12/21/2007

Sur les traces de Jacques-Désiré Laval en Normandie

« Le Père Jacques Laval, il est de chez nous. Bien Normand par ses racines. Sur le plateau de Saint-André, se trouvent les lieux de son enfance et de sa jeunesse. »
Mgr Jean Honoré, ancien évêque d’Evreux

(I) Croth

Jacques-Désiré Laval est né le premier jour complémentaire de l’an XI de la République, selon le registre de l’état civil de l’époque, c’est-à-dire le 18 septembre 1803, dans ce village modeste du sud de l’Eure : ni château, ni monument célèbre, ni site historique.

Enfant, il a dû admirer le cours limpide de l’Eure qui traverse son village et se rendre à la baraque de Rozeux par la route de Bois-le-Roi. Il a certainement parcouru la forêt voisine et peut-être vibré aux souvenirs d’Henri II et de Diane de Poitiers, au magnifique château d’Anet.

A peine remise des fatigues de l’accouchement, Madame Laval se rendit à l’église paroissiale avec Jacques-Désiré, premier garçon de la famille. Une niche du chœur abritait une statue de la Sainte Vierge, sculptée dans la pierre grise. Suzanne s’agenouilla, suppliant la Mère de Jésus de veiller sur ce bébé qu’elle lui présentait, de lui accorder santé du corps et de l’esprit. Elle demanda cela avec d’autant plus de ferveur, que son frère jumeau, Michel, était mort dix jours après sa naissance.

Jacques-Désiré fut baptisé et fit sa première communion dans la petite église, originale avec sa chaire et son curieux escalier. Les bancs qui datent de l’époque n’ont pas changé.

Aujourd’hui, on y célèbre rarement la messe et il faut réclamer la clef de l’église pour la visiter. Une artiste de la région, Annick Vigny a composé un tableau d’après un portrait du Bienheureux avec l’évocation de l’île Maurice et de l’église de Croth. Ce tableau est accroché non loin des fonds baptismaux.

Une plaque commémorative a été placée, en septembre 1979, par les autorités locales, au 14, rue de la mairie, c’est-à-dire à l’endroit où Jacques-Désiré est né. L’emplacement de la ferme, proche du carrefour de la Gare est certain.

(II) Sorel

A quelques minutes à pieds, en passant sur le pont situé entre l’ancienne papeterie Firmin-Didot et la maison du pêcheur, se trouve Sorel avec son oratoire Saint-Roch où Suzanne Delérablée, la mère de Jacques-Désiré, allait prier pour qu’il soit protégé des épidémies d’alors.

(III) Louye

C’est dans ce village qu’en 1816, les Laval s’installèrent quand ils quittèrent Croth. Ils ont habité la ferme du château du comte d’Arjuzon et qui a conservé son aspect originel avec ses granges, sa bergerie et son énorme colombier.

La tombe de Jacques Laval (né à Croth le 30 avril 1769 et décédé à Louye le 7 janvier 1824) et de sa seconde épouse, Marie-Louise Durvye (née à Sorel le 7 décembre 1791 et décédée le 31 mai 1874) se trouve dans le cimetière du village.

(IV) Tourville-la-Campagne

L’oncle de Jacques-Désiré, le chanoine Nicolas Laval (né à Croth le 9 février 1767 et décédé en 1852) fut curé de cette paroisse de 1813 à 1852, située près d’Amfreville, entre Elbeuf et le Neubourg. Il avait ouvert dans son vaste presbytère une école presbytérale. Son neveu logea avec lui de 1817 à 1820 ; c’est là que Jacques-Désiré apprit à « écorcher le latin ».

Plus tard, pendant son séminaire à Paris, puis après son ordination, le Père Laval aimera revenir à Tourville auprès de son oncle, aux vacances et chaque fois qu’il en avait la possibilité. C’est aussi de là qu’il partira en toute hâte, le matin du 14 mai 1841, pour se rendre à Londres où son départ pour Maurice était initialement prévu le 20 du même mois.

A côté de l’église et du presbytère se trouve une seule tombe, celle de l’abbé Nicolas Laval. Une plaque de marbre évoque ses mérites. Une plaque plus récente est accrochée au mur de l’église pour rappeler le passage de Jacques-Désiré Laval à Tourville.

(V) Evreux

En 1821, Jacques-Désiré Laval a suivi des cours au Collège d’Evreux. Il habitait dans un foyer de jeunes, attaché au grand séminaire. A Evreux, il ne fit aucun progrès et son père le fit venir travailler à la ferme familiale. Un an après, comme on le sait, son père l’envoya au Collège Stanislas de Paris, situé au 22 rue Notre-Dame-des-Champs, dans le VIème arrondissement et où il fit de très bonnes études.

