1/12/2006

Zamor Bongoût et l'église de Sainte-Croix



En 1848, dans la Vallée-des-Prêtres, Zamor Bongoût - un nom approprié pour cet esclave indien de Pondichéry, affranchi et devenu un restaurateur fortuné - fut touché par la grâce. Il possédait à la Prairie, au nord de la capitale un lot considérable de terrains avec une maison de campagne.

Zamor vint trouver le Père Laval pour lui dire « qu’il avait de grandes actions de grâces à rendre à Dieu qui l’avait toujours béni et que maintenant, il désirait lui témoigner sa reconnaissance d’une manière convenable ».
- Et que voulez-vous faire pour cela ? demanda le Père Laval.
- Je veux bâtir une chapelle en l’honneur de Dieu, répondit Zamor.
- Mais en quel endroit voulez-vous construire cette chapelle ?
- A la prairie, sur une des extrémités de ma propriété.
- Mais il n’y a personne à cette endroit, répartit le bon Père, c’est le plus désert de tous les environs.
- Peu importe, ils y viendront.
- Eh bien ! Monsieur Zamor, faites cette chapelle ; elle portera le nom de « chapelle de la Sainte-Croix », conclut le Père Laval.

C’est ainsi que Zamor se mit à l’œuvre et au bout de huit mois, la chapelle fut achevée. Il remit au Père Laval les clefs d’un élégant sanctuaire d’environ quarante pieds de long, sur dix-huit de large, de deux cents places, construit en dur, muni de bancs, d’un autel et des ornements nécessaires pour célébrer la messe.

Mgr Collier vint la bénir le dimanche de la Sainte-Trinité, le 18 juin 1848. Bientôt, la chapelle accueillit une foule si nombreuse qu’on fut forcé de l’agrandir.
En juin 1850, la veille de son départ pour l’Europe, Monseigneur Collier bénit la première pierre de la nouvelle église. Sa Grandeur fut reçue à la petite chapelle par les missionnaires et par tous les hommes du quartier, portant les instruments de travail : marteaux, scies, pinces… Elle devint l’église la plus spacieuse du diocèse après la cathédrale.
Evidemment, la Prairie avait perdu son nom pour s’appeler dorénavant « Sainte-Croix ». Cette chapelle était chère entre toutes au Père Laval.

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