Le procès informatif diocésain
Le 11 mars 1893, sous la responsabilité de Monseigneur Meurin, jésuite, évêque de Port-Louis, commença à l’Évêché de Port-Louis, l’interrogation de 39 personnes assermentées qui avaient connu le Père Laval de son vivant. Vingt-neuf ans s’étaient écoulés depuis sa mort; la vénération des Mauriciens pour lui n’avait fait que croître; on devait s’informer sur sa réputation de sainteté et sur les guérisons attribuées à son intercession. Pendant ce quart de siècle, bon nombre de témoins de première valeur avaient eu le temps de mourir. Néanmoins, les dépositions des 39 personnes entendues constituent une riche moisson d’attestations favorables au Père Laval. Le Tribunal termina ses travaux le 26 novembre 1894.
Examen des écrits du Père Laval
Entre septembre et novembre 1897, on a eu sept séances. Dix-neuf personnes ont soumis des lettres, des sermons, des leçons de catéchisme. Ses lettres adressées à ses supérieurs religieux, conservées dans les archives à Paris, ont également été examinées. Sa correspondance soignée et imagée est plutôt brève, courte, toujours parfaitement correcte et très charitable.Devant les conclusions favorables de ces deux procès et de deux procès semblables tenus dans le diocèse d’Évreux, le Saint Siège a ordonné de continuer.
Procès de non-culte
Entre mai et septembre 1917, dix témoins ont déposé sous foi du serment dans quatorze sessions. Il a été ainsi prouvé qu’aucun culte public ni ecclésiastique n’avait été rendu au Père Laval, ni dans son caveau ni ailleurs: pas d’ex-voto, pas de bougeoirs pour brûler les bougies, pas de prières publiques, pas de vénération publique de ses reliques, pas d’images avec auréole, ni d’écrits lui attribuant le titre de bienheureux ou de saint. On a pu donner des réponses satisfaisantes aux nombreuses objections du Défenseur de la Foi au Vatican. Enfin, c’était prouvé qu’il n’y a jamais eu de culte public et officiel.
Le procès apostolique
Toujours à l’Évêché de Port-Louis, ce procès consistait à interroger les personnes qui pouvaient témoigner de sa renommée de vertu et de miracles en général, ou qui étaient les témoins de faits et de guérisons qui semblaient miraculeux.
Il y eut deux séries de sessions: de novembre 1919 à avril 1920, quinze audiences: de mai 1922 à décembre 1923, vingt-quatre audiences. Témoignages unanimes sur la réputation de sainteté, réputation allant croissant d’année en année. Sur les grâces extraordinaires attribuées à l’intercession du Père Laval, aucun fait vraiment significatif. L’ensemble des faveurs signalées pourraient cependant faire avancer la cause.
Le constat des restes mortels
Au cours du Procès Apostolique, il fallait solennellement «reconnaître» la dépouille du P. Laval. Cette cérémonie se déroula le 2 mai 1923, à Sainte-Croix, d’abord dans le caveau, puis dans l’église. Autour de Mgr. Murphy, une trentaine de prêtres, des médecins, des journalistes, des photographes, tous dans le chœur de Sainte-Croix. Dans l’église, environ 300 personnes.
Après avoir descellé le couvercle du sarcophage, on a extrait le cercueil et on l’a apporté dans le chœur de l’église. Après 59 ans de sépulture à l’abri de l’humidité, le cercueil contenait un squelette en état normal. Les docteurs Keisler (assistant directeur de la Santé) et Rouget (surintendant de l’Hôpital civil) ont fait alors l’expertise anatomique, consignée dans deux procès-verbaux. On arrangea alors le squelette dans un double cercueil neuf en plomb et en bois. Les restes du P. Laval retournèrent alors dans le sarcophage, où ils reposent aujourd’hui.
La guérison de Monsieur Beaubois
C’était le 17 juillet 1923, dans le caveau du Père Laval, que ce monsieur anglican fut guéri instantanément d’une grande plaie suppurante qui couvrait son front, sa tête et sa nuque. Sur l’ordre du Vatican, tous les témoins de cette guérison furent interrogés à l’Évêché de Port-Louis du 9 juin au 29 septembre 1926. Tous leurs témoignages furent envoyés à la Sacrée Congrégation des Rites au Vatican. Ce n’est que 38 ans plus tard, en 1964, que l’on pût commencer l’examen de ce dossier. L’étude du dossier fut très approfondie. Il y eut plusieurs échanges d’objections et de réponses pendant treize ans. Enfin, le 7 juillet 1977, le Saint Père signa le décret reconnaissant la guérison de M. Beaubois comme un véritable miracle.
Dispense du second miracle
Il faut deux miracles pour la béatification. Nous n’avons que celui de M. Beaubois. Ayant remarqué que, pendant l’Année Sainte (1976), le Saint Père avait accepté de proclamer, plusieurs béatifications avec un seul miracle, Monseigneur Margéot a écrit au Pape Paul VI pour lui demander dispense du second miracle. Dans un long document, notre évêque a souligné la renommée de sainteté et la renommée de miracles dont jouit, et a toujours joui, le vénérable Père Laval.
Convaincu par cet exposé et voulant donner une immense joie au peuple de Maurice et à la Congrégation des Pères du Saint-Esprit, le Saint Père a gracieusement accordé, le 10 décembre 1977, dispense du second miracle. Il ne nous restait plus qu’à attendre le décret pontifical annonçant que la béatification solennelle aurait lieu à Rome et fixant la date de la cérémonie.
La béatification
Celle-ci a été fixée au 22 octobre 1978, mais les décès successifs des papes Paul VI et Jean Paul Ier ont fait que la cérémonie a eu lieu le 23 avril 1979. Ce fut la première béatification du pontificat de Jean-Paul II.
Le samedi 19 mai 1979, à Marie-Reine-de-la-Paix, les catholiques et les non-catholiques de Maurice célèbrent le Bienheureux Père Laval. Des délégations de Madagascar, de la Réunion, de Rodrigues et des Seychelles étaient aussi présentes. Le cardinal Gantin présida la cérémonie. Monseigneur Jean Margéot proclama le Père Laval patron du Diocèse.
Différence entre béatification et canonisation
Par la béatification, l’Église permet de rendre un culte public sur un territoire déterminé (pour le Père Laval, l’île Maurice, et le diocèse d’Évreux en France) ou à une congrégation (les Spiritains, ajoutons aussi pour les groupes de Mauriciens en dehors du pays) à une personne vénérée pour sa qualité de vie chrétienne. Celle-ci est appelée «bienheureux».
Par la canonisation, l’Église étend le culte public à toute l’Église universelle, et la personne est déclarée: «saint».Pour que le Père Laval devienne saint, il faut une guérison miraculeuse. Pour cela, le mal doit être reconnu comme incurable par la science dans son état actuel, la guérison doit être instantanée et totale.
Les restes mortels du Père Laval
Les restes mortels du Père Laval n’ont jamais quitté Sainte-Croix. Beaucoup de gens disent que, depuis la béatification, ils ont été envoyés à Rome. Cela n’est pas vrai. Ils se trouvent intégralement au caveau de Sainte-Croix, dans un cercueil enfermé dans le grand sarcophage de pierre.
La visite du pape Jean-Paul II
Le pape Jean Paul II a visité l’île Maurice et l’île Rodrigues, du 14 au 16 octobre 1989. Le samedi 14 octobre a eu lieu une messe à Marie-Reine-de-la-Paix. Le dimanche 15 octobre, le pape est venu à Sainte-Croix, où se célébra une liturgie de la Parole. Le pape se rendit au caveau du Père Laval, et il y pria.
La Vie Catholique, Père Bernard Hym
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