A la cathédrale, le jeune docteur Laval, alors médecin de Saint-André de l’Eure, y vint en 1832 dans l’intention de se confesser à l’archiprêtre, mais il se découragea au dernier moment.

(VI) Saint-André de l’Eure

Pendant quatre ans de septembre 1830 à avril 1834, Jacques Laval, devenu médecin, y a exercé. Dans ce village maintenant très animé, sa demeure se trouvait au 14, avenue de Breteuil.

Le jeune docteur Laval délaissa sa religion et se brouilla avec un confrère et un pharmacien. Il se décida à s’installer ailleurs.

(VII) Ivry-la-Bataille

A l’est de Saint-André, il s’installa dans cette ville marquée par Henri IV, avec l’accord des trois médecins de la région et y retrouva la pratique de la foi. Il y passa une année, d’avril 1834 à juin 1835. Sa demeure était l’ancienne Gendarmerie, non loin du pont de l’Eure.

Dans l’église, un magnifique vitrail, don de Mme Veuve Auguste Laval, née Julie Ledoux, la belle sœur de Jacques-Désiré, résume toute la vie du bon Père.

Au centre y est représenté le Père Laval prêchant aux Noirs de l’île Maurice et, sur son lit de mort, guérissant Caroline Prosper. De chaque côté, en haut du vitrail, deux images en l’honneur des saints patrons d’Auguste Laval et de sa femme Julie ; plus bas, des paysages de l’île Maurice, la rade de Port-Louis, le Pouce, des champs de cannes, le tombeau de l’apôtre, l’ancienne cathédrale et l’église de Pamplemousses.

C’est dans cette même église que le docteur Laval regroupa les fidèles pour célébrer le Mois de Marie devant une statue de la Vierge qui existe toujours.

La tombe d’Auguste Laval, né à Croth le 23 août 1805 se trouve dans le cimetière du village.

Non loin d’Ivry-la-Bataille, des vitraux, ayant le Père Laval pour motif, se trouvent dans l’église de Garennes, mais aussi beaucoup plus loin dans celle de Champseru, située dans le diocèse de Chartres.

(VIII) Villiers-en-Désoeuvre

C’est sur la route qui descend vers Bueil, d’Ivry à Villiers qu’on situe l’accident de cheval du Docteur Laval, le 3 février 1835.

(IX) Epieds

C’est le pays natal de Suzanne Delérablée (née le 25 septembre 1770 et mariée le 28 janvier 1797 à Epieds, et décédée à Croth le 21 avril 1811). Le Dr Laval y est allé souvent pour rendre visite à l’abbé Létard, curé de cette paroisse.

La petite église au milieu du cimetière est toujours là. Elle est aujourd’hui trop grande pour le petit nombre de pratiquants. Il n’y a plus de prêtre résidant. Le presbytère contigu à l’église a été reconverti en une coquette petite maison habitée par un dentiste.

Dans l’église on voit toujours l’autel, le confessionnal et d’autres objets datant de l’époque du Père Laval. L’abbé Létard fut son ami et son confident des années de séminaire et de sacerdoce.

(X) Pinterville

Pendant deux ans, de février 1839 à la fin février 1841, le Père Laval fut curé de cette paroisse. C’est en effet le 19 février qu’il fit ses adieux à ses paroissiens et son dernier acte de baptême signé de sa main est daté du 23 du même mois.

La petite église de la Sainte-Trinité est restée telle qu’elle était de son temps. Le Père Laval fit surélever le chœur et ériger deux autels dédiés, l’un à la Vierge, l’autre à Saint-Joseph. C’est sur ce dernier autel qu’on posa le buste du Père Laval lors de la béatification.

Les vitraux furent endommagés en 1945 par l’explosion d’une bombe, derrière l’église. Ceux de la nef furent complètement détruits et remplacés par deux magnifiques vitraux représentant le Père Laval : d’un côté à Pinterville, de l’autre à Maurice ; l’un le représente à cheval, portant secours à ses paroissiens lors d’une grave inondation et en prière devant l’autel, l’autre nous le montre prêchant à l’île Maurice et désignant le Christ de la main droite mais aussi à son lit de mort guérissant Caroline Prosper.

On y voit toujours les marches du maître-autel où il a célébré la Sainte Messe avec tant de ferveur, la chaire d’où il prêchait, son confessionnal et les fonts baptismaux.

Le presbytère a été vendu à une famille en 1924.

(XI) Acquigny

Quand cette paroisse était sans curé en 1840, l’abbé Laval y allait pour assurer la messe.

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