2/12/2007

Le dernier adieu à l'Abbé Pierre

« Je venais d’être nommé évêque de Port-Louis quand l’Abbé Pierre nous a honorés d’une brève visite à Maurice. Durant ce séjour, l’Abbé Pierre nous a donné une belle leçon de vie et de persévérance. L’homme nous a émus par son ardeur au combat et sa compassion à l’égard des « cabossés de la vie », comme il disait. Défenseur infatigable des sans-logis, il a inauguré l’abri de nuit de Port-Louis. Je me rappelle encore de son humour communicatif à cette occasion : il était très amusé qu’on appelait les clochards à Port-Louis des « tontons ». Il nous a rappelés qu’en France, le terme « Tonton » faisait référence au Président Mittérand !
L’Abbé Pierre est également celui qui nous a donné l’idée de lancer ce qu’il a appelé un « Relais Espérance ». Cette initiative a pour but d’accueillir les familles qui n’ont pas de logis jusqu’à ce qu’elles trouvent un logement décent. L’Abbé Pierre insistait qu’il ne fallait pas maintenir les sans-abris dans un état de dépendance, mais les aider à profiter de logements sociaux mis à leur disposition par l’Etat.

Les campagnes et actions menées par l’Abbé Pierre en faveur des plus démunis de la société redonnent à la foi chrétienne toute sa pertinence dans le monde d’aujourd’hui. L’Abbé Pierre apporte un puissant témoignage de la force de la foi qui conduit à l’engagement social. C’est cela qui est à la source de son rayonnement international. A Maurice, l’Abbé Pierre avait eu ces paroles très vraies : « on ne peut parler de Dieu à quelqu’un qui n’a pas, au-dessus de sa tête, un toit pour l’abriter contre les intempéries et les aléas de la nature ».

Il ne faut pas que la mort de l’Abbé Pierre soit la fin de son combat. Le parcours de cet homme exceptionnel doit sans cesse nous interpeller et nous inviter à regarder avec lui dans la même direction, celle des pauvres. Comme dans une famille, la qualité de vie d’une société se mesure à l’attention qu’elle porte aux plus pauvres.

Je terminerais en citant l’Abbé Pierre : « La première beauté d’une ville n’est ni ses cathédrales, ni ses lieux de cultes : elle est de ne pas avoir de famille sans travail, sans logement, sans faim ».

+ Maurice E. Piat
Evêque de Port-Louis

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