance de ce qu’elle a fait de cet héritage. «Avons-nous pu transmettre cet héritage ?» L’évêque se dit heureux de la collaboration prêtres/religieux/religieuses/laïcs dans le Diocèse de Port-Louis.

Evoquant la quantité de personnes qui ont soif d’entendre la Bonne Nouvelle, Mgr Piat a invité tout un chacun à être des enfants du père Laval. Par exemple, dit-il, dans un quartier comme Tranquebar, où plus de 90% des enfants échouent au CPE, il ne suffit pas seulement de prier, mais il faut aussi dénoncer les injustices afin de faire changer les choses. L’héritage du Père Laval est encore vivant, dit-il, quand on voit l’action des enfants de l’ACE, le service rendu aux malades, le Service d’écoute et de développement, le travail abattu par Anti-davis entre autres.

Pour que l’héritage du Père Laval ne meure pas, Mgr Piat a, dans sa conclusion, invité tout un chacun à transmettre cette tradition de service autour d’eux. «C’est un grand service que vous allez rendre à la société mauricienne.»

Cet héritage du père Laval était porté à l’autel durant l’offertoire. Jeunes, hommes et femmes ont défilé dans une grande procession pour coller chacun sa mission sur un arbre à vocation, placé dans le chœur de l’église.

Au moment de la prière universelle, c’était l’occasion pour prier pour que les fidèles soient animés de volonté et de persévérance dans leur mission, à l’exemple du père Laval. Et qu’il y ait plus d’unité, de compréhension et d’harmonie entre les mouvements des paroisses. Ils ont prié pour qu’il y ait de plus en plus de vrais héritiers du Père Laval.

A la fin de la cérémonie, l’évêque et quelques prêtres et laïcs ont a placé en terre l’arbre à vocation. Une petite fête a ensuite réuni tous les fidèles dans la cour de la Cathédrale. Une occasion aussi pour la firme ABC Motors de remettre la clé de la voiture à Mary Lai Yun Yeung, l’heureuse gagnante de la loterie organisée dans le cadre de la rénovation de la Cathédrale.

La vie Catholique

1/14/2008

Reconnaissance des Restes du Serviteur de Dieu Jacques-Désiré Laval

Le 2 mai 1923, à une heure de l’après-midi eut lieu l’exhumation et constat des restes du Père Laval à l'intérieur de l'église de Sainte-Croix, en présence de Mgr Murphy, entouré du tribunal ecclésiastique, constitué la veille, de quelques médecins, les docteurs Delaître, Keisler et Rouget, et d’un nombre restreint de témoins.

Ainsi se trouvaient réunis presque tous les Pères du Saint-Esprit de Maurice, des Pères Jésuites, des prêtres séculiers, des journalistes, des photographes, quelques invités de marque, des fidèles de la paroisse et de la ville de Port-Louis, en tout deux cent cinquante ou trois cents personnes, qui avaient osé braver une pluie torrentielle.

Pour éviter l’affluence considérable qui n’eut pas manqué de se produire, le jour et l’heure de cette formalité furent gardés dans le plus grand secret. Un cordon de policiers, mis à disposition assurèrent l’ordre autour de l’église et du caveau pendant que s’accomplissait cette reconnaissance.

Retenues à distance, les quelques centaines de personnes accourues au dernier moment, malgré la pluie battante, priaient à haute voix, le chapelet en main, surtout pendant le transfert du cercueil du caveau à l’église. Sur cette petite foule pesait une lourde atmosphère d’attente anxieuse. Que recelait cette bière que les pompes funèbres déposeraient au milieu du transept, sur la longue table drapée d’une grande nappe blanche ? Beaucoup espéraient qu’on y trouverait un Père Laval en état de parfaite conservation ce qui d’ailleurs, n’aurait avancé en rien la cause de sa béatification.

En fait, quand les menuisiers et les plombiers eurent terminé leur besogne, dans le cercueil éventré, on vit un squelette en état normal après cinquante-neuf ans de sépulture, à l’abri de l’humidité.

Tous les os étaient conservés. Des vêtements, il ne restait plus que quelques vestiges. Le col, le cordon, les chaussures avaient résisté à l’action du temps, avec le crucifix qui reposait sur sa poitrine. Aucun phénomène extraordinaire à signaler. L’ensemble dégageait une très légère odeur de moisissure. Du reste, deux à trois ouvertures pratiquées à la longue dans le plomb, sans doute par l’action des liquides provenant de la décomposition des chairs, avaient permis l’entrée de l’air dans le cercueil.

Les deux médecins présents procédèrent alors séparément, à l’expertise anatomique qui fut consignée dans deux procès-verbaux. Les ossements furent ensuite enveloppés dans un suaire et les médecins arrangèrent le squelette dans le double cercueil en plomb et en teck, fabriqué sur place pendant que les médecins accomplissaient leur tâche. Entre les fémurs du squelette le Notaire présent déposa une pièce d’identification enfermée dans un cylindre métallique ; le document, écrit à l’encre de chine sur parchemin, portait la signature du Notaire, authentifiée par celle des membres de la Cour et des principaux laïcs présents.

Les deux cercueils furent alors fermés et scellés.

Vers cinq heures, les restes du Père Laval retournèrent dans le sarcophage où ils reposent depuis le 9 septembre 1870.

Les cordes utilisées pour extraire le cercueil du sarcophage, les planches de ce cercueil, les moindres débris de bois, les vis et les clous, tout cela soigneusement rangé sur le drap blanc drapant la table qui servit de couche funèbre, toutes ces choses furent placées dans l’ancien cercueil de plomb. Celui-ci enveloppé dans le grand drap blanc, ficelé de rubans de soie rouge, scellé en plusieurs endroits, fut finalement encaissé dans un grand coffre qui restera en dépôt dans le presbytère de Sainte-Croix.

Le sarcophage ne fut pas réouvert même à l'occasion de la béatification.

1/02/2008

En procès

Le 25 juin 1918 : « Parmi les fils sans nombre que la noble France a produits et que l’Eglise catholique ne s’est pas contentée de régénérer, mais qu’elle a consacrés prêtres et envoyés dans les régions lointaines pour y prêcher l’Evangile, hommes si remarquables par l’ardeur de leur zèle et leur divine charité, il est juste de compter Jacques-Désiré Laval, prêtre-missionnaire de la Congrégation du Saint-Esprit. »

C’est en ces termes que la Congrégation des Rites s’exprima dans son Décret d’Introduction de la Cause de Béatification et de Canonisation du Serviteur de Dieu Jacques-Désiré Laval, approuvé et signé le lendemain, le 26 juin par le Pape Benoît XV à Rome.

Le procès apostolique se déroula alors à Port-Louis en deux phases sous le juge président, Mgr Murphy. La première « pour que ne périssent pas des témoignages » occupa quinze audiences en 1919-1920. La seconde « la continuation de la première » s’étendit sur quarante-deux sessions en 1922 et 1923.