Le cardinal Margéot a présidé, dimanche dernier, une action de grâce, dans sa résidence, à l’occasion de ses 92 ans. Un «beau moment d’action de grâce entourés de ses amis prêtres et de ceux qui l’entourent dans sa maladie, confie Anne Facérias. Le cardinal a mis toute son énergie dans la préparation de cette célébration, revêtant pour l’occasion l’habit cardinalice et c’est confortablement installé dans son fauteuil de méditation qu’il a concélébré.»
Il est revenu au père Philippe Goupille – son secrétaire pendant plus d’un quart de siècle – de prononcer l’homélie que voici :
«Monseigneur,
J’ai eu le privilège de collaborer avec vous pendant tant d’années, celles de votre épiscopat et à l’occasion de votre cardinalat. J’ai énormément appris de vous comme d’ailleurs tous les confrères ici présents et les laïcs que vous avez formés et accompagnés.
Hier quand je vous ai rendu visite et que nous avons préparé cette messe de votre anniversaire, vous m’avez demande d’être votre porte-parole pour exprimer ce qui vous semblait essentiel dans l’exercice de votre ministère de prêtre, puis d’évêque afin de rendre grâces pour les dons que vous avez reçus gratuitement de la part du Seigneur.
D’abord vous m’avez toujours dit et répété ; vous l’avez réaffirmé hier. Quand une personne en autorité doit prendre une décision concernant une personne, il faut toujours privilégier la miséricorde sur la justice.
En anglais vous disiez «always err on the side of mercy». Vous avez toujours été un ardent défenseur de la justice et sans compromis mais s’il y a doute, vaut mieux errer du côté de la miséricorde. C’est un principe important qui vous a toujours guidé et qui vous a permis de sauver bien des personnes autour de vous.
Un autre principe fondamental c’est celui que vous aimez répéter et que vous avez affirmé solennellement à la Reine de la Paix lors de vos adieux à votre peuple au moment de prendre votre retraite. Aux prêtres et collaborateurs vous avez dit : «Laissez vous aimer par votre peuple».
Ceux qui vous côtoient ont compris que c’est essentiel de se laisser aimer par les autres pour pouvoir en même temps se laisser aimer par Dieu. Si nous ne sommes pas capables de nous laisser aimer gratuitement et sans conditions par l’autre, nous ne pourrons jamais faire l’expérience de l’amour gratuit et désintéressé de Dieu. D’ailleurs, c’est cette intuition qui vous a conduit sur le chemin de la méditation comme enseignée par John Main et Lawrence Freeman et profondément enracinée dans la tradition spirituelle de la prière contemplative comme expérimentée par les premiers chrétiens. Ce fut une illumination qui a éclairé les 15 dernières années de votre vie sans pour autant faire oublier l’homme d’action que vous êtes resté depuis le départ. La construction de l’église Saint-Marc, à Flic-en-Flac, en est la preuve s’il en fallait une.
Il y a aussi votre profond attachement à l’Eglise catholique romaine sainte et pécheresse comme le dit si bien le Concile Vatican II. Quand il s’est agi de prendre position sur la délicate question de la régulation des naissances, vous avez adhéré sans arrière-pensée à la position du Pape Paul VI même si c’était une opinion minoritaire et qu’il fallait contredire certains des plus grands théologiens moraux de notre époque. Faut-il citer Haring, Fuchs et d’autres encore ! Et vous avez eu ce courage par fidélité a l’Eglise et même si la situation économique et les pressions gouvernementales à Maurice vous harcelaient pour se mettre à l’heure du temps et a la facilite du chemin contraceptif ! Vous avez manifesté en même temps votre profond respect pour la nature humaine créée à l’image de Dieu et pour le couple source de la vie.
Cet amour de l’Eglise vous a ensuite inspiré pour traduire dans la vie concrète du diocèse l’aggiornamento voulu par Vatican II. Allant chercher votre inspiration jusqu’au Zaïre, et lisant sans cesse les auteurs contemporains, vous avez mis en œuvre une transformation de l’Eglise locale sans pour autant déstabiliser les personnes ancrées dans la Tradition. Pour qui a été témoin des divisions dans beaucoup d’autres diocèses entre intégristes et partisans du Concile, ce n’était pas un défi facile à relever.
Votre amour de l’Eglise vous a rapproché d’un prophète des temps modernes le Pape Jean-Paul II et d’un de ses proches collaborateurs le Cardinal Bernardin Gantin. S’il fallait retenir une seule parole parmi celles que vous avez recueillies de Jean-Paul II, c’est celle qui vous revient sans cesse à la mémoire. A la fin d’une cérémonie à Saint-Pierre de Rome, il a quitté le cortège officiel pour aller vers vous. Il vous disait « la famille, la famille». Jean-Paul II vous a dit plus tard en s’explicitant «Si tous les évêques du monde avaient eu le même souci de la pastorale familiale, nous n’en serions pas là dans l’Eglise aujourd’hui.»
Nous qui sommes aujourd’hui les membres de votre famille biologiquement ou spirituellement, nous recueillons cet héritage et formons des vœux pour votre anniversaire. Vous qui avez eu tellement à cœur le service de l’amour conjugal et familial, vous étés reconnaissant d’avoir aujourd’hui pour vous accompagner l’amour de tous ceux qui sont auprès de vous. Sans froisser leur modestie, je veux remercier en votre nom Anne, Jean-Paul, Gilbert, Jacqueline, Sœur Damien et les sœurs de Bonne-Terre fidèles compagnons sur la route quotidienne. Il est merveilleux de voir ainsi comment vous vous laissez aimer par votre peuple sur la route de l’espérance plantée en nos cœurs par Celui qui s’est révélé comme le chemin, la vérité et la Vie.»
2/08/2008
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