9/08/2006

Danielle Florigny : «Le Père Laval a fait un remarquable travail social, mais pas une vraie émancipation sociale»

Les Mauriciens, toutes classes sociales confondues, vont se rendre en grand nombre, ce week-end, au tombe au du Bx Père Laval. Le point avec Danielle Palmyre-Florigny, Docteur en théolgie et responsable de l'Institut catholique de l'île Maurice (ICIM).

En quoi peut-on dire que le Père Laval est un modèle pour nous aujourd'hui ?

Je pense, entre autres, à son ouverture ; au fait que sa foi l'ait poussé à la rencontre des autres peuples, alors qu'il était Français.

Il en est de même de sa façon humaine d'aborder sa mission à Maurice. Le Père Laval a pris en compte la langue des anciens esclaves, accomplissant un vrai travail de contact et d'évangélisation.

Il a aussi fait confiance aux laïcs et les a poussés à assumer leurs responsabilités dans les communautés chrétiennes. Nous savons tous le rôle joué par les auxiliaires du Père Laval auprès des esclaves nouvellement affranchis.

Cependant, on pourrait dire que le Père Laval avait une vision du christianisme conditionnée par son époque. Ainsi, l'intérêt pour la culture de l'autre était motivé par le désir d'assurer son salut. Íl n'a pas toujours bien compris la culture des esclaves et condamnait le séga, par exemple.

Il a fait un remarquable travail social sans toutefois œuvrer pour une vraie émancipation sociale. Dans ce sens, sur certains sujets, le Père Laval n'a pas mené une vraie révolution. On pourrait aussi se demander si c'était bien de son charisme et se dire que ce n'est pas possible de tout changer d'un seul coup...

C'est quoi être saint ? Quel message en retenir ?

Un bienheureux, un saint est quelqu'un qui a une relation très forte avec le Christ. Quelqu'un qui vit une dimension d'amitié et de cœur qui débouche sur la transformation de la vie, l'amène à créer de nouvelles relations et à transformer son environnement proche, si ce n'est la société dans laquelle il vit. Ce, par les valeurs de l'Évangile.

Le Père Laval saint. A quand la réalisation de ce rêve ?

Je ne pense pas qu'il faille se focaliser sur ce sujet. La canonisation, c'est la reconnaissance officielle de l'Église du travail du saint et de son impact positif sur une société, un pays. Mon point de vue est que le travail du Père Laval est là. Il attire chrétiens et non chrétiens et donc les fruits de ce travail sont encore bien palpables aujourd'hui. C'est ça l'important.

Danièle Babooram, La Vie Catholique

Aucun commentaire: