Port-Louis, Sainte-Croix. Des milliers de croyants de toutes races, professions et religions prient toute l’année auprès du Père Laval. Pourquoi viennent-ils ? Qu’attendent-ils de ce spiritain béatifié par Jean-Paul II en 1979 ?
Vendredi 11 juillet 2008, 13h. Plus de 70 personnes, hommes et femmes de toutes religions et de tous visages, entrent dans le caveau du Père Laval. Des mains tendues déposent des fleurs sur la châsse. Prière en silence d’abord. Puis animée par le P. Bernard Hym, en créole, à partir de la Parabole du Semeur. Une dame égrène ensuite une liste de noms de personnes qui ont demandé des prières. Avec leurs intentions : maladies, famille en souffrances, éloignements, avenir des enfants…
Arrive un homme, visage asiatique, des fleurs à la main. Il met une offrande dans le tronc et pose son bouquet sur la châsse. Puis, debout, digne, il prie aux côtés des autres. Une dame voyant les bouquets s’entasser vient en déplacer une partie, passe un coup de chiffon sur les parois de verre et ramasse les déchets de cire tombés des lumignons. Personne ne gêne personne. Un monsieur quitte sa chaise, met une offrande dans le tronc puis pose un long moment ses mains noueuses sur la châsse. Yeux fermés, il prie. L’assemblée reprend avec ferveur le Notre Père. Puis par 3 fois l’invocation « Père Laval, priez pour nous ! » Après la bénédiction, les mains se tendent encore vers le gisant, puis les gens repartent.
Mario vient de Port-Louis, tous les vendredis, en souvenir des réunions que le Père Laval a commencées de son temps les vendredis à 13 h. « J’ai travaillé auprès de M gr Piat , dit-il. Depuis 2 ans, je suis malade du diabète avec une plaie à ma jambe droite : ça me fait du bien de venir ici malgré la souffrance. En me levant le vendredi, je dis au Père Laval : “Donne-moi force et courage pour venir jusqu’à toi !” Et à chaque fois, je repars avec plus de foi et de confiance. »L’homme au visage asiatique est chinois. Il raconte en toute simplicité qu’il vient ici tous les vendredis ainsi que le 8 septembre pour la grande fête du Père Laval. « Je suis catholique et respecte cette tradition. J’offre des fleurs, j’allume 2 bougies, je prie pour les malades, ceux de ma famille et tous les autres. Je demande aussi la santé. En repartant, je rapporte les bougies chez moi pour que leur lumière continue d’éclairer ma maison et que les bienfaits du Père Laval se répandent sur toute ma famille. »
Des Réunionnais se retrouvent à la sortie. Hilda se fait leur porte-parole : « Si le voyage à Maurice ne prévoit pas de temps de prière auprès du Père Laval, nous ne venons pas ! »
Julienne vient ici prier toutes les semaines, d’abord pour son fils. « Il est à l’hôpital et vient d’être opéré , confie-t-elle, les yeux remplis de larmes. Son épouse est décédée 2 jours après avoir accouché d’un petit-fils dont je m’occupe maintenant. Nous avons dépensé beaucoup d’argent. Heureusement qu’une de mes filles peut m’envoyer de l’aide depuis la France. Je continue de venir ici en portant tout ce monde dans ma prière, ça me soulage presque physiquement. »
Dimanche 13 juillet 2008. Une foule de gens passent dans le caveau du Père Laval. Témoignages recueillis :M. Jean : « Le Père Laval est un grand saint qui guérit beaucoup de gens. Je souffre depuis des années d’une blessure au genou. Chaque fois que je viens prier ici, le Père Laval me soulage. Nous habitions à la campagne, mais venions déjà prier ici régulièrement. Maintenant que j’habite Sainte-Croix, je ne manque aucun dimanche. Mon fils a un problème au cœur. Comme tous les dimanches, j’ai apporté un bouquet de fleurs au Père Laval. Je le pose sur sa châsse en priant puis je le rapporte chez moi pour qu’il nous soulage, moi et mon genou, mon fils et son cœur. Et ça nous fait beaucoup de bien. »
Mme Daniela : « Je souffre de l’estomac. Les médecins parlent d’opération. Je n’en ai pas les moyens. Aujourd’hui, comme je viens de loin, j’ai apporté 2 mouchoirs et des fleurs. Je frotte les mouchoirs sur la châsse du Père Laval et les emporte chez moi. Quand j’ai trop mal, je les frotte sur mon corps, ça me fait du bien. Mon mari est décédé, il y a 2 ans. Je travaille pour vivre. Je confie aussi au Père Laval l’avenir de mes enfants de 14 et 20 ans. Je suis heureuse que mes parents m’aient habituée à venir ici. Je sais que je ne viens jamais pour rien. Je reçois toujours ce que j’attends du Père Laval. »
M. Gervais : « Si je ne peux pas venir ici un dimanche, j’ai du mal à passer la semaine, je ne comprends plus ce qui m’arrive. Il faut que je vienne ici demander la santé, la guérison et la solution aux problèmes de mes enfants. Je remercie le Père Laval parce qu’il me fait du bien. »
M. Douce : « Je viens prier ici 3 ou 4 fois la semaine. Santé, force, courage pour vivre, le Père Laval nous l’accorde à moi et à ma famille. Il est très efficace. Il guérit de nombreuses personnes, même des incroyants. Un infirmier souffrant d’un cancer de la peau avait promis de se convertir si le Père Laval le guérissait. Il est aujourd’hui un fervent disciple du Père Laval. »
Lisa et Jean, un jeune couple : « Nous venons comme beaucoup de jeunes tous les samedis et dimanches demander au Père Laval de veiller sur nous et nos familles. Des gens viennent parce qu’ils sont malades, d’autres pour se faire pardonner. Nous vérifions tous que le Père Laval écoute nos prières. »
M. Hensley, un ancien des JMJ de Cologne : « Le Père Laval a surtout fait du bien aux plus pauvres des Mauriciens de l’époque. Il a eu le courage de combattre les forces du mal malgré toutes les pressions contre lui. Depuis sa mort, les gens viennent le prier, d’abord par reconnaissance : un Blanc qui a fait tant de choses pour les Noirs est quelqu’un d’efficace. Il devient signe de la bonté même de Dieu. Les gens de toutes les religions croient qu’il peut tout faire pour eux aujourd’hui, comme il a su le faire hier pour leurs parents. Beaucoup viennent donc pour se faire guérir et demander sa grâce. »
Mme Rosemay : « Le Père Laval est un rassembleur aujourd’hui comme il l’a toujours été. À sa fête, en septembre, toute l’île de Maurice est là, autour de lui, avec des gens de partout. Des “autrement” croyants se tiennent aux carrefours des routes et offrent rafraîchissements et souhaits de paix aux pèlerins qui marchent vers Sainte-Croix : c’est un signe de la grâce que le Père Laval accorde à tout Maurice. Il n’y a que lui qui puisse faire ça chez nous. De plus en plus de gens viennent le prier. Il continue à faire des merveilles pour nous. »
M. Alas, 71 ans : « Je viens tous les dimanches et tous les vendredis, messe et visite du Père Laval. Je prie pour moi-même, pour la santé de ma famille. J’ai travaillé dans la distribution de l’eau. Aujourd’hui retraité, je souffre de l’estomac. Venir ici prier le Père Laval me fait du bien, me calme, m’apporte la paix et me permet de mieux vivre avec les autres. »
M. Georges, associé spiritain : « J’ai longtemps cru que le Père Laval dont on me parlait était un Mauricien, tellement ce qu’on disait de lui me paraissait impossible à être fait par un Blanc au bénéfice des Créoles et des Noirs de Maurice… »
10h30 : un motard, la trentaine, blouson de cuir, vient de poser son casque aux pieds du Père Laval. Main droite posée sur la châsse, il prie sans se préoccuper d’une équipe de jeunes qui, en face de lui, filment avec leur téléphone portable et leurs mini caméras. Un jeune couple achète 4 lumignons : 2 sont posés sur la châsse du Père Laval, 2 sont emportés à la maison « pour que la lumière du Père Laval continue à nous éclairer ! ».
Pendant la messe qui a rempli pour la 2 e fois l’église, le défilé des saris continue. Deux bus viennent de déverser des familles entières d’hindous. Fleurs et lumignons s’accumulent au-dessus et autour du Père Laval. Un monsieur, avant de poser son petit bouquet, en extrait des pétales de roses, les pose un instant sur la châsse puis les reprend et s’en va. Une dame, 40 ans, vient de poser un petit pull-over et 2 bougies sur la châsse. Elle prie en silence et reprend le tout. Un papa frotte sa main sur la châsse et caresse la tête de son enfant en murmurant sa prière. Il fait ensuite toucher la châsse à l’enfant et lui fait poser un lumignon allumé. Deux jeunes motards, casque à la main, viennent poser leur main droite sur la châsse et prient en silence, puis se frottent la main sur la tête et repartent en se parlant, décontractés.
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